Face aux défis internes de l’Église et aux tensions internationales, le prochain pape devra remettre la justice au cœur de son pontificat. Après l’ère de la miséricorde, il s’agira de restaurer l’équilibre entre droit et charité, et de rappeler que la paix véritable repose sur l’ordre voulu par Dieu.
Le prochain pape fera face à un moment très difficile de l’Histoire, tant en ce qui concerne la situation complexe de l’Église que la situation internationale, tout aussi complexe. La question fondamentale que le futur pape devra affronter est, à mon avis, celle de la justice. L’accent mis sur la miséricorde durant le pontificat du pape François a non seulement fait perdre de vue la signification de la justice, mais aussi son exercice pratique au sein de l’Église.
La restauration du droit au sein de l’Église
L’Église est une réalité sociale qui exige et postule des normes extérieures, avec les caractéristiques propres du droit. Là où existe une société, il y a en effet du droit. Le droit canonique est constitué de l’ensemble des différentes lois et règles en vigueur dans l’Église catholique. Naturellement, le droit de l’Église n’a rien à voir avec le droit des systèmes démocratiques, étant donné que les fondements du pouvoir et son exercice sont différents. Le droit s’oppose à l’arbitraire, qui est une conséquence de l’abandon du caractère juridique de l’Église. Pendant les années du Concile et de l’après-Concile, une bataille antijuridique a été menée par des théologiens qui ont prétendu opposer la charité au droit. Mais l’« Église de la charité », privée de l’édifice objectif du droit, risque de se renverser en une structure où le plus fort domine. Un exemple : récemment, la presse internationale a mis en lumière le cas du cardinal péruvien Juan Luis Cipriani Thorne, archevêque de Lima, qui a subi certaines mesures restrictives de la part du Saint-Siège concernant son activité et l’utilisation de ses insignes cardinalices, mais il a déclaré son innocence et protesté contre le non-respect des règles juridiques. Le droit a-t-il été respecté à son égard ? Il en a été de même pour de nombreuses communautés religieuses. Après la nomination d’un commissaire, suit souvent un décret de suppression ou de réforme complète de l’institut, sans que soit donnée de motivation adéquate, dans la soi-disant « forme spécifique », c’est-à-dire avec l’approbation pontificale, sans possibilité de recours.
Même à l’égard de…