Cet ouvrage publié une première fois en 1829 sans nom d’auteur, puis signé lors de la seconde édition, est un plaidoyer « direct ou indirect, comme on voudra, pour l’abolition de la peine de mort » selon les termes mêmes de Victor Hugo. Il indique qu’un « rêveur » s’est emparé d’une « liasse de papiers jaunes et inégaux sur lesquels on a trouvé, enregistrées une à une, les dernières pensées d’un misérable » et qu’il les a « jetées dans un livre ». Il n’y a donc pas de construction particulière de ce texte, d’ordre à y chercher, mais la peinture à vif, sur fond de témoignage, de ce que peut vivre un homme dans le couloir de la mort en attente de son exécution. Victor Hugo, peintre dans l’âme, excelle dans cette description des tourments d’une âme et nous fait partager son émotion. Il me semble, en face d’un tel texte, que la théâtralité doit être réduite à sa plus stricte expression et que toute surcharge ne peut que nuire à la puissance du verbe lui-même et à celui qui le porte. C’est le léger reproche que l’on peut faire à François Bourcier dans sa mise en scène, en particulier pour certains des enchaînements sonores et lumineux créant un surpoids de cadre dans cette cellule nue. La picturalité du texte appelait davantage le seul contraste de l’ombre et de la lumière, un blanc et noir. Mais les choix de la mise en scène sont parfaitement respectables, d’autant plus que le texte est porté avec une intensité forte et poignante par William Mesguich qui entre dans la peau de ce condamné dont on ignore tout avec une intériorité qui dépasse le stade du jeu. Ce n’est pas rien que d’entrer ainsi dans ce chemin de l’angoisse et de toucher d’une certaine façon le mystère de l’agonie. Un très beau spectacle !
Studio Hébertot, 78 bis bd des Batignolles, Paris XVIIe. Jusqu’au 3 novembre, du mardi au samedi à 19 h, dimanche à 17 h. Rés. : 01 42 93 13 04.