La vraie douceur n’est pas passive

Publié le 07 Mar 2020
La vraie douceur n’est pas passive L'Homme Nouveau

Poursuivons le commentaire des béatitudes du pape François, avec la troisième béatitude (deuxième selon la Vulgate), celle des doux. Comme pour les deux autres béatitudes, nous ne devons pas nous tromper sur le contenu. La vraie douceur n’est pas passive et elle ne correspond pas à ce qu’on appelle de nos jours la non violence. En effet cette vertu ne détruit pas le caractère, mais au contraire le dompte et le tempère face aux difficultés rencontrées. Là aussi, pour gagner la vraie vertu, il faut lutter. On connaît l’exemple de François de Sales répondant à une dame qui l’agaçait : « Ne me faîtes pas perdre en une seconde ce que j’ai gagné en 40 ans. » Il n’y a là rien de superficiel. Aux doux s’opposant aux durs de cœur, Jésus, qui s’est déclaré « doux et humble de cœur », promet un bonheur qui n’est plus de la terre, mais qui vient du Ciel et qui y mène directement.

Même s’il elle n’est pas la non violence, la douceur s’exprime comme nous l’avons dit dans une situation conflictuelle. Elle permet de réagir comme le Christ dans sa Passion en face d’une situation hostile. Le mot employé par l’évangéliste est mitis et non pas suavis réservé surtout pour les aliments. Cette douceur s’allie merveilleusement avec les vertus de force et d’espérance, car elle alimente la persévérance dans le bien sans tomber dans le découragement. Si justement il parvient à persévérer jusqu’au bout, le doux obtiendra sa récompense : il possédera la terre, ou mieux selon une très belle image biblique (Psaume 36), il aura la terre en héritage. Comme dans toutes les béatitudes, il y a un contraste marqué entre la béatitude et la promesse. En effet posséder la terre ne semble-t-il pas faire référence aux notions de pouvoir et d’ambition qui paraissent à première vue aux antipodes de la douceur. ? Vouloir posséder la terre, n’est-il pas le désir de ceux qui rêvent d’un grand empire sur le monde et qui, pour réaliser ce dessein, ont bien souvent recours à la force, armée si nécessaire?

Il faut donc y regarder de plus près. La béatitude ne parle pas de « conquérir » la terre, mais au contraire de « posséder » la terre, ce qui est une allusion évidente à la promesse abrahamique. Cela suppose aussi transmission et héritage, fidélité et accueil du don dans l’amour. On ne doit jamais dilapider le bien de nos pères, comme le montre si bien l’émouvant passage de la vigne de Naboth. Les bienheureux posséderont la terre promise qui est le Ciel. L’héritage est énorme et il dépasse l’entendement et la raison : « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu …, voilà ce que prépare Dieu à ses élus », dit saint Paul. La Rédemption a toujours été envisagée comme une nouvelle création, plus belle encore que la première. C’est pourquoi nous attendons tous avec impatience de pouvoir posséder l’héritage qui nous revient, puisque nous sommes fils dans le Fils : les cieux nouveaux et la terre nouvelle annoncés par saint Pierre et l’Apocalypse. Mais n’oublions jamais que la récompense ne couronnera que celui qui a accompli la béatitude. Pour cela souvenons-nous toujours que le doux n’est ni mou, ni lâche ; le doux de la béatitude évangélique ne s’invente pas une morale de rechange, dont il s’accommoderait pour pourvoir exclure de son champ de vision les vrais problèmes. Non, c’est tout le contraire. Que Marie, la plus douce des femmes, mais aussi la plus forte, nous fasse comprendre l’enjeu de cette béatitude, en nous faisant conserver les vertus qui nous aident à l’acquérir : la miséricorde, la charité fraternelle, la force et la foi, l’espérance et la confiance.

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