Avant même de présenter les principes qui la constituent, une question s’impose concernant la doctrine sociale de l’Église : existe-t-elle seulement ? L’interrogation pourra sembler étrange. Pourtant, dans les années 1960 et 1970, il n’a pas manqué de théologiens ou de penseurs chrétiens pour en remettre en cause l’existence ou la réduire à une idéologie parmi d’autres. Une idéologie parmi d’autres ? Très souvent ignorée, ou mise en cause comme idéologie – ce fut le cas dans un livre célèbre du dominicain Marie-Dominique Chenu (1) –, la doctrine sociale de l’Église n’est pas née au XIXe siècle. Dans sa première encyclique sociale, Laborem exercens (2), le pape Jean-Paul II en rappelait la spécificité, l’origine et la richesse : « La doctrine sociale de l’Église, (…) trouve sa source dans l’Écriture sainte, à commencer par le Livre de la Genèse, et particulièrement dans l’Évangile et dans les écrits apostoliques. Elle faisait partie, dès le début, de l’enseignement de l’Église elle-même, de sa conception de l’homme et de la vie sociale, et spécialement de la morale sociale élaborée selon les nécessités des diverses époques. Ce patrimoine traditionnel a été ensuite reçu en héritage et développé par l’enseignement des Souverains Pontifes sur la moderne “question sociale”, à partir de l’encyclique Rerum novarum. » (3) Loin d’être une idéologie, un système clos sur lui-même sans rapport avec la nature des choses, la doctrine sociale catholique contient donc les principes sociaux et politiques nécessaires à la vie des hommes en société en étant clairement ordonnée au règne social du Christ. Comme le rappelle, en effet, le Catéchisme de l’Église catholique (n. 2105) : « Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là “la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ”. (…) L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines. » Quelle est la place de Rerum novarum au sein de cette doctrine ? L’encyclique Rerum novarum (« Les choses nouvelles ») du pape Léon XIII (1810-1903) est souvent présentée comme le point de départ de la doctrine sociale de l’Église. Celle-ci prend en fait appui sur tout le patrimoine doctrinal de l’Église, aussi bien théologique que philosophique, pour apporter le jugement et les préconisations de l’Église dans un contexte nouveau…
La prison de saint Paul à Césarée
Focus | La prison de saint Paul à Césarée a été découverte il y a quelques semaines sous les vestiges du palais d’Hérode. D’après les Actes des Apôtres, Paul aurait été détenu à Césarée de 58 à 60, sans que le procureur ne prenne de décision quant à son jugement.