Les enfants du divorce

Publié le 29 Déc 2011
Les enfants du divorce L'Homme Nouveau

Selon un récent sondage, réalisé par « mingle Trend », à la demande de l’association Enfance et Partage, 33 % des Français estimeraient que la garde alternée en cas de divorce augmenterait les risques de troubles du comportement pour les jeunes enfants. Parmi les personnes sondées, celles avec un niveau d’études bas et celles avec un niveau d’études supérieur estiment que la garde alternée n’a pas de conséquence sur le comportement des jeunes enfants. Ce sondage a été réalisé auprès d’un panel de 1 475 personnes, âgées de 15 à 69 ans et choisies de façon représentative. Les résultats semblent aller contre une proposition de loi présentée en octobre dernier par des députés UMP qui préconisaient la garde alternée comme décision de justice si les parents ne parvenaient pas à se mettre d’accord.

On pourrait discuter à l’envi les résultats d’un tel sondage ainsi que la proposition de députés de la majorité. On reste cependant frappé par plusieurs aspects tout à fait révélateurs de la société dans laquelle nous vivons.

1°) Comment peut-on croire que la juste perception de « troubles du comportement » puisse sortir d’un sondage, comme si nos enfants étaient de simples produits de lessive pour lesquels il faudrait se prononcer pour la meilleure ? Pour le moins, il faut un certain recul pour juger en la matière, une connaissance de la psychologie des individus et des groupes, une connaissance également des stades du développement de l’enfant et de ses besoins affectifs. Peut-on simplement s’appuyer sur un « panel représentatif » (de quoi, d’ailleurs ?) à travers un sondage pour faire pression en vue d’une telle décision politique ?

2°) Une fois de plus, on prend acte des effets négatifs du divorce, effets négatifs que l’on tente de gérer au mieux, à coup de sondages ou de propositions de loi, sans oser s’interroger sur le divorce lui-même et sur la facilité avec laquelle il est prononcé aujourd’hui. Il n’est pas question de nier les difficultés que certains couples éprouvent. Nous ne vivons pas dans le monde des bisounours. Mais justement ! Les enfants ne sont pas non plus des bisounours. Ils représentent les premières victimes du divorce, que la société protégeait naguère en essayant au moins de retarder la sentence du divorce jusqu’à la fin de leur éducation. Pour grandir, les enfants ont besoin de leurs deux parents, réalité d’une telle évidence qu’elle n’a été remise en question que dans notre société individualiste, libérale-libertaire.

3°) Qu’il faille prendre en compte la réalité du divorce et celle des solutions à trouver (qui seront toujours des béquilles) pour les enfants qui en sont victimes, est évident. Le divorce est non seulement inscrit dans la loi, mais la loi l’a inscrit dans les mentalités modernes et il faudra du temps pour changer les esprits. En revanche, il serait peut-être temps de prévoir une véritable politique familiale qui permette aux familles de grandir dans la sécurité et la stabilité. On voit l’ambition d’une telle demande qui, par ses multiples implications concrètes, des salaires à l’organisation scolaire en passant par l’économie, modifierait profondément notre vie sociale. En somme, il s’agirait de remettre la famille à la base de la société et de repenser la politique en fonction d’elle. À l’approche des élections présidentielles et législatives du printemps prochain, je ne vois aucun candidat prendre le risque d’un tel programme. En attendant, ce sont les enfants du divorce qui trinquent.

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéFin de vie

Euthanasie : Vers l’accélération du processus de liquidation

L'Essentiel de Joël Hautebert | L’Assemblée nationale a voté le 27 mai en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, franchissant un pas décisif vers la légalisation de la mise à mort des plus fragiles. Cette loi entérine la résurgence d’une culture de mort où la dignité humaine cède devant l’idéologie du « libre choix ». Un parallèle saisissant avec les dérives eugénistes du siècle dernier. 

+

euthanasie
SociétéFin de vie

Fin de vie : vers un basculement éthique et anthropologique

Le 27 mai dernier, l’Assemblée nationale a franchi un cap inédit en adoptant en première lecture la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Derrière le vernis d’un prétendu « droit à l’aide à mourir », ce texte consacre un basculement anthropologique majeur, où le soin cède la place à la mort médicalement provoquée.  

+

euthanasie député loi fin de vie
Société

Émeutes, vandalisme et fracture sociale : un climat explosif en France

À la suite des émeutes du 31 mai, au soir de la victoire du Paris Saint-germain (PSG), la comparution des premiers émeutiers ce lundi 2 juin a surpris par la légèreté des peines prononcées. Alors que le pays panse ses plaies (deux morts, un policier dans le coma, et le patrimoine touché), un climat de violence s’installe.

+

émeutes
SociétéLectures

La quête de l’âme

La Carte blanche de Judith Cabaud | Dans son livre De l’âme, bref recueil épistolaire, l’académicien François Cheng y qualifie la vie de Simone Weil d’un « cheminement vers l’âme ». Dans des manuscrits confiés à Gustave Thibon au moment de s’enfuir devant l’avancée du IIIe Reich, Simone Weil passe du substantif « esprit » à celui d’« âme » qui semble devenir sa préoccupation centrale, selon François Cheng.

+

âme Simone Weil