L’euthanasie au Sénat et la dignité au bout de la seringue

Publié le 13 Juin 2012
L'euthanasie au Sénat et la dignité au bout de la seringue L'Homme Nouveau

Le mot d’euthanasie n’est bien sûr jamais employé par les socialistes, croqueurs de personnes âgées et de malades incurables, qui ont voulu donner un aspect plus vendeur à leurs revendications. Le sénateur socialiste de l’Aude Roland Courteau, devançant toute initiative gouvernementale, a déposé ce 8 juin une proposition de loi « relative à l’assistance médicale pour mourir et l’accès aux soins palliatifs ». Il n’a pas le côté sentimental du Président qui promettait une mort, non seulement avec assistance médicale mais aussi – et surtout – dans la dignité. Roland Courteau use plutôt de flagornerie à la sauce démocratique et veut par sa proposition, répondre « aux souhaits lucides et responsables » de ses concitoyens, arguant du fameux sondage de l’IFOP d’octobre 2010 selon lequel 94% de Français seraient favorables à l’aide active à mourir.

Point d’arguments donc, point de référence au bien commun – cela fait bien longtemps qu’on n’en parle plus -, ni même de bien vivre ensemble ou de quelconques valeurs. Monsieur Courteau parle de vie et de mort et se contente d’invoquer quelques chiffres : la France serait l’un des pays où l’on meurt mal, où seuls 35% des décès auraient lieu dans des conditions acceptables (lesquelles conditions ne sont pas mentionnées), un pays aussi où chaque année sont cessés les soins sur plus de 15 000 personnes qui n’avaient pas exprimé leurs dernières volontés. On meurt mal… alors mourons plus vite et plaçons la dignité humaine au bout de la seringue.

La solution est efficace, peu coûteuse en temps, en argent et en compassion, quoique… nécessitant de nombreuses paperasses qui auront tôt fait d’exaspérer les médecins et de pousser ces derniers à euthanasier dans l’illégalité.

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Fidèle à la sémantique et aux procédés de manipulation du lobby pro euthanasie, le sénateur fustige une législation hypocrite dès lors qu’elle ne permet que de « laisser mourir ». Comme si la seule alternative à l’euthanasie était l’abandon du patient. Et pour que le citoyen lucide et responsable ne puisse prendre conscience du fait que le vrai respect de la liberté du malade réside justement dans ce « laisser mourir », les euthanasieurs ont tôt fait de le faire valoir comme un abandon, un délaissement. Un procédé de culpabilisation habile et terriblement efficace.

Déjà le 25 janvier dernier, une proposition de loi en ce sens avait été discutée au Sénat. Le sujet est depuis longtemps régulièrement remis sur la table. La proposition de Roland Courteau ne fait-elle qu’allonger la liste ?

A la différence des précédentes, cette proposition a été déposée sous la présidence de François Hollande, lequel avait fait de l’euthanasie l’un des points forts de son programme. Assurément, la machine est en marche.

Et le projet est fort bien mené, faisant valoir sur le même plan l’assistance médicale pour mourir et les soins palliatifs. La promotion des soins palliatifs ne sert qu’à créer une fausse alternative qui puisse donner aux patients l’illusion du choix. Ou l’euthanasie ou les soins palliatifs. Pourtant, à proprement parler, ce choix n’en est pas un puisqu’il ne met pas en balance deux biens mais un mal et un bien. Quoiqu’il en soit, cette illusion de choix donne une illusion de liberté. Sacro-sainte liberté.

L’article premier du projet assure par ailleurs le droit à l’objection de conscience, ce qui serait une bonne nouvelle si une simple réflexion sur le rapport entre droit/devoir et l’expérience déjà acquise par le personnel médical notamment par rapport à la contraception et à l’avortement ne venait pas contredire cette prétendue garantie.

Le suicide a toujours existé et l’acte, qui n’est pas considéré comme un droit par la législation française, relève du simple usage de la liberté. Si l’euthanasie vient à être légalisée, elle ne relèvera plus d’un simple droit-liberté mais d’un droit-créance dont la loi devra pouvoir se porter garante. Dès lors, qui dit droit dit aussi devoir… de tuer.  Nous savons bien combien le personnel médical respectueux de la vie humaine peine à user de cette liberté pourtant inscrite dans le Code civil et nombreux sont ceux qui ont été mis à la porte pour avoir refusé de pratiquer un avortement. Il en sera certainement de même pour l’euthanasie.

A moins que ce qui pourrait être une nouvelle révolution éthique dans notre pays éveille les consciences et nous conforte dans l’idée que le devoir de désobéissance se fait toujours plus impérieux, autant que celui d’accompagner nos mourants, de redoubler d’ardeur au service des plus vulnérables.

Nous devons connaître l’adversaire et les rouages de son argumentation, nous devons connaître aussi les moyens qui sont à notre disposition pour accompagner la vie jusqu’à la mort. Les soins palliatifs, à cet égard, sont une solution résolument progressiste – au bon sens du terme – que nous ne pouvons qu’encourager. A cet effet, L’Homme Nouveau a publié un hors-série sur le sujet, qui conjugue l’analyse de l’idéologie de la culture de mort et une enquête de terrain auprès du personnel médical engagé dans les soins palliatifs. 64 pages sur un sujet brûlant d’actualité qu’il est grand temps de comprendre en profondeur car nos adversaires sont forts de nos ignorances.

Adelaide Pouchol

Adelaide Pouchol

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