Qui, sinon la Fondation Lejeune, a su maintenir la mobilisation contre la recherche sur l’embryon ? L’esprit saturé par l’actualité du projet de loi Taubira, nous avons, pour beaucoup d’entre nous, abandonné ce front-là. Contraints et forcés de sélectionner et de hiérarchiser les combats. L’échéance pourtant se rapproche, et les différentes étapes du processus de légalisation sont franchies pas à pas. Le texte a été voté au Sénat le 4 décembre 2012 et Dominique Orliac, député PRG du Lot, a été nommée par la Commission des Affaires sociales le 30 janvier dernier rapporteur du projet de loi pour l’Assemblée nationale. La date a été rendue publique, le texte sera examiné le 28 mars prochain. Et si la majorité l’approuve, l’autorisation de recherche sur l’embryon sera légalisée.
C’est l’une des rares autant que funestes promesses de campagne que le candidat désormais Président Hollande entend vraiment tenir.

Autre combat qui se joue en catimini, celui de la fin de vie. La chose, pourtant, n’est pas encore acquise et l’actualité de ces derniers jours nous aura offert au moins une bonne nouvelle… Est-ce la fin de l’affaire Bonnemaison ? Le médecin urgentiste de Bayonne, mis en examen depuis avril 2011 pour l’euthanasie par empoisonnement de sept patients, a été radié de l’Ordre des médecins ce 24 janvier. Suspendu de son activité depuis septembre 2011, le docteur Bonnemaison était devenu la bannière des lobbies pro-euthanasie, médecin « courageux », aimant son métier et ses patients, victime d’une société inhumaine.
Alors que la remise en décembre du rapport Sicard sur la fin de vie avait causé bien des inquiétudes en proposant une euthanasie plus ou moins déguisée, cette décision de l’Ordre des médecins est une heureuse nouvelle. Elle réaffirme le rôle de défenseur de la vie du médecin puisque l’un des chefs d’accusation du docteur Bonnemaison est d’avoir «provoqué délibérément la mort » de patients, en violation de l’article R.4127-38 du Code de déontologie médicale. L’Ordre des médecins a précisé que la Loi Léonetti encadrant la fin de vie demande de chercher toujours à soulager la douleur et que la médecine a aujourd’hui les moyens de le faire sans porter atteinte à la vie des patients. L’accusé dispose de 30 jours pour faire appel, l’affaire devrait donc être renvoyée aux assises. En attendant, le docteur Bonnemaison, qui a reconnu les faits, sait qu’il ne risque pas moins que la réclusion à perpétuité. Tuer un malade ou une personne âgée est encore un crime.
Celui que les partisans de l’euthanasie considéraient comme un serviteur de la dignité et de la liberté humaine a ainsi administré l’injection létale à sept patients en fin de vie et en état d’extrême faiblesse. Soit précisément incapables d’exercer leur liberté et de faire part lucidement de leur désir ou non de mourir. L’affaire met cruellement en lumière le paradoxe du combat pour l’euthanasie qui fait de la liberté son fer de lance alors que la fin de vie est justement l’un des moments où elle s’exerce le plus difficilement.