Pour Franz Liszt, Haendel est grand comme le monde. Par sa fécondité certes mais surtout par l’équilibre, la force et la sérénité de sa musique. Sa conversion lui inspira son célèbre oratorio Le Messie.
Peu d’années séparent la naissance du compositeur Georg Friedrich Haendel (1685-1759) de celles de Bach et de Vivaldi. Nous voici devant un homme qui devait être une force de la nature pour avoir réussi à composer une musique qui lui ressemble autant. Né à Halle, une petite ville de Saxe, on le voit déjà jouant de l’orgue à l’âge de 8 ans. Sa famille bourgeoise aurait préféré qu’il embrassât une carrière de juriste plutôt que celle de musicien, mais à la mort de son père, le jeune Haendel, âgé de 18 ans, part pour la grande ville, Hambourg, où il se fait engager comme violoniste dans l’orchestre de l’opéra. Débordant de vitalité et d’idées mélodiques, comme en témoignent ses compositions de cette époque, il écrit son premier oratorio, La Passion selon Saint Jean, entreprend un voyage en Italie, se fait engager ensuite à Hanovre, puis, en aventurier, s’embarque pour l’Angleterre où il fait représenter son premier opéra, Rinaldo, à un auditoire enthousiaste.
Puissance et clarté
Sa musique renferme toute la puissance, la clarté et l’équilibre d’un homme qui s’efforce de faire la synthèse de tous les éléments de son temps qu’ils proviennent d’Italie, de France ou d’Allemagne. Musicien « international » donc, Haendel ne se soucie guère de créer une œuvre originale, car ce qui compte pour lui, c’est d’apporter sa musique comme matériau de construction pour tout ce qui est beau et fort. De cette manière, il nous apparaît comme un architecte, bâtisseur de monuments d’harmonie et de sons.
Ayant fait son choix de résider outre-Manche, il est rattrapé par son Prince Électeur de Hanovre qui est proclamé roi d’Angleterre sous le nom de George Ier. Le public anglais accueille favorablement son nouveau souverain en même temps que Haendel, considérant ce dernier comme leur musicien national. Il est vrai que celui-ci se dévoue à son pays d’adoption en créant par exemple la Royal Academy. Il a de plus tout d’un travailleur acharné en laissant derrière lui 40 opéras, 32 oratorios, 17 concerti grossi, 12 concertos pour orgue et orchestre, genre dont il est l’inventeur, 37 sonates et plus de 100 cantates et autres pièces vocales.
Des remèdes spirituels
Ses compositions le plus souvent inspirées de la poésie biblique et des épisodes de l’Ancien Testament, tels Judas Maccabée, Esther, Athalie, Israël en Égypte ou Joseph et ses frères, respirent l’équilibre et la sérénité. Que d’indispensables remèdes spirituels pour notre monde stressé d’aujourd’hui! Quel meilleur antidote écologique pour la jeunesse que d’entendre cette musique de « plein air » dans Water musicou celle composée pour des feux d’artifices royaux ? Une œuvre droite et forte Et c’est peut-être sous l’influence de ses propres créations que Haendel, au caractère rétif et à la personnalité imposante et despotique, finit par céder lui-même aux appels de son cœur généreux en aidant les musiciens pauvres, les enfants orphelins et en fondant des œuvres de charité.
Alors qu’il avait été élevé dans la religion de Luther, il avait passé une grande partie de sa vie dans l’indifférence religieuse. Mais à la fin de sa vie, il devint très pieux: en témoigne son oratorio Le Messie, dont le célèbre Alleluia du chœur final créa une telle exaltation de la part de ses premiers auditeurs, qu’ils inaugurèrent la tradition de l’entendre debout. La musique de Haendel élève donc nos âmes par sa beauté et peut-être qu’elle nous rend meilleurs par sa simplicité, et plus reposés par sa maîtrise structurelle. Quant à son effet le plus durable, il est de nous maintenir dans la présence de Dieu par ses qualités de droiture et de force, remèdes à administrer sans tarder à notre monde actuel, à la foule droguée de bruit, de pollution et d’images nuisibles.
Pour aller plus loin :
Judith Cabaud
En route vers l’infini, musique et foi (portraits de musicieux)
Éditions de L’Homme Nouveau, 268 pages, 19 €