Le cardinal Consalvi, secrétaire d’État du Saint-Siège à partir de 1806, a rédigé ses Mémoires. Celles-ci viennent d’être retraduites et rééditées par Bernard Ardura, le président du Conseil pontifical des Sciences historiques, aux éditions du Cerf, sous le titre Mémoires. Un diplomate dans la bourrasque.
Hercule Consalvi, issu d’une vieille famille romaine, fut élève de l’Académie des nobles ecclésiastiques, qui formait les futurs diplomates du Saint-Siège. Il doit sa carrière à son intelligence et à son talent. Après avoir rempli différentes fonctions à la Curie, sous la Révolution il s’occupa des clercs français réfugiés à Rome. Arrêté par les troupes françaises d’occupation en février 1798, il fut incarcéré au château Saint-Ange avant d’être expulsé de la Ville. Sa carrière commence vraiment quand il devient secrétaire du conclave qui s’ouvrit à Venise, en novembre 1799, pour désigner le successeur de Pie VI, mort en exil à Valence. Le nouveau pape, Pie VII, le nomma procureur d’État, puis le créa cardinal et le nomma secrétaire d’État. Consalvi occupa cette fonction à deux reprises, de 1800 à 1806 et de 1814 à 1823. Comme l’écrit Bernard Ardura, le président du Conseil pontifical des Sciences historiques, Consalvi a eu un rôle éminent à Rome pendant deux décennies parce qu’il s’est distingué « de bon nombre de ses contemporains et notamment de certains cardinaux de Curie, par sa prise de conscience de la situation nouvelle, créée par la Révolution, et de la nécessité de conjuguer la restauration du gouvernement pontifical et sa profonde réforme. Dans une situation politique et économique précaire, le nouveau secrétaire d’État se doit d’éliminer tout ce qui, dans l’ancien édifice étatique, s’est accumulé au fil du temps, pour faire des États pontificaux un État moderne ». Le cardinal Consalvi, à partir de 1810, a écrit des Mémoires. Il s’agit non pas d’un texte unique et suivi mais de plusieurs écrits, rédigés à différentes époques, et portant sur différents événements, notamment le conclave réuni à Venise, le concordat signé à Paris en 1801, le mariage de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche. Ces Mémoires – six au total – sont riches de personnages, de faits et d’événements dont Consalvi fut parfois l’unique témoin. Le grand historien Jacques Crétineau-Joly a procuré la première édition de ces Mémoires en 1864, dans une traduction française. L’ouvrage fit référence pendant près d’un siècle, même si rapidement des doutes se firent jour sur l’exactitude de…