L’Église a toujours lu l’Évangile de la tentation du Seigneur au désert pour le premier dimanche de carême. Le pape l’a commenté lors de l’angélus du 26 février. Dans la forme extraordinaire, il s’agit du récit selon saint Matthieu ; dans la forme ordinaire, les trois synoptiques sont lus tour à tour. Cette année, il s’agissait du même récit évangélique pour les deux formes. Jésus, non content d’expier par la Croix tous nos péchés, a daigné s’imposer un jeûne de quarante jours et quarante nuits pour nous encourager à la pénitence. Sous la conduite de l’Esprit Saint, il part au désert, lieu où l’on ne rencontre personne sinon Dieu et le diable, qui cherche toujours à entraver l’œuvre de Dieu.
La prière et la confiance envers son Père le soutiennent durant ce temps prolongé ; mais, à l’expiration de la quarantaine, sa nature humaine est aux abois. C’est alors que la tentation vient l’assaillir. Jésus en triomphe avec un calme et une fermeté qui doivent nous servir d’exemple. Quelle audace chez Satan d’oser approcher du Saint par excellence ! Mais aussi quelle patience en Jésus, qui daigne souffrir que le diable mette la main sur lui, qu’il le transporte par les airs d’un lieu à un autre ! Quand nous sommes tentés, songeons à Jésus tenté par l’esprit du mal. Il n’en est pas moins le Fils de Dieu, le vainqueur de l’enfer ; et Satan n’aura recueilli qu’une honteuse défaite. De même, si nous résistons de toutes nos forces au mal qui se présente devant nous, nous sommes assurés de la tendre compassion de Jésus, pour la honte de Satan. En ce premier dimanche, l’Église nous confie aux Anges fidèles qui, après le départ du prince des ténèbres, s’empressent de réparer les forces épuisées du Rédempteur, en lui présentant de la nourriture.
Nous savons combien le Pape insiste avec raison sur le diable. Pas une de ses homélies ne manque d’y faire allusion. De fait, le diable est par excellence le diviseur. Toujours, il agit ainsi, même à l’égard de Jésus, dont il cherche à sonder la véritable identité. Le diable profite de la nature humaine de Jésus affaiblie par le jeûne prolongé, et il lui présente trois poisons qui devraient à tout jamais le paralyser dans sa mission d’unité et de rassemblement autour du Père. Le premier poison est l’attachement exclusif aux besoins naturels. Le diable, sachant que Jésus a faim, lui propose de transformer les pierres en pain. Le deuxième poison est celui de la méfiance et il propose au Christ un chantage : que Jésus se jette du Temple et Dieu sera forcé de lui envoyer ses anges. Enfin, la troisième tentation, la pire, est celle de l’orgueil engendrant la soif de pouvoir. Le diable qui n’a pas réussi avec Jésus, cherche toujours quelqu’un à tromper. Attention alors à la présomption, péché de saint Pierre. Cependant, même si nous chutons, ayons recours à la miséricorde divine par le sacrement de pénitence et méfions-nous surtout du désespoir qui a causé la ruine de Judas.
Mais demandons-nous : comment Jésus a-t-il résisté à la tentation et comment l’a-t-il surmontée ? Il n’a pas, comme Ève, discuté avec le diable, mais il lui a opposé la seule Parole de Dieu. Il est très important de souligner cela. Avec le diable, il ne faut jamais discuter. Comme le dit saint Augustin, laissons-le aboyer tant qu’il voudra. Il ne nous mordra jamais, sauf si nous nous approchons de lui précisément en discutant avec lui. On ne négocie jamais avec le diable. Toujours, on doit lui opposer la Parole de Dieu. Demandons-nous donc quelle importance tient dans notre vie la Parole de Dieu. Si on est tenté, prenons la Bible et allons devant le Saint-Sacrement. Nous y trouverons toujours la solution. Et alors, comme Marie, nous garderons dans notre cœur la réponse de Dieu.