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Cardinal à seulement 43 ans, Gioacchino Pecci fut élu pape à 67 ans. Il avait derrière lui une longue carrière au service de l’Église, au sein de la Curie et du corps diplomatique d’abord puis comme évêque. Il laisse un pontificat doctrinalement très riche.
Gioacchino Pecci est né le 2 mars 1810 à Carpineto Romano, au sud de Rome, sixième des sept enfants d’une famille de la petite noblesse. Il reçut sa première instruction auprès de précepteurs, puis fut envoyé au collège des jésuites à Viterbe pour ses études secondaires. Gioacchino envisagea d’abord l’état clérical comme une carrière qui s’ouvrait à son intelligence et à son goût pour l’étude et qui lui permettrait de faire honneur à sa famille. Il fit ses études de philosophie et de théologie à Rome, chez les jésuites du Collegio romano, et des études de droit civil et de droit canon à l’université de la Sapienza. Il fut admis en 1832 à l’Académie des Nobles ecclésiastiques qui préparait les jeunes clercs à la diplomatie et à l’administration pontificales.
À la Curie
Gioacchino Pecci entama une carrière à la Curie avant même d’avoir reçu les ordres majeurs. Nommé prélat domestique en février 1837, il fut nommé prélat référendaire à la Congrégation des Deux Signatures le mois suivant et prélat supplétif à la Congrégation du Concile en décembre. Ce même mois, il reçut enfin, successivement, le sous-diaconat, le diaconat et le sacerdoce. Ordonné prêtre le 31 décembre 1837, à plus de 27 ans, il voulut dès lors être « vrai prêtre », selon son expression, sans renoncer à la « carrière » qui s’était ouverte à lui. En février 1838, il était nommé délégat à Bénévent, chargé d’administrer et de gouverner, au temporel, cette enclave de l’État pontifical dans le royaume de Naples. En août 1841, il était promu à la délégation plus importante de Perugia (Pérouse). Il s’attacha à introduire les réformes nécessaires, à améliorer les conditions de vie de la population, tout en maintenant l’autorité temporelle du pape contre les prétentions des libéraux et des révolutionnaires qui voulaient la fin de l’État pontifical. Dès décembre 1842, il était nommé, par Grégoire XVI, nonce à Bruxelles. Consacré archevêque titulaire de Damiette en janvier 1843, il rejoignait son poste trois mois plus tard. La Belgique connaissait une tension grandissante entre un catholicisme vivace, dirigé par des…