Le 29 janvier, le Pape a poursuivi sa catéchèse sur le Jubilé, en réfléchissant sur les origines de Jésus, et particulièrement l’annonce de l’ange à Joseph.
Après un intervalle de deux allocutions sur les enfants maltraités, le Pape a repris, lors de l’audience du 29 janvier, ses réflexions sur le Jubilé, afin de nous faire entrer avec le Christ dans l’espérance. Le Pape contemple le Christ dans le mystère de ses origines tel qu’il nous est raconté par les Évangiles de l’enfance. Le Pape se détache ici fort heureusement de l’exégèse historico-critique qui sépare le Christ des Évangiles du Christ de l’histoire. Après avoir parlé de la généalogie du Christ, puis de l’Annonciation, il évoque l’annonce à Joseph destinée à le réconforter dans son doute.
Marie était fiancée à Joseph. Les fiançailles pour les Juifs entraînaient un lien juridique véritable. La fiancée vivait déjà sous le toit conjugal, mais sans avoir encore de relations avec son époux. Or, avant qu’ils eussent mené vie commune, dit l’Évangile, Marie se trouva enceinte par le fait de l’Esprit. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit.
Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme: car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus: car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Dans le récit de saint Matthieu, c’est Joseph qui, selon la coutume juive, donne le nom à l’enfant, alors que chez saint Luc, c’est Marie, ce qui atteste la naissance virginale.
Le Pape insiste sur la pondération de Joseph qui fait confiance en la Providence, même si son amour est mis à rude épreuve. Joseph rêve tout à la fois du miracle de Marie et de son propre miracle. Il ne prononce aucune parole, mais croit, espère et aime. Il n’a pas de parole en l’air, mais agit concrètement, mettant la Parole en pratique. Comme le remarquait Benoît XVI, la vigilance de Joseph devint obéissance. Demandons au Seigneur, par Marie et Joseph, la grâce d’écouter plus que de parler, la grâce de rêver selon Dieu, la grâce d’accueillir le Christ comme notre Dieu et notre frère, lui qui vit et doit grandir en nous.
Il peut être bon de creuser davantage cet épisode. Quelle est la nature du trouble de Joseph ? Il faut d’abord exclure la solution de l’adultère, hélas trop prônée par nos exégètes contemporains, mais déjà avancée par saint Bonaventure. Ce serait faire injure à la pureté de Marie. Saint Joseph ne pouvait penser cela de son épouse. La solution nous semble offerte par saint Jérôme : saint Joseph admirait en silence le mystère qu’il ne comprenait pas.
On pourrait même aller encore un peu plus loin en disant que le mystère de la Visitation éclaire le doute de saint Joseph. Celui-ci ne douta jamais de la virginité perpétuelle de son épouse, elle qui venait d’être appelée par sa cousine « Bénie entre toutes les femmes ». En conséquence, il n’a jamais douté que le Fils conçu par Marie était le « Fils du Très Haut ». L’Évangéliste, autrement, ne l’aurait pas appelé Juste.
Son doute portait sur deux points : d’abord, pouvait-il continuer à garder Marie pour épouse ? Deux raisons semblaient s’y opposer. Pouvait-il en stricte justice faire croire à son entourage que l’enfant était de lui ? D’autre part, pouvait-il exercer un droit de paternité humaine à l’égard de l’enfant qui allait naître et dont l’identité demeurait pour lui certaine ? Son humilité, sa sainteté ne pouvaient le supporter.
Mais le juste Joseph se confia à Dieu, pria et la réponse divine tardant, il songea à répudier Marie, dans le secret, respectant tout à la fois le silence de Dieu et le mystère adorable, s’en remettant à la divine Providence pour l’avenir de sa si chaste épouse, dont il se jugeait désormais indigne. Saint Joseph s’effaçait ainsi devant Dieu qui éprouvait sa foi, comme jadis il l’avait fait pour Abraham. N’ayant point chuté, mais ayant cru, il mérite alors d’être consolé par l’ange et de devenir le père virginal de Jésus, dans la foi.
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