Au cours de la messe de minuit, le Pape a ouvert la porte sainte de la basilique Saint-Pierre. Nous nous retrouvons donc dans une Année sainte, centrée cette fois sur l’espérance, le Pape nous invitant à devenir des pèlerins de l’espérance : « le Jubilé s’ouvre pour que soit donnée à tous l’espérance, l’espérance de l’Évangile, l’espérance de l’amour et l’espérance du pardon ». Les jeunes trouvent naturels les jubilés. Ceux-ci sont d’ailleurs inscrits dans la Bible et depuis Jean-Paul II, les années saintes tant ordinaires qu’extraordinaires n’ont cessé de se succéder, culminant dans le jubilé du deuxième millénaire.
Les plus vieux sont profondément reconnaissants à Paul VI de ne pas avoir céder à l’ambiance commune et à la mondanité des années de l’esprit post conciliaire. Il a osé proclamer 1975 année sainte, anticipée dès 1973 pour les églises locales, par crainte d’un échec. Ce fut au contraire un vrai succès et l’on connaît la suite. En remerciement, dom Roy abbé de Fontgombault avait donné tout une série de conférences à ses moines, qui parut sous le titre de l’Année Sainte de Paul VI, petit livre qui garde toute son actualité.
L’ouverture de la porte sainte a donc inauguré ce nouveau jubilé. C’est tout naturellement que le Pape centre son message sur la porte qui symbolise le Christ, comme nous le montre la double parabole, en réalité unique, de la porte et du Bon pasteur.
Pour bien comprendre cette parabole, il faut nous replacer dans le contexte : comme il le fit lorsqu’il était en Galilée, Jésus élève ses disciples à un enseignement supérieur, en tenant compte des conditions locales qui sont celles de la Judée. Il s’agit de la Palestine, région où fleurissait la vie pastorale. Le désert de Juda, composé de nombreuses et vastes steppes et des collines peu propices à l’agriculture, offrait, par contre, de vastes étendues pour faire paître les troupeaux, qui broutaient le jour en toute liberté, mais rentraient la nuit dans les bergeries.
Le berger verrouillait alors solidement la porte, pour que le troupeau ne soit pas menacé par les voleurs ou par les animaux sauvages : loups, chacals et panthères rodant tout autour de la clôture. Il y a en effet deux entrées dans la bergerie, une légitime et l’autre non. La seule légitime est la porte qu’ouvre le Bon Pasteur et uniquement lui.
L’image du pasteur a de profondes racines dans l’Ancien Testament. Elle remonte aux origines mêmes du peuple hébreu. L’Ancien Testament peint les traits caractéristiques du bon et du mauvais pasteur. Ézéchiel enseigne que Dieu est le pasteur d’Israël et que le Messie annoncé le sera à son tour. Le Psaume 22 prélude directement à la parabole du Bon Pasteur. Jérémie, en opposant la conduite du Bon Pasteur à celle des mauvais bergers, indique les prévenances miséricordieuses de Dieu pour son troupeau. Isaïe prédit la tendresse du Messie pour son troupeau. Nous devons connaître notre berger et savoir entendre sa voix.
Le Christ n’est pas seulement la porte de la bergerie. Il est le pasteur de son troupeau qui est l’Église. Il est l’unique Pasteur, qui accueille tous les hommes de bonne volonté, à l’unique condition qui est double : qu’ils le reconnaissent comme l’unique, véritable et Bon Pasteur et qu’ils demeurent dans son enclos. Pierre lui-même et ses successeurs ne sont que des vicaires. Jésus est tout à la fois le Roi messianique, le berger et le prophète du temps nouveau. Être dans l’Église, c’est vivre une relation intime avec le Bon Pasteur. La personne de Jésus est l’unique porte.
Le Pape applique cet enseignement à la géopolitique contemporaine, faisant un bilan général très précis et concernant surtout les pays en conflits ou souffrant de la pauvreté et de la misère. Il reprend les deux grands cris de Jean-Paul II : « N’ayez pas peur et ouvrez grandes les portes au Christ » et insiste pour que le jubilé soit une occasion pour briser tous les murs, qu’ils soient idéologiques, politiques ou physiques. Il faudra aussi remettre les dettes. Ouvrons pour cela notre cœur à Marie qui nous ouvrira celui de Jésus.
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