Savent-ils ce que c’est que la justice ?

Publié le 05 Nov 2024
justice

Le « sentiment » de justice n’est pas « la justice ».

C’est logique | Dans le contexte actuel de crise financière, un mot est dans toutes les bouches de la gauche à la droite : justice. Mais sans définition exacte, le mot galvaudé contribue à obsurcir la question. De l’importance de comprendre les concepts malmenés…

  « C’est pas juste ! » Cette exclamation, prononcée par quasiment tous les enfants du monde, est le signe d’une perception bien singulière. Derrière l’éclat se cache une émotion, un sentiment. Il s’agit de la première expérience de la justice par la confrontation à son opposé. Le sentiment d’injustice apparaît très tôt chez l’être humain. Il s’agit d’une colère plus ou moins profonde qui a pour objet la réparation d’un tort subi, d’un droit bafoué. Le contraire de ce sentiment, lorsqu’à chaque enfant est donnée la même part de plat principal par exemple, est un repos paisible. La conscience du sentiment de justice est assez rare en effet. Car le sentiment de justice semble être ce qui est la norme, ce qui est naturel et donc ce qui ne « heurte » pas notre conscience et notre sensibilité. Un simple repos qui, si l’on ne s’y arrête, nous traversera sans être remarqué.

Un sentiment ou la réalité ?

Mais le « sentiment » de justice ou d’injustice n’est pas « la justice ». La première acception de ce mot est la « juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun » [1]. On remarque que la nature de la justice est, pour cette définition, de l’ordre de « l’appréciation » et donc d’une activité intellectuelle. On s’éloigne du sentiment d’injustice. Le problème de cette définition du dictionnaire est que le défini « juste » est dans la définition.  La deuxième tentative du dictionnaire pour définir la justice est de proposer qu’elle serait un « pouvoir de faire régner le droit ; exercice de ce pouvoir ». Nous sommes alors dans le domaine de l’action et plus dans l’intelligence ou dans le sentiment.  Une seule notion, trois définitions… Le logicien que nous sommes ne peut laisser cela en l’état. La notion commune à ces trois définitions est celle de « droit ». L’étymologie du mot vient du latin directus qui signifie « en ligne droite ». Il s’agit du plus court chemin pour aller d’un point à un autre. Mais le « droit » désigne aussi le côté le plus proche de l’est, lorsque l’on est face au nord. Le « droit » fait…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

François-Marie Portes

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéÉducation

Gabrielle Cluzel réhabilite la maternité face aux nouveaux diktats

Entretien | Dans Yes kids, Gabrielle Cluzel prend le contre-pied des discours dominants en défendant une maternité assumée, vécue, revendiquée. Mère de sept enfants, elle mêle témoignage personnel et critique sociale pour dénoncer l’effacement des mères dans l’espace public et la défiance croissante envers la natalité. À l’heure où avoir des enfants semble devenu suspect, elle redonne voix à celles qu’on préfère faire taire.

+

maternité yes kids
ÉgliseSociété

Padre au combat : au cœur de la mission, avec les soldats

Initiatives chrétiennes | Ancien aumônier militaire auprès des chasseurs alpins, des parachutistes et des légionnaires, le père Yannick Lallemand a accompagné les soldats jusqu’au cœur de l’épreuve, notamment lors du drame du Drakkar, à Beyrouth, en 1983. Retour sur une vie au service des âmes, à la croisée du courage militaire et de l’espérance chrétienne.

+

padre aumônier militaire
Société

Entretien vidéo : Les Habits neufs du terrorisme intellectuel

Entretien vidéo | Alors que viennent de paraître Les Habits neufs du terrorisme intellectuel, comment ne pas saisir cette occasion pour creuser un peu plus ce qu'est cette forme de terrorisme, ses racines, ses méthodes et les moyens d'y résister ? Pour ce faire, nous avons dialogué avec Jean Sévillia et avec Mathieu Bock-Côté, préfacier du livre.

+

bock-côté terrorisme intellectuel sévillia
SociétéPhilosophie

Peut-on penser l’universel à partir d’un fait divers ?

C'est logique ! de François-Marie Portes | Le meurtre tragique de Crépol a suscité une onde de choc nationale, des réactions politiques en cascade et des lectures contradictoires. Derrière l’émotion légitime, la raison s’interroge : peut-on déduire des décisions politiques valides à partir d’un fait singulier ? En revisitant le concept d’induction, quelques réflexions sur la manière dont un événement devient argument, et sur les limites de l’universel forgé à chaud.

+

Peut-on penser l’universel à partir d’un fait divers ? crépol