Le Jeudi saint, chaque évêque procède dans sa cathédrale, lors de la messe chrismale, à la bénédiction des saintes huiles. Depuis quelques années, cette messe est quelquefois anticipée. L’huile a une très grande importance dans la liturgie. Le psaume 132 l’évoque à propos du grand prêtre Aaron. Si nous sommes régénérés dans l’eau, nous sommes confirmés et fortifiés par l’huile consacrée. L’huile est un des principaux éléments que Dieu a choisis pour à la fois signifier et opérer la grâce dans nos âmes. La première des Huiles saintes qui reçoit la bénédiction de l’évêque, est l’huile des malades, qui sert au sacrement de l’extrême onction ou onction des malades. Elle efface dans le chrétien mourant les restes du péché, en le fortifiant dans le dernier combat ou dans la vieillesse. En deuxième lieu, l’huile dite des catéchumènes ou huile de l’exorcisme, autrefois bénite au moment même du baptême, servait aux onctions qui achevaient la préparation du catéchumène. Depuis le haut Moyen Âge, cette huile a trouvé place en divers autres rites : ordination des prêtres, sacre des rois, bénédiction de l’eau baptismale, consécration des autels. Elle est maintenant distincte du saint chrême, nom à l’origine plus générique.
La plus noble des huiles saintes, composée d’huile et de baume est le saint chrême, qui reçoit une consécration solennelle. Par cette huile d’actions de grâces, l’Esprit-Saint imprime son sceau ineffaçable sur le chrétien déjà membre du Christ par le baptême. L’eau nous donne la naissance ; l’huile du chrême nous confère la force, et tant que nous n’en avons pas reçu l’onction, nous ne possédons pas encore la perfection du caractère de chrétien. Oint de cette huile sacrée, le fidèle devient visiblement un membre du Christ, dont le nom désigne précisément l’onction que Jésus Messie a reçue comme Roi, comme prophète et comme Pontife. Cette consécration par le saint chrême est tellement suggestive de l’être chrétien, qu’au sortir de la fontaine baptismale, avant même d’être admis à la confirmation, le néophyte reçoit sur la tête une première onction, quoique non sacramentelle, de cette huile royale, pour montrer qu’il participe déjà à la royauté de Jésus.
Le Pape commente l’Évangile de cette messe chrismale qui fait revivre l’émotion du jour où Jésus s’appliqua à lui-même le texte d’Isaïe concernant le Messie. Jésus, au milieu d’une foule nombreuse composée de malades et de personnes tourmentées par le démon, s’adresse comme Bon Pasteur à son troupeau qu’il veut conduire au bercail du Paradis. Ce contact avec Jésus offre à tous ceux qui le désir une triple grâce que commente le Pape. La première grâce est de suivre Jésus. C’est la sequela, grâce d’affection et d’amour qui tranche avec les offres mesquines des hommes. Puis, il y a la grâce d’admiration, si bien dépeinte dans la parole de Marie au Ravi dans la pastorale de santons de Provence : « le monde sera merveilleux, tant qu’il y aura des gens comme toi capables de s’émerveiller ». L’admiration est nécessaire à quiconque veut suivre Jésus. Mais il faut aussi le discernement, si rare de nos jours. On ne doit jamais en effet agir à la légère, mais raisonnablement et en toute liberté, comme de vrais fils de Dieu. Et notre zèle apostolique doit s’étendre à tous mais particulièrement aux pauvres, aux aveugles comme Bartimée, aux opprimés et aux exclus, mais aussi aux prisonniers, qui malgré leurs fautes n’ont jamais perdu la dignité de fils de Dieu. Avec Marie, suivons Jésus pour devenir des médecins des âmes en apportant à tous l’huile qui guérit de la mesquinerie, de l’abus et de la cruauté.