Il n’y a pas, à Paris, de plus belles promenades que les cimetières : le Père-Lachaise, Montmartre, Montparnasse, partout d’étranges chapelles, ici et là des noms illustres, tout un romantisme, le calme, des buissons, des chats, des oiseaux… Voilà pourquoi quand la dignité des lieux est troublée par des lâches qui viennent saccager la nuit, on a raison de protester. Seulement, une fois de plus, c’est maintenant piégé.
Souvenez-vous, il y a quelques années sous Mitterrand, c’était Carpentras, et le cadavre d’un malheureux Français juif, M. Germon, était sorti du caveau et adossé à un piquet. Juste et unanime protestation, vite récupérée par la gauche : le coupable n’a pu être inspiré que par le Front National, et il y aura un immense défilé avec Mitterrand et le cardinal Lustiger (« Nous ne pouvions faire autrement », m’avait dit le Père Di Falco) et un énorme ballon figurant Le Pen avec l’inscription « Carpentras, c’est lui ! ». Et puis on apprenait que M. Germon était sympathisant du F.N. et, six mois après, on arrêtait les coupables : des punks ! Eh bien, pour le saccage du cimetière juif de Sarre-Union, on a osé remettre ça ! Immédiatement, c’est un certain Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, accompagné par le député PS du coin Philippe Bies, bientôt rejoints par François Hollande, qui note que les profanateurs sont d’une région où il y a quand même beaucoup d’extrême droite et un fort vote Front National. Puis, sans désemparer, on apprend que six jeunes gens sont arrêtés, leur « chef » (17 ans) est coutumier du salut nazi, on a retrouvé des croix gammées, etc. On vous l’avait bien dit ! Et Hollande déclare que l’on n’avait jamais vu « un tel acharnement, une telle intensité dans la haine raciale et antisémite : pas un fait divers mais l’expression des maux qui rongent notre République », et on le voit s’incliner devant les tombes saccagées. Et puis,
du jour au lendemain, plus rien, plus un mot, nada, silence radio total et les télévisions (notamment les plus à gauche, la Deux, la Trois qui ouvraient chaque Journal avec ce sujet) ne disent plus un mot. C’est que l’on a appris que les voyous n’étaient pas d’affreux fachos, mais au contraire des militants « antifas » d’extrême gauche et, en plus, fils d’enseignants ! Le jeu est donc faussé, mais pas un…