La parabole des ouvriers de la onzième heure, dans l’évangile de ce dimanche du Missel de 1970 (25ème dimanche du Temps Ordinaire), souligne la gratuité du Royaume de Dieu, bonheur éternel reçu sans compter les mérites de chacun, tandis que dans le Missel de 1962 (17ème Dimanche après la Pentecôte), le Christ rappelle la primauté du premier commandement.
La liturgie dominicale de ce temps est centrée sur la parole de Dieu, et particulièrement l’Évangile. La réforme voulue par le dernier concile a établi une lecture continue de celui-ci. Aussi, cette année, dans MR 1970, poursuit-on la lecture de Matthieu. En ce dimanche, on lit la parabole des ouvriers de la vigne (ch. 20, 1-16) : tous reçoivent le même salaire, qu’ils aient beaucoup ou peu travaillé. Au sens propre, c’est une injustice, mais il s’agit ici du Royaume de Dieu et saint Paul a répété que « si c’est par grâce [qu’on est sauvé], ce n’est pas par les œuvres ; autrement, la grâce ne serait plus la grâce » (Rm 11, 6). Saint Augustin († 430) voit dans cette parabole une évocation des heures de l’histoire du Salut : « Les justes venus au monde en premier, comme Abel et Noé, ont été, pour ainsi dire, appelés à la première heure (…). D’autres justes, venus après eux, Abraham, Isaac, Jacob et tous ceux qui vivaient à leur époque ont été appelés à la troisième heure, et ils obtiendront le bonheur de la résurrection en même temps que nous. Il en ira de même pour ces autres justes, Moïse, Aaron et tous ceux qui furent appelés avec eux à la sixième heure ; puis les suivants, les saints prophètes, appelés à la neuvième heure (…). Tous les chrétiens sont, pour ainsi dire, appelés à la onzième heure ; ils obtiendront, à la fin du monde, le bonheur de la résurrection avec ceux qui les ont précédés » (Sermon 87). Le MR 1962, quant à lui, nous présente Jésus parlant du « plus grand commandement » et enseignant que le Christ est à la fois le fils de David et son Seigneur (Mt 22, 35-46). Répondant aux pharisiens, Jésus déclare : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. C’est là le premier, le grand commandement et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-38). « Comment est-il semblable au premier ? » s’interroge saint Jean Chrysostome. « En ce que celui-ci prépare…