Recension adultes | Avec l’écrivain Alberto Manguel, les Belles Lettres ont publié en août un recueil de pas moins de 59 essais de G.K. Chesterton. La rédaction vous propose ici une recension de quelques livres de spiritualité, d’essais, BD ou CD d’intérêt. Paru dans le n° 1817.
Les Essais
Le Paradoxe ambulant, G.K. Chesterton C’est un bonheur et une joie roborative de lire et relire Chesterton (1874-1936), et en particulier cet ouvrage des Belles Lettres Le Paradoxe ambulant, en 59 essais, même s’il s’agit de la réédition à l’identique du même ouvrage publié en 2004 chez Actes Sud. Ces essais sont regroupés en cinq chapitres. « Le paradoxe ambulant » nous invite, à partir d’anecdotes banales tirées de la vie quotidienne (un morceau de craie manquant, rester malade au lit, déménager, le plomb), à regarder autrement la réalité des êtres et de la nature (la Création), la tête en bas et les pieds à l’envers, car notre monde est à l’envers. Ainsi il est possible d’accueillir la réalité avec amour et tendresse, comme un don multicolore et une invitation au bonheur contemplatif. La lecture de la poésie et le regard poétique sur le monde est salutaire : « Ce n’est pas l’imagination qui est la mère de la folie. Mais la raison. Les poètes ne deviennent pas fous ; les joueurs d’échecs, si. Les mathématiciens deviennent fous, et les caissiers. » « Écrire mal » nous montre ensuite l’ampleur et la profondeur des goûts et convictions artistiques (littérature et peinture) de Chesterton, mais exige de bien connaître la culture et la civilisation britanniques. Dans « Défense du nonsense », Chesterton l’enchanteur nous fait entrer dans cette nouvelle littérature du nonsense indispensable à notre monde triste, désespéré et désenchanté par tant de fausses valeurs et d’idées délirantes, car « la littérature est un luxe ; la fiction, une nécessité ». Contes de fées, dragons, anges rouges et même farces (dont celles d’Aristophane, Rabelais et Shakespeare) émerveillent nos cœurs et nos âmes d’enfants. Grâce au nonsense le monde réenchanté retrouve ses sens et son sens. Avec « Le défenseur », Chesterton s’en prend avec verve à la modernité matérialiste, orgueilleuse et antitraditionnelle, qui méprise et dénature tout : les usages funéraires, les droits du rituel, les dieux et les lutins du foyer, etc. « Le culte des riches », enfin, reprend bien des éléments de sa critique sociale : dénonciation bien sûr des riches et du…