Nicaragua : une « révolution chrétienne » qui persécute l’Église

Publié le 06 Fév 2023
Nicaragua

Daniel Ortega, revenu au pouvoir en 2007, poursuit la révolution sandiniste engagée au Nicaragua en 1979. Après l’enthousiasme initial de beaucoup de religieux catholiques, inspirés par la théologie de la libération, la défiance s’est installée puis la franche opposition du régime vis-à-vis de l’Église. Expulsions d’évêques, de congrégations, publications interdites et arrestations manifestent la paranoïa du président.   Le Front sandiniste de Libération nationale (FSLN) s’était engagé à partir de 1974 dans des actions de guérilla pour renverser la dictature de la famille Somoza, au pouvoir depuis les années 1930. Le mouvement fut soutenu par certaines communautés ecclésiales de base (CEB) qui s’étaient développées depuis plusieurs années. Des prêtres et des religieux, sous l’influence de la « théologie de la libération » alors en vogue, s’engagèrent eux aussi dans le mouvement armé. Après la victoire militaire du FSLN et la chute du président Somoza en juillet 1979, un Conseil de gouvernement de reconstruction nationale a été mis en place, dirigé par Daniel Ortega. Deux prêtres et deux religieux en ont fait partie, à des postes ministériels importants : culture, éducation, affaires étrangères et bien-être social. Du soutien à l’opposition L’Église au Nicaragua apporta d’abord son soutien au nouveau gouvernement et à son projet de société socialiste. Quatre mois après l’arrivée au pouvoir du FSLN, alors que la répression contre les anciens somozistes avait déjà commencé, la conférence épiscopale du Nicaragua publia une lettre pastorale qui affirmait : « Nous avons aujourd’hui une occasion unique d’annoncer le règne de Dieu […] si le socialisme signifie un pouvoir exercé en faveur de la grande majorité, et de plus en plus partagé par le peuple organisé afin d’aboutir à un transfert de pouvoir vers les classes populaires, il ne trouvera dans la foi que motivation et appui […] ». L’influence grandissante du régime communiste de Cuba et de l’idéologie marxiste, le contrôle de plus en plus étroit des médias, les arrestations et emprisonnements des opposants au régime, vont amener plusieurs évêques, notamment Mgr Obando Bravo, archevêque de Managua, à prendre ses distances avec le régime et à protester contre les atteintes multiples aux droits de l’homme. D’autant plus que dans le clergé et les paroisses se diffusait un mouvement dit de l’« Église populaire », en opposition à la hiérarchie ecclésiastique. La visite de Jean-Paul II au Nicaragua, le 4 mars 1983, marqua un tournant. Deux images ont marqué les esprits : l’admonestation…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

International

Emmanuel Macron en Afrique : une tournée présidentielle sous tension

Les 1er et 2 mars, à Libreville (Gabon), Emmanuel Macron participait à un sommet qui avait l’ambition d’offrir « des solutions concrètes » en matière de conservation des forêts et de dérèglement climatique. C’était le « One Forest Summit », un peu décalé par rapport aux réalités de la région, mais qui va remplir son office de « pompe à fric » sous forme de subventions diverses et de reversements de taxes carbone. 

+

1780 Chev Emmanuel Macron 2017 05 29 cropped russie
International

Ballon espion : la Chine fait des bulles

rier, un ballon est signalé dans le ciel américain. Il est abattu par l’armée le 4 dans les eaux territoriales. Puis le 10 février, des avions de chasse F22 descendent un objet volant près des côtes de l’Alaska. Le 11, le Canada demande aux États-Unis d’intervenir pour faire feu sur un autre engin au-dessus du Yukon. Enfin, le 12, c’est à la verticale du Michigan (États-Unis) qu’un nouvel engin est abattu.

Le 8, Washington accusait la Chine de lancer « une flotte de ballons destinés à des opérations d’espionnage » à travers le monde. Étions-nous à la veille d’un nouveau conflit diplomatique ?

Très vite, Pékin s’avouait le propriétaire du premier ballon et déclarait que ce dernier transportait des équipements pour recueillir « principalement » des données météorologiques. On retiendra que « principalement » ne veut pas dire exclusivement. Même si les Chinois affirment que leur aérostat était sorti involontairement de sa trajectoire, les Américains s’inquiétaient d’autant plus qu’il était passé au-dessus du Montana où sont implantés leurs missiles nucléaires.

La suite nous en dira sans doute plus puisque l’aéronef a été récupéré pour analyse. Néanmoins, on sait déjà que sa charge était plus importante que celle d’un ballon météorologique normal. D’autre part, la nacelle était équipée d’un système de guidage qui rend peu crédible la thèse d’un écart involontaire de trajectoire.

La Chine n’en a pas moins répliqué avec fermeté : en exprimant « son fort mécontentement, elle proteste contre l’utilisation de la force par les États-Unis ».

Cependant, le mystère reste entier pour les trois autres engins volants non identifiés. Pékin n’en reconnaît pas la paternité et Joe Biden lui-même a déclaré : « Ces trois objets sont vraisemblablement liés à des entreprises privées, à des activités de loisirs ou à des institutions de recherche. » Peut-être, mais personne n’a élevé la voix pour se plaindre ou signaler la destruction de son ou de ses équipements. Ensuite, le président des États-Unis a donné un peu vite une explication logique et possible à ce mystère.

Mieux, il cherche à rassurer, disant qu’il n’y a pas une soudaine augmentation d’objets volants dans le ciel américain mais une meilleure capacité à les détecter avec les radars. Au point que l’on se demande s’il ne couvre pas autre chose. Dans son registre, le général Glen VanHerck, patron des forces aérospatiales américaines, en rajoutait. À une question sur un possible envoi d’OVNI par des extraterrestres, il répondait « n’avoir rien écarté à ce stade ». La Maison Blanche s’est vue obligée de démentir cette hypothèse.

La question se pose : l’armée américaine aurait-elle détruit le matériel d’expériences secrètes plutôt que de les révéler au public ? Ce ne serait pas la première fois, en raison du cloisonnement des informations sur de telles opérations. Un autre détail pourrait aller dans ce sens pour les trois autres aéronefs : alors que les restes du premier ont été retrouvés, l’armée américaine a déclaré ses recherches infructueuses pour les trois autres.

Reste à s’interroger sur la légitimité, en termes de droit, du survol d’un territoire par des ballons d’un pays tiers et, non moins important, de leur destruction par le pays survolé. Chaque État jouit de « la souveraineté complète et exclusive sur l’espace aérien au-dessus de son territoire », selon les règles de l’aviation civile. Les appareils civils sont libres de circuler, mais les appareils militaires peuvent être interceptés. Et s’il s’agit d’un appareil espion qui se donne une apparence civile ?

Néanmoins, et c’est un autre problème, selon Pékin, depuis l’année dernière, « des ballons américains ont survolé la Chine à au moins dix reprises ». Le hiatus est sans doute là : Washington n’accepte pas qu’on lui renvoie la politesse.

+

shutterstock 2261623275 russie
International

Isabelle la Catholique sera-t-elle bientôt béatifiée ?

Poursuivie avec son époux Ferdinand par une tenace légende noire, la reine Isabelle la Catholique a malgré tout été déclarée « servante de Dieu » par Paul VI en 1974. Et le processus de béatification est en cours. Explications avec Don José Luis  Rubio Willen le président de la Commission pour la béatification de la souveraine.

+

1778 IsabellaofCastile03 russie
International

Syrie, Turquie : où est l’humanité ?

Le 6 février, en pleine nuit, à 4 heures 17, un séisme éclatait en Turquie et en Syrie. D’une magnitude de 7,8, son épicentre se situait dans la région de la ville turque de Gaziantep, non loin de la frontière syrienne.

+

1778 Chev Gaziantep Castle russie