Lex orandi, lex credendi

Publié le 10 Jan 2023
lex

En 2001, j’ai été invité à participer à une conférence parrainée par le cardinal Joseph Ratzinger, qui s’est tenue du 22 au 24 juillet à l’abbaye de Fontgombault, sur le thème de la « Question liturgique ». La rencontre a réuni un petit nombre de savants, choisis par le cardinal lui-même, qui pendant trois jours ont confronté leurs opinions sur le thème de la liturgie. Le cardinal Ratzinger a ouvert et clôturé les travaux et a assisté à toutes les conférences, intervenant avec des remarques pertinentes et incisives. Les actes de cette réunion sont disponibles en plusieurs langues et constituent à mon avis un outil précieux pour comprendre l’attention que le cardinal Ratzinger a toujours accordée au sujet de la liturgie. L’idée du cardinal était que la racine ultime de la crise qui frappe l’Église aujourd’hui réside dans le sacerdoce, et donc dans la liturgie, qui est l’expression par excellence de la vocation sacerdotale. L’Église, dans la perspective ratzingérienne, subsiste et tombe avec la liturgie. Lorsque, dans la liturgie de l’Église, la foi ne se manifeste plus dans sa plénitude, lorsque les paroles, les pensées et les intentions de l’homme l’étouffent, alors la foi aura perdu son lieu d’expression et sa demeure. À cet égard, le moment charnière du pontificat de Benoît XVI est le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, par lequel le Saint-Père donne pleine liberté à l’ancien rite romain en vigueur dans l’Église jusqu’en 1969 et affirme l’impossibilité de l’abroger. Malgré les restrictions ultérieures du pape François, le motu proprio du pape Benoît a initié un processus irréversible qui s’exprime non seulement par le nombre croissant de messes traditionnelles célébrées dans toutes les parties du monde mais aussi par la floraison impressionnante de livres et d’articles qui motivent et diffusent les raisons de cette liturgie. Si le point le plus brillant du pontificat de Benoît XVI est Summorum Pontificum, le point le plus sombre est, à mon avis, son inexplicable abdication de la papauté. Quelles sont les raisons pour lesquelles, le 11 février 2013, Benoît XVI a décidé d’annoncer son abdication en tant que souverain pontife ? De nombreuses hypothèses ont été émises, mais aucune n’est convaincante. Pour moi, un document important pour comprendre ce geste est le discours au clergé romain du 14 février 2013, trois jours après l’annonce de l’abdication : un discours qui peut être considéré presque comme un testament doctrinal, mais…

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Roberto de Mattei, Historien et écrivain, Président de la Fondation Lépante

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