Dévotion ancienne, célébrée par saint Jean Eudes, confirmée par les apparitions de sainte Marguerite-Marie, développée et soutenue par les papes, le culte du Sacré Cœur fut finalement officialisé par une fête, célébrée après la fin du Temps pascal.
Après avoir honoré et adoré la Sainte Trinité « parce qu’elle nous a fait miséricorde » (Tb 12, 6) par l’Incarnation et la Rédemption dont les cycles sont achevés, l’Église honore, ce dimanche, le Saint-Sacrement par ce que l’on appelle la « Fête-Dieu ». Ces deux fêtes ayant été évoquées dans ces colonnes l’an dernier (L’Homme Nouveau n° 1785 du 3 juin 2023), nous n’y reviendrons pas ici. Ce Vendredi, une troisième fête « thématique », en ce sens qu’elle ne célèbre pas un événement – un « mystère » en langage liturgique –, vient s’ajouter aux deux premières : le Sacré-Cœur de Jésus. D’abord célébrée par le Normand saint Jean Eudes († 1680), elle se répandra surtout grâce à une révélation privée : en 1675, le Christ a demandé à une visitandine de Paray-le-Monial (Bourgogne), sainte Marguerite-Marie Alacoque, que « le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer [s]on Cœur ». Dans les décennies qui suivent, plusieurs diocèses répondront à cette demande, mais il faudra attendre 1765 pour que Clément XIII approuve officiellement cette fête et 1856 pour que Pie IX l’inscrive au calendrier de l’Église universelle.
Contempler et implorer
Les textes de la messe du Missel romain 1962 remontent à 1929. Après avoir rappelé le devoir de réparation au Sacré Cœur (encyclique Miserentissimus, 1928), Pie XI éleva alors la fête au degré le plus haut et la dota d’une octave et de textes nouveaux. Le Missel romain 1970 remania un peu les prières et ajouta de nouvelles lectures. La messe et l’office donnent deux directions à la célébration de ce jour. Tout d’abord, la contemplation du Cœur transpercé. L’origine de cette dévotion nous ramène au Vendredi saint et à la transfixion (Jn 19, 31-37) : voyant Jésus mort, « un soldat, de sa lance, lui ouvrit le côté et il en sortit aussitôt du sang et de l’eau » (v. 34). « Au cours des premiers temps, des Pères, des Docteurs, des Saints ont célébré l’amour de notre Rédempteur. La blessure ouverte au côté du Christ, ils l’ont appelée la source mystique de toutes les grâces. Mais, à partir du Moyen Age, depuis qu’une piété plus…