Le Magnificat de Marie

Publié le 22 Août 2022
Le Magnificat de Marie L'Homme Nouveau

Depuis Pie XII, qui, le 1er novembre 1950, proclama le dogme de l’Assomption de Marie corps et âme au Ciel, l’Église lit l’Évangile de la Visitation qui se termine par le Cantique de Marie, le Magnificat. Pour la fête du son Cœur immaculé, il est bon de méditer sur ce mystère de son Assomption.

Avant d’en dire un mot avec le Pape (pour son angélus du 15 août), remarquons qu’il y a certains aspects de ce merveilleux mystères sur lesquels l’Église ne s’est pas encore solennellement prononcée. On s’est demandé si la Vierge était morte réellement ou si elle était entrée, vivante encore, dans le royaume éternel. Dans l’Église orientale, on célèbre, précisément le 15 août, la fête de la dormition de la Vierge. Mais depuis Pie IX, tous les papes sans exception ont parlé de la mort de Marie. Pie XI a même fait remarquer que si Marie n’était pas morte, elle ne serait pas corédemptrice. Certes, étant exemptée du péché originel Marie n’avait pas à subir le châtiment de la mort. Cependant Jésus lui-même a voulu subir la mort. Marie, qui a tout partagé avec le Christ, a donc partagé également avec lui la mort, c’est-à-dire la séparation de son corps virginal et de l’âme incorruptible et immortelle. Toutefois, elle n’a pas connu la corruption du tombeau et est montée intacte au Ciel.

Chaque fois que nous récitons le Magnificat, nous devons être dans la même disposition qu’Élisabeth qui salua Marie comme bénie entre toutes les femmes. Marie est bénie parce qu’elle nous a donné Jésus le Rédempteur de l’homme. Marie, dans son vol ascendant, nous entraîne vers Dieu. Ses paroles ont un contenu prophétique qui regarde non seulement Israël mais encore toute l’Église. On pourrait définir le Magnificat comme le cantique de l’espérance. Ce n’est en aucun cas un cantique révolutionnaire, si ce n’est de la seule révolution possible, celle de l’amour miséricordieux.

Marie exulte devant les miséricordes divines, contemplant Dieu non seulement dans l’histoire de son peuple juif, mais encore dans l’histoire de l’humanité entière et de tous les siècles. On pourrait croire un moment que Marie exagère un peu, car les Puissants étaient bel et bien en place de son temps et on peut dire qu’aujourd’hui plus encore ils paraissent indéboulonnables. Mais ce n’est qu’une apparence. Marie a vu juste. Où sont tous les empires, y compris Rome ? Seule l’Église, nouvel Israël, reste debout dans sa romanité et son apostolicité, après avoir parcouru les siècles et traversé de terribles tempêtes. Jean-Paul II l’avait souligné dans son homélie à Nancy en 1988.

Nous devons donc bien comprendre les paroles de Marie qui n’entend pas faire la chronique de son temps, mais bien l’apologie de l’humilité. Elle, qui a plu au Seigneur parce qu’elle était petite, a été transportée corps et âme au Ciel, alors que les puissants de tous les siècles gisent en terre. Marie est en quelque sorte l’illustration vivante de la parabole du riche et du pauvre Lazare. Par ses paroles, Marie annonce un changement radical, un renversement total de valeurs, comme le fera plus tard son Fils dans les Béatitudes. Marie prophétise que ce ne sont pas le pouvoir, les richesses et en un mot les trois concupiscences qui l’emporteront finalement, mais bien l’humilité, le service et l’amour. Comme le dit une magnifique oraison, « servir, c’est régner ». Le Pape lui-même n’est que le serviteur des serviteurs de Dieu, du fait qu’il est le vicaire de Jésus Christ, serviteur. Le véritable pouvoir est l’humble service discret dans la vigne du Seigneur, comme l’avait si bien compris Benoît XVI. Bénissons Dieu pour nous avoir donné le Magnificat de Marie. Que Marie nous obtienne de regarder sans cesse le ciel, en regardant toujours les choses d’en haut.

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