L’ecclésiologie à l’épreuve du vitalisme

Publié le 03 Nov 2024
ecclésiologie

Portrait de Félix Ravaisson, pour qui le vitalisme se caractérise par l'attribution d'une intention finale à l'activité organique.

L’Essentiel | Dans une récente tribune de Grégory Solari, l’éditeur s’appuie sur le vitalisme pour accuser les traditionalistes. Une philosophie issue des courants naturalistes du XIXe siècle. Qu’est-ce que cette philosophie, quelle ecclésiologie engendre-t-elle ?

  La tribune de Grégory Solari parue dans La Croix le 3 octobre dernier a entraîné, à bon droit, de vives réactions dans le monde traditionaliste, l’auteur évoquant d’emblée le « déficit de communion, que génère un rite célébré à partir d’un prisme ecclésiologique décalé (tridentin) par rapport au développement de la vie de l’Église ». L’annonce de la visite apostolique de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre constitue l’élément factuel à partir duquel il développe son analyse qui dépasse la seule question liturgique. Mais qu’est donc cette « vie », omniprésente dans la tribune ? Plus d’une dizaine d’occurrences dans un texte court, cela démontre qu’il s’agit du point nodal de la réflexion. « Vie », « vie de l’Église », « vie de la communauté », « Église vivante », autant d’expressions qui ciblent le corpus philosophique sur lequel, selon nous, l’auteur [1] s’appuie avec une grande cohérence. Car pour un lecteur non spécialiste en matière ecclésiologique, c’est bien la prégnance d’une philosophie qui ressort en premier lieu du texte. Le schéma intellectuel utilisé donne tout de suite une impression de « déjà vu ». Il est aisément identifiable, car on le retrouve fréquemment dans les raisonnements fondés sur le vitalisme depuis le XIXe siècle. 

Une plus grande place pour le naturalisme

C’est au cours de ce siècle que les sciences naturelles (et donc le naturalisme) ont pris le pas sur les mathématiques et la physique, comme modèle méthodologique applicable à toutes les espèces vivantes, ainsi qu’aux « corps » sociaux assimilés au monde organique. Selon le sociologue Dominique Guillo, la biologie « constitue le réservoir lexical dans lequel les sociologues et les philosophes du dix-neuvième siècle puisent très explicitement les concepts biologiques au moyen desquels ils dressent des passerelles analogiques entre la société et le corps vivant » [2]. L’évolutionnisme de Darwin et Spencer exerça également une grande influence sur le naturalisme. Rares sont les courants intellectuels, y compris dans les champs politique et juridique, qui échappèrent à l’emprise du naturalisme, dont les…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Joël Hautebert

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseArt et Patrimoine

Construction d’une nouvelle église à Chelles pour témoigner du Christ

Initiatives chrétiennes | À Chelles, le diocèse de Meaux construit une nouvelle église dédiée à sainte Bathilde, sur les terres mêmes de l’ancienne abbaye royale qu’elle fonda au VIIe siècle. Dans une ville en pleine croissance, ce projet audacieux manifeste le renouveau missionnaire de l’Église et répond à la soif spirituelle croissante des fidèles. Entretien avec Marguerite de Clerval-Parent, responsable de la communication du diocèse de Meaux.

+

nouvelle église Chelles
ÉgliseSpiritualité

Carte blanche : Les Églises « Delta »

Les groupes chrétiens issus de l’immigration sont nombreux et en forte croissance. Ils n’appartiennent ni à l’Église catholique ni aux Églises orthodoxes ni aux grandes confessions protestantes. On les aurait placés parmi les « nouveaux mouvements religieux ». Aujourd’hui, le centre d’études œcuméniques Istina, dirigé par les Dominicains, les qualifie d’« Églises “Delta” ». 

+

istina églises « delta »