Le village irakien de Batnaya renaît de ses cendres

Publié le 26 Fév 2023
batnaya

Eglise catholique chaldéenne de Batnaya

Le village chrétien de Batnaya est situé sur la plaine de Ninive, au nord de l’Irak. Avant la guerre, cette région était à majorité chrétienne et on y parlait encore l’araméen, la langue du Christ. Occupé pendant deux ans et demi par l’État islamique, c’est désert et en ruines qu’il a été libéré le 20 octobre 2016. En 2014, pour les nombreux chrétiens chaldéens, la fuite s’était imposée face aux djihadistes. Sur les murs de la ville on pouvait lire : « Ô vous, les esclaves de la Croix, vous n’avez pas de place dans un État islamique. Ou vous partez, ou nous vous tuerons.» Le bourg d’Alqosh, une des régions qui n’a pas été envahie, a accueilli 1 000 familles en seulement quelques jours. Repris ensuite par les combattants kurdes, Batnaya, dont certaines maisons dataient du XVIe siècle, est pratiquement rasé, les symboles chrétiens ont été détruits. Seuls les murs de l’église de Saint-Kyriakos ont tenu. À l’intérieur, l’autel est brisé, les images ont servi de cibles pour l’entraînement des soldats. Débute alors une longue campagne de collecte de fonds pour aider à la reconstruction. Ce plan largement soutenu par « l’Aide à l’Église en Détresse » (AED) comprenait également la restauration du couvent Saint-Joseph des dominicaines, lui aussi complètement détruit. Ce couvent s’accompagne d’un jardin d’enfants pouvant accueillir environ 125 personnes. Le 18 décembre 2022, le nouveau couvent était prêt pour la cérémonie de consécration. Moderne et surtout debout. Une vidéo YouTube en montre l’intérieur, c’est une véritable fourmilière d’habits noir et blanc. Il a été inauguré par Mgr Mekko, évêque catholique chaldéen d’Alqosh – diocèse situé dans le Kurdistan irakien. Les religieuses attendaient depuis 2017, dans une maison gracieusement prêtée, située sur la plaine. Les autorités locales ainsi que de nombreux habitants du village ont participé à l’inauguration. Mgr Mekko a coupé le ruban et béni la statue de saint Joseph. L’AED rapporte les paroles de sœur Huda Sheta, soulignant que les religieuses sont à Batnaya pour « être aux côtés des croyants, vivre leur foi, partager leurs prières, leurs vies et leurs besoins, et fournir autant de services spirituels que possible ». Mgr Mekko a prononcé des paroles pleines d’espoir concernant le retour des chrétiens à Batnaya. Pour lui, la réouverture du couvent va rendre la vie à la communauté. « La présence des religieuses ainsi que leur arrivée dans le village sinistré et détruit est un signe de grande reconstruction. Nous…

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Ballon espion : la Chine fait des bulles

rier, un ballon est signalé dans le ciel américain. Il est abattu par l’armée le 4 dans les eaux territoriales. Puis le 10 février, des avions de chasse F22 descendent un objet volant près des côtes de l’Alaska. Le 11, le Canada demande aux États-Unis d’intervenir pour faire feu sur un autre engin au-dessus du Yukon. Enfin, le 12, c’est à la verticale du Michigan (États-Unis) qu’un nouvel engin est abattu.

Le 8, Washington accusait la Chine de lancer « une flotte de ballons destinés à des opérations d’espionnage » à travers le monde. Étions-nous à la veille d’un nouveau conflit diplomatique ?

Très vite, Pékin s’avouait le propriétaire du premier ballon et déclarait que ce dernier transportait des équipements pour recueillir « principalement » des données météorologiques. On retiendra que « principalement » ne veut pas dire exclusivement. Même si les Chinois affirment que leur aérostat était sorti involontairement de sa trajectoire, les Américains s’inquiétaient d’autant plus qu’il était passé au-dessus du Montana où sont implantés leurs missiles nucléaires.

La suite nous en dira sans doute plus puisque l’aéronef a été récupéré pour analyse. Néanmoins, on sait déjà que sa charge était plus importante que celle d’un ballon météorologique normal. D’autre part, la nacelle était équipée d’un système de guidage qui rend peu crédible la thèse d’un écart involontaire de trajectoire.

La Chine n’en a pas moins répliqué avec fermeté : en exprimant « son fort mécontentement, elle proteste contre l’utilisation de la force par les États-Unis ».

Cependant, le mystère reste entier pour les trois autres engins volants non identifiés. Pékin n’en reconnaît pas la paternité et Joe Biden lui-même a déclaré : « Ces trois objets sont vraisemblablement liés à des entreprises privées, à des activités de loisirs ou à des institutions de recherche. » Peut-être, mais personne n’a élevé la voix pour se plaindre ou signaler la destruction de son ou de ses équipements. Ensuite, le président des États-Unis a donné un peu vite une explication logique et possible à ce mystère.

Mieux, il cherche à rassurer, disant qu’il n’y a pas une soudaine augmentation d’objets volants dans le ciel américain mais une meilleure capacité à les détecter avec les radars. Au point que l’on se demande s’il ne couvre pas autre chose. Dans son registre, le général Glen VanHerck, patron des forces aérospatiales américaines, en rajoutait. À une question sur un possible envoi d’OVNI par des extraterrestres, il répondait « n’avoir rien écarté à ce stade ». La Maison Blanche s’est vue obligée de démentir cette hypothèse.

La question se pose : l’armée américaine aurait-elle détruit le matériel d’expériences secrètes plutôt que de les révéler au public ? Ce ne serait pas la première fois, en raison du cloisonnement des informations sur de telles opérations. Un autre détail pourrait aller dans ce sens pour les trois autres aéronefs : alors que les restes du premier ont été retrouvés, l’armée américaine a déclaré ses recherches infructueuses pour les trois autres.

Reste à s’interroger sur la légitimité, en termes de droit, du survol d’un territoire par des ballons d’un pays tiers et, non moins important, de leur destruction par le pays survolé. Chaque État jouit de « la souveraineté complète et exclusive sur l’espace aérien au-dessus de son territoire », selon les règles de l’aviation civile. Les appareils civils sont libres de circuler, mais les appareils militaires peuvent être interceptés. Et s’il s’agit d’un appareil espion qui se donne une apparence civile ?

Néanmoins, et c’est un autre problème, selon Pékin, depuis l’année dernière, « des ballons américains ont survolé la Chine à au moins dix reprises ». Le hiatus est sans doute là : Washington n’accepte pas qu’on lui renvoie la politesse.

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