Le ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem entend, au nom de la parité, favoriser l’emploi des femmes. Elle a donc commandé un rapport sur le sujet à l’économiste Séverine Lemière, présidente de l’association féministe « FIT, une femme, un toit » qui rassemble une trentaine de militantes et a reçu pas moins d’un million de subventions pour l’année 2012. C’est peu dire que le rapport a été confié à des amies de Najat Vallaud-Belkacem, dont on connaît le féminisme revanchard. D’ailleurs, le rapport a été rédigé par un groupe de sept femmes et un homme qui auraient consulté 19 femmes et deux hommes dont aucun n’est expert en fiscalité ou représentant d’une instance de défense de la famille. C’est donc avec colère, certes, mais sans étonnement que l’on a découvert dans le rapport rendu au ministre mi-décembre, la mesure phare de ce plan social : la suppression de la conjugalisation de l’impôt, soit l’éclatement pur et simple de la famille sur le plan fiscal. L’équation est simple : écrasées sous le poids des impôts, bien des femmes se sentiront obligées de travailler alors qu’elles ne le voulaient pas. C’est ce que le ministre appelle « favoriser l’emploi des femmes ».
Le partage des ressources
Actuellement, un couple marié forme un foyer fiscal, c’est-à-dire qu’il additionne ses revenus, les divise par deux, puis paie ses impôts selon le barème qui s’applique à ce résultat. Parents et enfants partagent leurs ressources, ils sont jusqu’à présent imposés comme tels. L’individualisation de l’impôt sur le revenu serait une manière de nier ce partage des ressources propres à la famille, qui est un droit en même temps qu’une organisation fondamentale sur laquelle repose la vie en société. L’économiste Henri Sterdyniak s’indigne : « Avec l’individualisation de l’impôt, chaque époux serait imposé sur son revenu propre. Ceci n’est justifié que si le mari dépense pour lui ses 4 000 euros, la femme ses 2 000 euros et que les trois enfants vivent des 293 euros par mois. Plaisante famille : le père partirait en vacances aux Maldives, l’épouse en Bretagne, les enfants resteraient dans leur HLM. Non, on ne peut introduire un système contraire aux pratiques socialement admises et habituellement pratiquées. Faut-il baser l’impôt sur la solidarité familiale ou sur l’égoïsme ? ». Si Henri Sterdyniak aborde la question des enfants, le rapport, lui, ne le fait pas. Séverine Lemière est parvenue à traiter d’une réforme en profondeur de la fiscalité familiale sans aborder les enfants, oubliant peut-être que les moins de 20 ans représentent un quart de la population française.
La France, championne des taxes
Comme souvent pour justifier telle ou telle réforme, le ministère des Droits des femmes à rétorqué, suite à la levée de boucliers suscitée par ce rapport, que seuls trois pays européens pratiquaient encore la familiarisation obligatoire de l’impôt (la France, le Luxembourg et le Portugal) mais que les autres États avaient fait le pas et s’en portaient fort bien. En premier lieu, ce n’est pas parce que tout le monde se trompe qu’il est nécessaire de se tromper également par seul désir de rejoindre le troupeau. Par ailleurs, et de manière beaucoup plus pragmatique, la situation de la France serait véritablement comparable à celles d’autres pays si les taux d’imposition étaient les mêmes. Hélas, et les Français ne le savent que trop bien, leur pays est champion toutes catégories en matière de taxes et se partage la palme avec l’Italie.
Étonnamment, Najat Vallaud-Belkacem, qui n’est pourtant pas ministre du Travail ou de l’Économie, s’est mis en tête de favoriser le travail des femmes sans penser que le chômage atteint déjà des taux records. L’on voit d’ici des dizaines de mères de famille faire la queue devant chez Pôle Emploi pour se déclarer sans emploi et infléchir encore la courbe du chômage que Michel Sapin, ministre du Travail, promet sans succès d’inverser depuis des mois.
Une réforme lourde de sens
« Comme le dit le rapport : « Toucher au quotient conjugal a surtout une fonction symbolique ». Deux philosophies s’opposent. Pour les uns, la famille est obligatoirement organisée selon le modèle de l’homme dominant, de Monsieur Gagnepain et Madame Aufoyer ; la famille est un résidu du modèle féodal où le père-seigneur exploite les autres membres de la famille ; il faut détruire la famille pour promouvoir l’égalité des genres. Mais n’y a-t-il pas quelque contradiction à prétendre promouvoir une société plus solidaire en mettant en cause la solidarité familiale ? Mais comment assurer l’éducation des enfants, une fois la famille détruite ? Faut-il sacrifier les besoins des enfants au primat de l’emploi ? » explique encore Henri Sterdyniak.
Le gouvernement socialiste, et tout le système idéologique qui le porte, n’a que mépris pour la famille, il nie par tous les moyens, jusque dans ses taxes, son rôle fondamental dans la société. Après avoir accordé le droit à « faire famille » – pour reprendre le jargon postmoderne – aux paires unisexes, il vide la famille de son suc, de son essence même pour n’en faire que l’ombre d’elle-même, un vague schéma sociable modelable à l’envi. Alors que la pression fiscale aura raison du désir de certaines femmes à rester chez elles auprès de leurs enfants, le ministre des Droits des femmes invoque la parité, l’émancipation et la libération de la femme… Les socialistes ont inventé la libération forcée.