Après Jean XXIII, les papes continuent de se référer au principe de subsidiarité. C’est le cas notamment du pape Paul VI, à travers l’encyclique Populorum progressio et la lettre apostolique Octogesima Adveniens. Paru dans la lettre Reconstruire n°34 (mars 2024).
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Quel est le thème abordé par Populorum progressio ?
Le 26 mars 1967, le pape Paul VI publie une nouvelle encyclique qui aborde de front la question du développement des peuples, notamment dans le cadre des relations Nord-Sud. Le Saint-Siège prend ainsi acte de la fin des colonies et s’attache à donner des principes d’action. Paul VI met ses pas dans ceux de ses prédécesseurs, depuis Rerum novarum de Léon XIII jusqu’aux encycliques sociales de Jean XXIII, auquel il a immédiatement succédé. Si les papes du début du XXe siècle ont affronté la question sociale, celle-ci, en 1967, n’est plus la seule à laquelle l’Église doit s’attaquer. La situation des pays du tiers-monde appelle une réponse. Deux constats s’imposent à Paul VI : 1e « la question sociale est devenue mondiale » et 2e « Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de façon dramatique les peuples de l’opulence. » Il pointe également un risque : « Dans ce désarroi, la tentation se fait plus violente qui risque d’entraîner vers les messianismes prometteurs, mais bâtisseurs d’illusions. Qui ne voit les dangers qui en résultent, de réactions populaires violentes, de troubles insurrectionnels et de glissement vers les idéologies totalitaires ? »
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De quelle manière fait-il appel au principe de subsidiarité ?
Le but général de l’encyclique est de promouvoir un développement intégral, qui ne soit pas uniquement économique et politique, mais totalement humain. Paul VI constate ainsi : « La seule initiative individuelle et le simple jeu de la concurrence ne sauraient assurer le succès du développement. Il ne faut pas risquer d’accroître encore la richesse des riches et la puissance des forts, en confirmant la misère des pauvres et en ajoutant à la servitude des opprimés. » (n. 33) L’allusion au libéralisme est ici très claire. Il convient donc, ajoute le Pape, que les pouvoirs publics choisissent ou imposent si nécessaire « les objectifs à poursuivre les buts à atteindre, les moyens d’y parvenir, et c’est à eux de stimuler toutes les forces regroupées dans cette action commune ». Il prend garde cependant de préciser : « qu’ils aient soin d’associer à cette œuvre les initiatives privées et les corps intermédiaires. » De quelle…