Le Pape et sa garde

Publié le 20 Mai 2016
36 nouveaux gardes suisses pour le Vatican L'Homme Nouveau

Traditionnellement, le Pape reçoit au début du mois de mai la garde suisse pontificale, lors du jugement solennel des nouvelles recrues. Loin d’être du folklore comme certains le pensent, il s’agit d’un événement qui rappelle les liens historiques profonds existant entre la garde helvétique et le pape. Ceux-ci remontent au Sac de Rome (Mai 1527) accompli par le luthérien Fronsberg et le Connétable de Bourbon, sous la tolérance implicite de Charles Quint. Cet horrible carnage, accompagné d’orgies sans nombre et de sacrilèges à l’intérieur même des églises, mit en danger la vie même du pape Clément VII qui ne fut sauvé que par le sacrifice héroïque de la garde suisse qui lui permit de se réfugier sain et sauf au Château Saint-Ange. Depuis lors, la garde suisse est « l’armée » pontificale.

Comme le rappelle le Pape dans son discours du 7 mai dernier, c’est souvent pour ces jeunes l’occasion idéale de découvrir Rome et par là même de découvrir ou de redécouvrir la catholicité, en se mettant au service de l’Église universelle et du successeur de Pierre. Rome est souvent de fait, pour ceux qui ont la chance d’y séjourner, l’occasion de faire un examen de conscience sur leur amour ecclésial et leur foi aux promesses du Christ sur son Église. Nulle part ailleurs en effet on expérimente mieux l’universalité de l’Église et la valeur inestimable de la fraternité. Cette audience fournit au Pape l’occasion de développer ces trois points.

Foi et courage

Tout d’abord croître dans la foi. Le Pape rappelle aux gardes qu’ils ne sont pas des soldats comme les autres. Ils ont été appelés par le Seigneur et ils doivent considérer leur tâche comme une véritable mission qui leur est confiée par Lui. Ils doivent donc vivre en conséquence. La foi est alors indispensable pour vivre en chrétiens authentiques, voyant en tout, tant dans les personnes que dans les événements, la volonté de Dieu. Au cœur de la chrétienté, ils ne peuvent être que des amis de Jésus, s’alimentant à la double table de la Parole et de l’Eucharistie. De plus, pour réaliser convenablement l’œuvre qui leur est demandée, ils doivent cultiver une dévotion toute filiale à l’égard de la Vierge Marie, en se souvenant que ce n’est pas un hasard si leur fête tombe toujours au mois de mai. Pour vivre en esprit de foi leur vocation, le Pape leur donne en latin deux consignes : acriter et fideliter. En effet, courage surnaturel et fidélité garantissent leur mission au cœur de la chrétienté. De fait, et c’est le deuxième point, les gardes doivent savoir faire l’expérience de l’universalité de l’Église. En effet, près des tombes des Apôtres Pierre et Paul, ils apprendront à être ou à devenir de vrais témoins de l’Évangile. Ils rencontreront des personnes de toutes cultures et de toutes races, mais devront toujours voir en eux des frères qui partagent leur foi commune en Jésus-Christ.

Enfin, point très important, les gardes feront à Rome l’expérience de la fraternité. Ils apprendront à revaloriser la vie communautaire et fraternelle, dans une amitié persévérante qui leur permettra de répondre positivement aux besoins du prochain. Et jamais ils n’oublieront, même dans les moments difficiles, de préserver leur joie. On pourra tout leur demander : de grandes comme de petites choses ; ils les accompliront toujours en esprit de service et d’accueil de l’autre. En cela ils doivent être profondément convaincus de l’aide efficace de la Vierge Marie, en se souvenant avec saint Paul que, depuis le Christ, ils sont devenus « des concitoyens des saints et des familiers de Dieu ».

Le discours du Pape

Monsieur le commandant, Monsieur l’aumônier, chers gardes, chères familles et amis de la Garde suisse pontificale,

Au lendemain de votre fête, je suis heureux de vous rencontrer et de participer avec vous à celle-ci, également pour exprimer ma satisfaction et ma gratitude pour votre service, votre disponibilité et votre fidélité envers le Saint-Siège. J’adresse une salutation particulière aux recrues et à leurs familles, de même qu’aux représentants des autorités suisses ici présents. Il est beau de voir des jeunes, comme vous, consacrer quelques années de leur vie à l’Église, notamment au Successeur de Pierre : c’est une occasion unique de grandir dans la foi, de faire l’expérience de l’universalité de l’Église, de faire une expérience de fraternité.

Grandir dans la foi. Vous êtes appelés à vivre votre travail comme une mission que le Seigneur vous confie ; à profiter du temps que vous passez à Rome, au cœur de la chrétienté, comme une opportunité pour approfondir l’amitié avec Jésus et marcher vers le but de toute véritable vie chrétienne : la sainteté. C’est pourquoi je vous invite à nourrir votre esprit de la prière et de l’écoute de la Parole de Dieu; à participer avec dévotion à la Messe et à cultiver une dévotion filiale envers la Vierge Marie et ainsi réaliser votre mission particulière, en travaillant chaque jour « acriter et fideliter », avec courage et fidélité.

Expérimenter l’universalité de l’Église. Les tombes des apôtres et le siège de l’évêque de Rome sont un carrefour de pèlerins provenant du monde entier. Vous avez ainsi la possibilité de toucher du doigt la maternité de l’Église qui accueille en elle, dans son unité, la diversité de nombreux peuples. Vous pouvez rencontrer des personnes de différentes langues, traditions et cultures, mais qui se sentent frères parce que rassemblées par la foi en Jésus Christ. Il vous fera du bien de découvrir leur témoignage chrétien et d’offrir, à votre tour, un témoignage évangélique serein et joyeux.

Faire l’expérience de la fraternité. Cela est également important : être attentifs les uns aux autres, pour vous soutenir dans le travail quotidien et pour vous enrichir réciproquement, en vous rappelant toujours qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (At 20, 35). Sachez valoriser la vie communautaire, le partage des moments heureux et des moments difficiles, en prêtant attention à ceux qui parmi vous se trouvent en difficulté et qui ont parfois besoin d’un sourire et d’un geste d’encouragement et d’amitié. En adoptant cette attitude, il vous sera également plus facile d’affronter avec diligence et persévérance les petites et les grandes missions du service quotidien, en manifestant gentillesse et esprit d’accueil, altruisme et humanité envers tous.

Chers gardes, je vous souhaite de vivre intensément vos journées, fermes dans la foi et généreux dans la charité envers les personnes que vous rencontrez. Que notre Mère Marie, que nous honorons de façon spéciale au mois de mai, vous aide à faire chaque jour davantage l’expérience de la communion profonde avec Dieu, qui pour nous croyants commence sur la terre et sera complète au ciel. Nous sommes en effet appelés, comme le rappelle saint Paul, à être « concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu » (Ep 2, 19). Je vous confie, ainsi que vos familles, vos amis et ceux qui sont venus à Rome pour l’assermentation, à l’intercession de la Vierge, de vos patrons, saint Martin et saint Sébastien. Je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi, et je vous accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique.

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