L’embryon n’est ni une chose ni un bien

Publié le 17 Sep 2015
L’embryon n’est ni une chose ni un bien L'Homme Nouveau

Le 27 août dernier, la Cour européenne des droits de l’homme s’est prononcée contre le don à la recherche d’embryons surnuméraires par l’Italienne Adelina Parrillo. Elle a débouté la requérante grâce à certains juges courageux mais en évitant « la question du début de la vie humaine ».

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) vient de rendre une décision favorable au respect de la vie dans l’affaire Parrillo c. Italie, en réaffirmant le droit des pays membres du Conseil de l’Europe d’organiser la protection des embryons humains comme ils l’entendent. La décision de la CEDH aurait pu marquer une victoire majeure contre la barbarie moderne : elle n’est en définitive qu’une concession, incohérente et alambiquée, au fait que l’embryon humain n’est pas une « chose ».

Le droit de la veuve ?

Dans cette affaire une veuve, ­Adelina Parrillo, demandait que lui soit reconnu le droit de faire don de ses embryons cryogènes, surnuméraires, à la recherche, au titre du respect de sa vie privée affirmée à l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme. Elle approchait de la cinquantaine lorsqu’elle a eu recours à Rome, avec son mari, à une procédure de fécondation in vitro. Son mari, journaliste, est mort peu après dans des circonstances tragiques lors d’un attentat en Irak à la fin de 2003, alors que les cinq embryons du couple n’avaient pas fait l’objet d’une tentative d’implantation. Ils étaient et sont toujours conservés dans le grand froid, leur vie suspendue dans ce que le Pr Jérôme Lejeune appelait « l’enceinte concentrationnaire ».

C’est en 2011 qu’Adelina Parrillo a formellement demandé que les embryons soient utilisés pour la recherche sur les cellules souches : une « noble cause », un don qui « représenterait pour elle une source de réconfort » dans son veuvage. Mais entre-temps, en 2004, l’Italie avait adopté une loi interdisant sous peine de sanctions pénales la recherche sur l’embryon. Adelina Parrillo a introduit un recours devant la CEDH pour contourner cette loi. Une décision favorable aurait reconnu une forme de droit de propriété du parent sur l’embryon, comme cette dernière le demandait expressément, au motif que ce seraient des « choses », des « biens ».

Fausse prudence

Rappelant que l’Union européenne…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

L’homme transformé (2/3) | La métempsychose du totalitarisme

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Sous des formes nouvelles, le totalitarisme poursuit son œuvre de domination. Né du rejet de l’héritage chrétien et de la volonté de refonder l’homme, il s’est recomposé dans les sociétés libérales contemporaines. Sans violence apparente, mais par l’idéologie, le contrôle social et le déracinement, il impose désormais une version de lui-même d’allure douce.

+

homme transformé totalitarisme
À la uneSociété

L’homme transformé (1/3) | Du totalitarisme au transhumanisme, la tentation de l’homme transformé

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Dans son essai L’Homme transformé, Philippe Pichot Bravard analyse un fil rouge de l’histoire moderne : la volonté de créer un « homme nouveau ». Des régimes totalitaires du XXᵉ siècle aux projets transhumanistes, cette utopie revient sous des formes différentes mais garde la même logique. Entretien.

+

homme transformé homme nouveau
À la uneSociété

La messe n’est pas dite : Zemmour réclame une bouée trouée

L’Essentiel de Thibaud Collin | Dans son nouvel essai La messe n’est pas dite, Éric Zemmour en appelle à un « sursaut judéo-chrétien » pour sauver la France. Mais sous couvert d’un éloge du catholicisme, l’auteur ne réduit-il pas la foi chrétienne à un simple outil civilisationnel ? Une vision politique, historique et culturelle qui oublie l’essentiel : la source spirituelle de la France chrétienne.

+

la messe n’est pas dite zemmour
Société

« Mourir pour la vérité » de Corentin Dugast : reconstruire notre vie intérieure

Entretien | Dans son nouveau livre, Mourir pour la vérité, Corentin Dugast rend hommage à Charlie Kirk, figure chrétienne assassinée pour son engagement, et appelle les catholiques à renouer avec une vie intérieure authentique. Entre prière, combat doctrinal et exigence de vérité, il invite à sortir de l’indignation permanente pour retrouver un témoignage chrétien ferme, paisible et profondément incarné.

+

Charlie kirk Amérique Corentin Dugast
SociétéÉducation

Éduquer à l’heure de l’intelligence artificielle

Entretien | Alors que l’intelligence artificielle s’immisce dans tous les domaines de la vie quotidienne, Jean Pouly, expert du numérique et des transitions, alerte sur les dangers d’une génération livrée aux algorithmes sans accompagnement et invite à reprendre la main sur nos usages numériques. Entretien avec Jean Pouly, auteur de Transmettre et éduquer à l’heure de Chat-GPT (Artège).

+

intelligence artificielle
SociétéBioéthique

Filiation : quand le lien se dissocie du vivant

C’est logique ! | La reconnaissance par la France de deux enfants conçus par PMA après la mort de leur père rouvre un débat fondamental : qu’est-ce qu’engendrer ? Entre lien biologique et reconnaissance juridique, la filiation se voit détachée de son fondement naturel, au risque de transformer une relation d’être en simple fiction légale.

+

PMA post mortem filiation