La mise au point que nous publions dans notre numéro à paraître – et signée de trois évêques français : Mgr Aubertin, Mgr Robert Le Gall et Mgr Philippe Gueneley – nous a été envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception le 13 février dernier. Ce courrier était accompagné d’une lettre explicative, signée par le père Jacques Rideau, directeur du Service national de la Pastorale liturgique et sacramentelle. Dans sa missive, le père Rideau écrivait que « conformément à la loi, je vous demande que soit exercé leur droit de réponse dans les plus brefs délais et ce dans les conditions de publication équivalentes à celles de l’article de l’abbé Pellabeuf ». C’est, en effet, une « Tribune libre », signée de ce dernier et publiée dans notre édition du 17 décembre 2011 (n° 1507), que les trois évêques mentionnés mettent en cause, y voyant, selon les propos du père Rideau, « de très nombreuses approximations et passages à caractère quasi diffamatoires ». Il suffira de relire ce texte pour voir ce qu’il en est réellement.
Par principe, même sans demande d’exercice du droit de réponse, nous aurions publié cette longue missive. À partir du moment où un évêque entend réagir à un article publié dans L’Homme Nouveau, il est chez lui dans nos colonnes, au titre même de la conception que nous nous faisons de l’Église et de l’épiscopat.
Ce point souligné, je ne peux m’empêcher de trouver étonnant cet appel au « droit de réponse », lequel laisserait entendre à nos lecteurs que tous les autres moyens ont été épuisés, sans résultat probant. La vocation de l’évêque est, certes, de ramener la brebis égarée dans le troupeau. Mais il est dit nulle part qu’il doive pour cela faire appel à la loi civile. Nous ne publions d’ailleurs pas ce long texte au titre du droit de réponse. Au moins pour une raison technique, sans même parler des considérations juridiques. Pour cela, en effet, il aurait fallu que cette réponse occupe une place équivalente à la longueur de l’article incriminé et qu’il soit publié au même emplacement. Or, elle fait nettement plus du double : 17 850 signes (espaces compris) contre 4 720… Même si nous avions répondu à l’injonction épiscopale, nous n’aurions pu matériellement l’insérer dans le cadre de notre « Tribune libre » en page 32. C’est donc au titre du débat et de la confrontation des idées que nous avons décidé de la proposer au jugement de nos lecteurs. À ce titre, on comprendra qu’étant mis en cause nous ayons accédé à la demande de l’abbé Pellabeuf d’y répondre.
Pour notre part, nous estimons avoir fait notre devoir en permettant ce débat et cet échange. Sur bien des points, nous estimons que cette longue réponse n’apporte pas d’éléments convaincants. Nous aurions bien des points à relever et à discuter sur le fond même du débat. Contentons-nous d’en appeler à un témoin extérieur, en renvoyant à l’analyse comparative des textes du nouvel Ordo Missæ
dans ses versions officielles et ses traductions en langue française publiée par le chanoine Dangoisse chez Ad Solem (
Les mots de la messe. La vraie beauté de la liturgie
, Ad Solem, 112 p., 23 €)
et qui entre bien plus dans le détail que l’abbé Pellabeuf.
Plus largement, nous pensons que cette réaction épiscopale par l’intermédiaire du droit de réponse envoyé à un journal catholique pose la question du dialogue entre catholiques et des conditions du débat sur des points de désaccord. Encore une fois, le procédé du « droit de réponse » ne me semble pas le plus adéquat. Je serais donc heureux d’ouvrir nos colonnes à ceux qui de droit pourront apporter un éclairage sur ce véritable problème.