Pape François : la contemplation ne dépend pas d’abord des yeux mais d’un cœur pur

Publié le 11 Mai 2021
Pape François : la contemplation ne dépend pas d'abord des yeux mais d'un cœur pur L'Homme Nouveau

À l’occasion de sa catéchèse hebdomadaire, le Pape poursuit ses enseignements sur la prière et en arrive maintenant à la contemplation dernier jalon qui, selon la classification médiévale, de la lectio divina mène à l’union transformante en attendant la vision béatifique.

Commentaire de l’allocution lors de l’Audience générale du 5 mai 2021

Même s’il l’ignore, tout homme possède en lui cette dimension contemplative puisqu’il est créé à l’image de Dieu. Cette dimension, qui est comme le sel de sa vie, n’est pourtant pas encore la prière contemplative. L’homme peut contempler la nature comme une œuvre d’art d’un simple point de vue humain. Le cardinal Martini qui appelait cela la « contemplation de la vie » en avait rappelé à ses diocésains la nécessité, trop peu aperçue au milieu des tourbillons d’une grande ville où tout devient facilement fonctionnel.

Mais cette dimension que possède en lui tout être humain est cependant loin d’être la contemplation véritable, car la vraie contemplation qui devient prière ne regarde pas le domaine de l’agir, mais bien celui de l’être. Être contemplatif ne dépend pas d’abord des yeux, mais du cœur qui doit être pur pour contempler Dieu, l’insaisissable. Aussi une vraie prière contemplative ne peut-elle jaillir que d’un cœur pur. Seule cette prière contemplative est capable de purifier tout l’être humain hissé ainsi à l’échelle de Dieu.

Le Pape cite la réponse du pieux paysan au saint Curé d’Ars qui lui demandait le sens de ses longs moments passés devant le tabernacle : « Je l’avise et il m’avise ». Sans Jésus nous ne pouvons pas prier. C’est lui qui nous a enseigné à prier en récitant le Notre Père. Regarder Jésus par la prière de contemplation illumine le cœur, en apprenant à tout voir dans sa lumière, Lui qui est le chemin, la Vérité et la Vie.

Sans cette contemplation véritable, nous ne pourrons jamais regarder avec amour et surtout nous ne pourrons jamais aimer vraiment ni Dieu ni le prochain. La contemplation amoureuse de Jésus est le type de la prière la plus intime. Leur regard devenu prière pouvait alors étinceler. On a dit d’un des bourreaux de saint Maximilien Kolbe qu’il ne pouvait pas supporter le regard de celui-ci, tant il était pur.

Jésus demeure le modèle parfait de toute contemplation. Sa prière avec son Père demeurait constante, car « Lui et son Père sont un ». Mais il aimait se retirer seul pour exercer à l’insu de tous son regard aimant et contemplatif, car le secret de sa contemplation était la relation unique qu’il avait avec son Père. La Transfiguration en fut l’indice parfait. Mais la contemplation de Jésus demeure toujours inséparable de la Croix : Moïse et Élie en parlaient avec lui, et c’est après la Transfiguration que le Seigneur multipliera les évocations de sa passion à venir. Ce langage fut longtemps incompris de tous, y compris des Apôtres : tous attendaient un Messie royal purement politique pour chasser l’ennemi d’Israël. Voilà le contexte de souffrances et d’incompréhensions que choisit le Seigneur pour faire apparaître la lumière contemplative sur lui-même en transfigurant son visage.

Le Pape, en bon jésuite, souligne enfin qu’il n’y a pas de contradiction entre l’action et la contemplation. Fuir le monde uniquement parce qu’il est malsain ne serait pas comprendre la vraie vie contemplative. Il ne peut pas y avoir d’opposition véritable entre action et contemplation, car une telle opposition n’existe pas chez Jésus. Comme le disait sainte Thérèse d’Avila, on peut être un très grand contemplatif en faisant la cuisine. Imitons le regard contemplatif de Marie, la Mère de Jésus qui gardait toute chose en son cœur et qui accomplissait parfaitement ses devoirs de mère. Les regards silencieux et contemplatifs de Jésus et de Marie font tant de bien aux âmes et à l’Église.

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