À l’occasion du XIVᵉ Pèlerinage international Ad Petri Sedem, le cardinal Burke a célébré une messe pontificale en rite ancien dans la basilique Saint-Pierre, à l’autel de la Chaire, une première depuis plusieurs années.
L’événement a une importance – également symbolique – bien supérieure à ce que l’on peut imaginer aujourd’hui ; et sa mémoire mérite d’être confiée à la réflexion de l’historien de demain.
Il était environ 14 h 30, samedi 25 octobre, lorsque l’on a entendu résonner sous les voûtes majestueuses de la basilique Saint-Pierre le chant du Credo, entonné d’une voix puissante par une procession de plus de deux cents prêtres, qui avançait lentement, suivie de milliers de fidèles, participants au XIVᵉ Pèlerinage international Ad Petri Sedem.
Après avoir franchi la Porte Sainte, le cortège est parvenu dans la grandiose abside de la sasilique Saint-Pierre, où s’élève la monumentale Chaire de Pierre entourée de marbres, de bronzes et de rayons de gloire. Le génie du Bernin y a sculpté non seulement un triomphe artistique, mais un symbole de la Tradition de l’Église, conservée avec fidélité pendant deux millénaires.
Les prêtres se sont disposés sur deux files à droite et à gauche de l’autel, dominé par la grande châsse de bronze, qui contient la Chaire et par les imposantes statues de quatre Docteurs de l’Église : les latins, saint Ambroise et saint Augustin, et les grecs, saint Athanase et saint Jean Chrysostome. Au-dessus de la chaire, dans une cascade d’or et de lumière, la Colombe de l’Esprit Saint, enchâssée dans le célèbre vitrail d’albâtre, irradiait une lueur chaude sur toute l’abside.

crédits : don Elvir Tabakovic
Sur les côtés de la tribune, les monuments funéraires d’Urbain VIII, également œuvre du Bernin, et de Paul III, le pape qui convoqua le concile de Trente, semblent encore aujourd’hui veiller sur le cœur de la Primauté pétrinienne. En haut, sur la voûte, la remise des clefs à saint Pierre raconte l’origine de l’autorité pontificale, tandis que sur les côtés les scènes du martyre de saint Pierre et de la décapitation de saint Paul, composent un drame sacré qui parle du sang versé pour la foi.
Il ne pouvait y avoir de mise en scène plus éloquente pour la solennelle cérémonie commencée peu après 15 h 00 lorsque fit son entrée Son Éminence le cardinal Raymond Leo Burke, Patron émérite de l’Ordre Militaire Souverain de Malte, qui a célébré une solennelle Messe Pontificale selon le Rite romain ancien, assisté de cérémoniaires, qui ont contribué à offrir à la liturgie la magnificence qui lui est due.
Les neuf cents chaises prévues se sont révélées insuffisantes pour un peuple trois ou quatre fois plus nombreux, composé d’hommes et de femmes, jeunes et âgés, venus de toutes les parties du monde. L’événement était rendu extraordinaire précisément par le lieu où il s’est déroulé : une mise en scène unique au monde, où architecture, sculpture, théologie et histoire s’entrecroisent pour rendre visible la mission de l’Église et de la Papauté : garder la foi et la transmettre au cours des siècles.

crédits : don Elvir Tabakovic
Le cardinal Burke, dans son homélie très appréciée, a rappelé le centenaire de l’apparition de l’Enfant Jésus, avec Notre-Dame de Fatima, à la Vénérable Servante de Dieu sœur Lúcia dos Santos, survenue le 10 décembre 1925, au cours de laquelle
« le Seigneur nous a montré le Cœur Douloureux et Immaculé de la Vierge, couvert de nombreuses épines à cause de notre indifférence et de notre ingratitude, et à cause de nos péchés. De manière particulière, Notre-Dame de Fatima désire nous protéger du mal du communisme athée, qui éloigne les cœurs du Cœur de Jésus – unique source de salut – et les conduit à la rébellion contre Dieu et contre l’ordre qu’Il a placé dans la création et écrit dans le cœur de chaque homme.
À travers ses apparitions et le message qu’elle a confié aux petits bergers, les saints François et Jacinthe Marto, et à la vénérable Lúcia dos Santos – message destiné à toute l’Église – la Vierge dénonçait l’influence de la culture athée sur l’Église elle-même, qui a conduit beaucoup à l’apostasie et à l’abandon des vérités de la foi catholique.
En même temps, la Vierge nous a enseigné à accomplir des actes d’amour et de réparation pour les offenses faites au Très Saint Cœur de Jésus et à Son Cœur Immaculé par la dévotion des premiers samedis du mois. Celle-ci consiste à confesser sacramentellement ses propres péchés, à recevoir dignement la Sainte Communion, à réciter cinq dizaines du Saint Rosaire et à tenir compagnie à la Vierge en méditant sur les mystères du Rosaire (…).
La dévotion des premiers samedis est notre réponse d’obéissance à la Mère céleste, qui ne manquera pas d’intercéder pour obtenir toutes les grâces dont nous avons si urgemment besoin, nous et le monde entier. »
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crédits : don Elvir Tabakovic
Le cardinal a ensuite rappelé le 18ᵉ anniversaire de la promulgation du motu proprio Summorum Pontificum, par lequel le pape Benoît XVI a rendu possible la célébration régulière de la messe selon cette forme, en usage depuis l’époque de saint Grégoire le Grand.
« Rendons grâces à Dieu – a-t-il dit – parce que, à travers le motu proprio Summorum Pontificum, toute l’Église mûrit une compréhension et un amour toujours plus profonds pour le grand don de la sainte liturgie, telle qu’elle nous a été transmise, dans une ligne ininterrompue, par la Tradition apostolique, par les Apôtres et leurs successeurs* ».
La cérémonie a été accompagnée par les notes du chant grégorien de la Chapelle musicale du Panthéon, qui se diffusait comme un vent sacré, unissant la prière des présents à celle d’innombrables générations de croyants qui, avant eux, avaient levé les yeux vers cette abside, cherchant la vérité de la doctrine et le réconfort de la foi.
Martyr de cette foi était le cardinal albanais Ernest Simoni, qui a assisté au premier rang à la cérémonie, aux côtés du cardinal Walter Brandmüller. Emprisonné par le régime communiste, en 1963, le cardinal Simoni a passé plus de vingt-cinq ans de sa vie aux travaux forcés, jusqu’à sa libération en 1991. Aujourd’hui il est connu pour la puissance de ses exorcismes et, à la fin de la messe, il a prononcé du haut de la chaire une formule abrégée de l’exorcisme contre Satan et les anges rebelles, composé en 1884 par Léon XIII, par inspiration de l’archange saint Michel, après avoir eu une terrifiante vision des démons qui se rassemblaient pour détruire l’Église.
La célébration s’est conclue, après le Salve Regina, par le chant solennel du Christus vincit, tandis qu’une intense émotion touchait prêtres et fidèles. Sur les visages de beaucoup d’entre eux transparaissait la souffrance de ceux qui, pour rester fidèles à la messe de toujours, ont dû affronter incompréhensions, épreuves et humiliations. Mais maintenant, autour de cette liturgie ancienne, les rayons dorés de l’abside, les figures des Évangélistes et des Pères de l’Église semblaient réunir le passé et le présent en une seule étreinte, devant la Chaire de Pierre.

crédits : don Elvir Tabakovic
Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur de Traditionis Custodes (2021), la célébration de la messe traditionnelle a été autorisée à l’autel de la Chaire dans la Basilique vaticane. Durant les premiers pèlerinages Ad Petri Sedem, la messe tridentine était célébrée librement à Saint-Pierre, mais depuis quelques années cela n’avait plus été permis.
Seule l’autorisation du Souverain Pontife régnant Léon XIV a rendu possible cet événement, qui est apparu à beaucoup comme une lumière aurorale qui surgit, tandis que dans le monde tant d’étoiles éphémères sont tombées ou se préparent à s’évanouir dans la nuit.
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