Après avoir parlé, dans le cadre des catéchèses sur la passion de l’évangélisation et le zèle du croyant, de ce qu’il appelle le martyre rouge, celui des témoins qui ont versé leur sang pour le Christ, et qui sont si nombreux de nos jours, le Pape, lors de l’audience du 26 avril, a abordé tout naturellement le martyre blanc, celui du monachisme et de la virginité consacrée. Comme le martyre rouge, le martyre blanc traverse toute l’histoire de l’Église. C’est un grand acte de foi prononcé par les moines et les moniales, tout au long des siècles. Ils renoncent au monde, pour imiter Jésus pauvre, chaste et obéissant, par la profession des conseils évangéliques. Cette imitation du Christ est bien une véritable profession de foi, même si, à toutes les époques, de nombreuses personnes ont affirmé que les moines et les moniales ne servaient à rien, qu’ils n’étaient pas rentables pour la société. Ne feraient-ils pas mieux de sortir de leur monastère pour prêcher l’Évangile à toutes les nations et contribuer au véritable progrès du christianisme ? Pie XI a opposé à cette objection une réfutation catégorique en écrivant sa constitution apostolique Umbratilem sur le rôle des chartreux et, surtout, en proclamant sainte Thérèse de l’Enfant Jésus patronne des missions à l’égal de saint François Xavier. Tous les papes, à sa suite, proclamèrent que les moines, avec les martyrs, étaient les premiers témoins de l’évangélisation, car ils ont compris que leur vocation missionnaire résidait dans l’amour, même s’ils ne sortaient pas de leur cloître. « Dans le cœur de l’Église, ma mère, je serai l’amour ». C’est dans le même esprit que Paul VI proclama saint Benoît patron de l’Europe, parce que lui et ses fils avaient évangélisé notre continent par « la Croix, le livre et la charrue ».
Cet amour se traduisant par une immense prière d’intercession anima tous les moines et moniales. Mais le Pape s’attache alors à une belle figure orientale : saint Grégoire de Narek, qu’il proclama Docteur de l’Église en 2015. Moine au couvent de Narek, docteur des Arméniens, illustre par sa doctrine, ses écrits et sa connaissance mystique, il mourut vers 1005. Son grand livre de prières Les Lamentations nous montre sa foi ardente et celle de son peuple, et il insiste particulièrement sur la solidarité universelle de la prière. Beaucoup d’ailleurs, de nos jours, expérimentent cela et se reconnaissent soutenus par la grande prière des moines et moniales, alors même qu’ils ne sont pas connus d’eux, car ils sont toujours connus de Dieu. Les cœurs des moines et des moniales sont à la fois des antennes de grande puissance pour capter les besoins de leurs contemporains, et des paratonnerres des plus efficaces. Le Pape cite saint Grégoire : « J’ai pris volontairement sur moi toutes les fautes, depuis celles du premier père jusqu’à celles du dernier de ses descendants ». Les moines sont des humanités de surcroît, dont la parole, l’exemple, l’intercession et le travail deviennent des ponts vers le Christ pour leurs frères malades dans leur corps et surtout dans leur âme. C’est par là qu’ils deviennent de grands évangélisateurs. C’est pourquoi beaucoup d’évêques se sentent orphelins quand ils n’ont pas de cloîtrés dans leur diocèse.
En terminant, le Pape recommande logiquement aux pèlerins présents à l’audience de ne pas manquer d’aller se ressourcer dans les monastères. Ils y trouveront aussi une autre réalité, omise par le Saint-Père : la présence toute particulière de Marie. Que la Mère des moines augmente le nombre des monastères et que ceux-ci surtout, grâce à elle, deviennent de plus en plus fervents pour contribuer à sauver le monde et l’Église en grand péril, même s’il est vrai qu’elle a les paroles de la vie éternelle.