« Ne rien préférer à l’amour du Christ »

Publié le 07 Jan 2023
amour

Quand j’ai entendu l’annonce de la mort du pape émérite Benoît XVI, c’est ce verset du livre des Nombres qui m’est venu aussitôt à l’esprit : « Moïse était très humble, l’homme le plus humble que la terre ait porté » (Nb 12, 3). Et en effet, c’est ainsi qu’il s’est présenté lui-même à la loggia de Saint-Pierre, le jour de son élection au souverain pontificat, le 19 avril 2005 : « Après le grand pape Jean-Paul II, Messieurs les Cardinaux m’ont élu moi, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur ». Pour ma part, j’ai toujours été frappé par son humilité. Lorsqu’il m’a été donné de le rencontrer, comme évêque, il avait toujours cette attitude humble face à son interlocuteur, vers lequel il était tourné sans artifices : on avait même l’impression d’être quelqu’un d’important. Sa renonciation à la charge de Successeur de Pierre, le 11 février 2013, m’avait plongé dans la stupéfaction, mais très vite j’y ai vu le courage de l’humilité, tant il ne s’accrochait pas à sa charge, voire à son pouvoir : c’était la signature de son pontificat, tout effacé devant l’unique vrai et Bon Pasteur de son peuple, le Christ. Ce ne fut certes pas une désertion. N’avait-il pas demandé aux fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, au jour de l’inauguration officielle de son pontificat : « Priez pour moi, pour que je ne m’enfuie pas par peur devant les loups »? D’ailleurs, à travers les crises qu’il a dû affronter durant son ministère pétrinien, il est demeuré ferme et lucide à la barre, quelles que soient les tempêtes médiatiques qu’il a dû essuyer. De même, il a continué à servir l’Église jusqu’au bout, durant dix années, au cœur même du Vatican, dans le petit couvent Mater Ecclesiae, humblement caché dans une vie de prière, à l’école de saint Benoît dont il répétait à l’envi la devise : « Ne rien préférer à l’amour du Christ ». Benoît XVI restera à la postérité comme un grand docteur de l’Église, qui n’a eu de cesse de garder la foi catholique reçue des Apôtres, dans une fidélité inflexible à la tradition bimillénaire de l’Église dont il ne s’est jamais considéré que comme l’humble instrument. Catéchète à la manière des Pères de l’Église, il excellait dans l’art de commenter la Sainte Écriture, d’abondance du cœur mais avec beaucoup de rigueur exégétique et théologique, en…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Marc Aillet, Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron +

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseLiturgie

« La messe, trésor de la foi » : (re)découvrir la liturgie tridentine

Initiatives chrétiennes | Depuis le 17 septembre, Claves propose un programme de formation : une série de vingt-trois vidéos diffusées chaque semaine pour faire découvrir, de manière accessible et contemplative, la richesse de la messe tridentine. Ce parcours veut nourrir la foi en donnant à mieux connaître et aimer la liturgie, « trésor de la foi ». Entretien avec l’abbé Paul Roy (fssp).

+

claves messe trésor de la foi
Église

La pause liturgique | Glória 12, Pater cuncta (Fêtes des saints)

Voici un des plus beaux Glória de tout le répertoire grégorien. Il est pourtant très simple et presque syllabique, assez répétitif, mais muni de multiples petites variations qui lui donnent un charme incontestable. Repéré dans des manuscrits nombreux du XIIe siècle, et probablement d’origine allemande, il emprunte sa mélodie au 4e mode, ce qui ajoute sans doute à sa beauté profonde, mystique.

+

glória
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique | Kyrie 12, Pater cuncta (Fêtes des saints)

Voici un Kyrie extrêmement simple et plein de beauté et de profondeur, daté des XIe-XIIe siècles. Il suit un schéma très simple de type aba,a-b : trois Kyrie identiques, trois Christe identiques, deux Kyrie reprenant la mélodie des trois premiers Kyrie, et le dernier Kyrie associant la mélodie des Kyrie à celle des Christe.

+

kyrie