Les prêtres réfractaires

Publié le 26 Jan 2025
prêtres réfractaires

La dernière prière par Alexandre-Marie Guillemin (1817–1880).

> Carte blanche d’Yves Chiron

  Les livres sur les prêtres réfractaires devraient s’intituler « les prêtres persécutés » car tous ont été persécutés. La persécution du clergé sous la Révolution a commencé dès le début, au nom d’une idéologie « éclairée ». Les vœux de religion sont suspendus « à titre provisoire » dès le 28 octobre 1789, en application des droits de l’homme et du citoyen adoptés deux mois plus tôt. Prononcer des vœux entre les mains d’un supérieur est contraire à l’égalité, s’engager à l’obéissance est contraire à la liberté, etc. En février 1790, pour ces raisons, les congrégations religieuses sont supprimées, sauf celles consacrées à l’enseignement et aux soins dans les hôpitaux parce qu’on était dans l’impossibilité de remplacer les frères et les prêtres enseignants et les sœurs hospitalières ou enseignantes par des personnels civils. Le vote de la Constitution civile du Clergé, en juillet 1790, sans négociation avec le Saint-Siège, va placer l’Église de France sous la dépendance et le contrôle de l’État. Le 27 novembre suivant, l’obligation pour le clergé de prêter un serment à cette Constitution sous peine d’être privé de ministère (et plus tard d’être emprisonné), va donner à la persécution une autre ampleur. L’historien américain Timothy Tackett, dans La Révolution, l’Église, la France. Le serment de 1791, publié en 1986 et qui reste un ouvrage de référence, a établi que sur les 51 000 membres du clergé paroissial astreints au serment, 52 % ont prêté ce serment, mais 6 % l’ont rétracté entre l’été 1791 et l’automne 1792. La division entre prêtres jureurs (ou assermentés) et prêtres réfractaires (ou insermentés) va durer jusqu’au Concordat, mais dans des proportions différentes, beaucoup de prêtres qui avaient été jureurs dans un premier temps choisissant la clandestinité. D’autres serments seront imposés, le 29 septembre 1795 et le 5 septembre 1796, en fonction des circonstances politiques. Xavier Maréchaux est un disciple de l’historien Michel Vovelle qui a scruté l’histoire de la Révolution sous un angle sociologique et à travers l’histoire des mentalités. Son livre sur les prêtres réfractaires embrasse en fait l’histoire de l’Église entre 1789 et 1815. Il tend à montrer que la Révolution fut, pour l’Église, une occasion manquée pour se « moderniser » ; occasion manquée à cause des excès des révolutionnaires et de la rigidité des prêtres réfractaires… Cette thèse est plus que contestable. On trouvera néanmoins dans le livre de Xavier Maréchaux des analyses et des données intéressantes. Il relève,…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLectures

Carte blanche : L’« épouvantail » Rampolla

Jean-Marc Ticchi, spécialiste de l’histoire de l’Église au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, offre la première biographie historique du cardinal Rampolla (1843-1913), secrétaire d’État de Léon XIII pendant plus de quinze ans, et qui a eu, dès son vivant, une mauvaise réputation dans certains milieux.

+

cardinal Mariano Rampolla
SociétéLectures

Maurras, pour la Nation, contre le racisme

Entretien | En août, les éditions de Flore publiaient un petit livre d'Axel Tisserand, Maurras, pour la Nation, contre le racisme. À cette occasion, Philippe Maxence s’est entretenu avec l’auteur, agrégé de lettres classiques et docteur en philosophie, au sujet de Charles Maurras (1868-1952).

+

charles maurras racisme nation patrie
CultureLectures

Jeunesse : lectures d’automne

Recension jeunesse | La rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une page recension de lectures jeunesse, avec un choix éclairé de quelques histoires à lire ou faire lire, et autres activités. À retrouver dans le n° 1839.

+

lecture livre