États-Unis : Des messes invalides depuis quelques années ?

Publié le 19 Juin 2023
Messes invalides
Le mois dernier, l’archevêque de Kansas City, Mgr Joseph Naumann a envoyé une lettre à chaque prêtre de son diocèse. Il annonce que certaines paroisses n’utilisaient pas un vin conforme à ce que demande l’Église pour célébrer la messe. Il affirme alors l’invalidité de certaines célébrations. Une décision qui rappelle les conditions de validité de la messe.  
 

Ce mercredi 31 mai, Mgr Naumann a annoncé aux prêtres de son diocèse que certaines messes célébrées ces dernières années ne sont pas valides. Il affirme  qu’« il a été rapporté par deux prêtres, ayant servi dans trois paroisses différentes, que dès leur nomination dans ces paroisses, ils ont découvert l’utilisation depuis quelques temps de vin qui était en réalité une matière invalide pour la célébration de l’Eucharistie ». Cette découverte implique que « pendant un certain nombre d’années, toutes les messes étaient invalides, et, par conséquent, les intentions pour lesquelles ces messes étaient offertes n’étaient pas satisfaites, y compris l’obligation qu’ont les pasteurs d’offrir la messe pour le peuple ».  

Mgr Naumann s’inquiète « d’une situation très grave pour laquelle nous devons maintenant demander au Saint Siège des conseils sur la question des restaurations ». Il souhaite notamment savoir si de nouvelles messes doivent être célébrées pour les intentions demandées par les fidèles, et si toutes les messes invalides doivent être redites. 

En effet, certains vins ne peuvent pas être utilisés pour la célébration de la messe. Dans ce cas américain, le saint sacrifice de la messe n’aurait pas eu lieu, par le simple fait que le vin n’était pas conforme aux règles instaurées par l’Église. Mais pourquoi le vin peut-il être cause d’invalidité ? 

 

Conditions de validité de la messe 

Selon le Catéchisme de saint Pie X, pour qu’un sacrement soit fait, « il faut la matière, la forme et un ministre qui ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise » [1]. Concernant l’eucharistie, ce même catéchisme précise que la matière de ce sacrement est « celle qui fut employée par Jésus-Christ, c’est-à-dire le pain de froment et le vin de la vigne »[2]. Cette prescription concernant le vin suit ces verset de l’évangile selon saint Luc : « Ayant reçu une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez ceci et partagez entre vous ; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu » (Luc, XXII, 17-18).  

Le vin est donc une des matières du sacrement de l’eucharistie, nécessaire à la validité du sacrement. 

En 2004, la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements publiait l’instruction Redemptionis sacramentum établissant des règles « sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie ». Il est notamment prescrit que « le saint sacrifice eucharistique doit être célébré avec du vin naturel de raisins, pur et non corrompu, sans mélange de substance étrangères » (n°50). Cette règle reprend le code de droit canonique de 1983 qui affirme que « le vin doit être du vin naturel de raisins et non corrompu » (can. 924). 

L’Église autorise cependant certains conservateurs. En 1896 notamment, le Saint Office a autorisé, pour les missionnaires envoyés dans des pays où le vin se conservait mal, l’ajout d’alcool de vin, à condition que ce soit fait lors du processus de fermentation et que le vin ne dépasse pas 18°C [3]. Les règles établies par l’Église quant à la qualité du vin sont donc strictes et précises. Le vin étant matière de la messe, il a son importance. L’Église demande expressément qu’il soit naturel, sans ajout de substance étrangère et dont la provenance est connue.

L’instruction Redemptionis sacramentum précise également qu’« il est absolument interdit d’utiliser du vin dont l’authenticité et la provenance seraient douteuses » (n°50). En application à cette règle, le vignoble O-Neh-Da, producteur de vin de messe, a été lancé en 1872 par l’évêque de Rochester, Mgr Bernard John MacQuaid. En France par exemple, l’abbaye du Barroux produit elle-même son vin de messe avec sa chaîne de production Via Caritatis.  

 

 

[1] Catéchisme de Saint Pie X, Parti IV, chap 1, n°6.  

[2] Catéchisme de Saint Pie X, Partie IV, chap 4, n°4. 

[3] L’Homme Nouveau n°1719 : dossier consacré au vin « Le vin réjouit le coeur de l’homme » 

 

Aymeric Rabany

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Saint Charbel (4/5) : Un Breton guéri par l’intercession du saint

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Victime d’une double déchirure carotidienne et voué à une paralysie durable, un paroissien de Vallet a retrouvé en quelques jours la faculté de s’alimenter et une vie presque normale. Son curé, l’abbé Hervé Godin, revient sur les prières adressées à saint Charbel, la guérison inattendue et les retombées spirituelles qui ont suivi dans la paroisse. Entretien.

+

saint Charbel Vallet
À la uneÉgliseSpiritualité

Saint Charbel (3/5) : Un témoin de la foi pour le Liban et le monde

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Laïque consacrée engagée au Liban depuis plus de trente ans, où elle a fondé une radio d’évangélisation et développé une association humanitaire, Association Française de Solidarité Internationale, dédiée à la scolarisation des enfants chrétiens défavorisés, Marie-Sylvie Buisson témoigne de la puissance spirituelle et missionnaire de saint Charbel.

+

saint Charbel
À la uneÉgliseSpiritualité

Saint Charbel (2/5) : Le moine d’Annaya, mémoire et espérance d’un peuple

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Figure spirituelle majeure du Liban contemporain, saint Charbel n’a cessé, depuis sa mort, de marquer l’histoire de son pays. De la vague de miracles de 1950 au renouveau du culte maronite, jusqu’au récent chemin de pèlerinage Darb Mar Charbel, le moine d’Annaya demeure un repère national et un lien puissant entre le Liban et sa diaspora.

+

Saint Charbel Liban
Église

Saint Charbel (1/5) : Un saint qui continue d’agir pour convertir les cœurs

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Chaque année, la nuit de Noël nous tourne vers Bethléem, mais c’est dans cette même nuit, le 24 décembre 1898, qu’un moine libanais a rendu son âme à Dieu : Charbel Makhlouf, ermite de la montagne d’Annaya. Patrizia Cattaneo revient sur la vie cachée du moine libanais, les phénomènes extraordinaires entourant son corps, ainsi que les miracles contemporains de Nohad El Chami et de Raymond Nader. Elle éclaire la portée spirituelle de ces signes et la manière dont l’Église maronite les accueille aujourd’hui.

+

Saint Charbel