> Enquête Quas Primas
Les principes de la postmodernité n’en finissent plus d’enfoncer le monde dans leurs néfastes aboutissements, les illusions sont tombées, les sociétés se cherchent toujours un sauveur. Que reste-t-il ? La Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, répond Jean-Pierre Maugendre, écrivain, chroniqueur vigilant de la vie ecclésiale, et directeur de « Renaissance catholique ».
« On a essayé de tout ; l’heure ne serait-elle pas venue d’essayer de la vérité ? », Cardinal Pie (1815-1880). Ainsi s’exprimait, il y a déjà plus d’un siècle, le cardinal-archevêque de Poitiers qui fut aussi le héraut infatigable de la Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dans un autre registre on peut penser, à propos de ce « désenchantement du monde » conceptualisé par Max Weber (1864-1920), à la réflexion désabusée d’un personnage du dessinateur Jean-Jacques Sempé (1932-2022): « J’ai essayé le christianisme… puis le socialisme… le marxisme… maintenant je vais essayer l’érotisme. » Gageons que ce nouvel essai n’aura pas été plus concluant que les précédents.
La fin d’un monde
Les XIX et XXe siècles ont été marqués par un recul général, en Occident, des croyances religieuses, essentiellement catholiques, et la conviction grandissante que par le progrès scientifique et l’émergence de la démocratie un avenir enfin radieux se lèverait sur une humanité meurtrie. « Le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième sera heureux » prophétisait, un peu rapidement, Victor Hugo. À l’instar des autres hussards noirs de la République, le père de Marcel Pagnol, Joseph, se dévouait ainsi corps et âme à l’instruction stricte et exigeante, mais laïque et anticléricale, des enfants qui lui étaient confiés, persuadé de contribuer, par cela, à l’avènement d’une société apaisée, plus juste et plus fraternelle, enfin débarrassée des superstitions cléricales. Las, sont passés par là deux guerres mondiales, l’échec sanglant des religions séculières – nazisme, communisme, fascisme, etc. –, l’holodomor et le génocide cambodgien, les camps de la Kolyma et ceux d’Auschwitz, une crise morale, intellectuelle, démographique, sociale, économique d’une rare acuité. Le temps n’est plus aux lendemains qui chanteraient pour une humanité enfin régénérée. L’heure est à la jouissance immédiate et à la satisfaction des désirs d’un individu, né enfant trouvé et mort célibataire, esclave de pulsions qu’il croit être la manifestation la plus aboutie de sa liberté. Un monde s’est effondré ! Une société fondée sur l’ordre, la hiérarchie, la transcendance, Dieu, le devoir, la famille, le sacrifice a laissé…