Au Nigéria, les vocations et les ordinations se multiplient depuis quelques années. Malgré les persécutions violentes et nombreuses, la foi n’y a jamais été aussi forte.
Cet été, le Nigéria a gagné 23 nouveaux prêtres, ordonnés le 10 août dernier par Mgr Godfrey Igwebuike Onah dans son seul diocèse de Nsukka, au sud du pays. Le diocèse compte désormais 417 prêtres, là où il n’y en avait que 195 il y a dix ans. La population catholique du Nigéria est pourtant assez faible, environ 15 %, et régulièrement persécutée par des groupes islamistes ou des bandes de bergers nomades. L’islam est en effet la première religion du pays, avec 55 % de musulmans, en particulier dans le nord et le centre, tandis que les chrétiens représentent au total 46 % des Nigérians, dont plus de la moitié sont des protestants évangéliques ou pentecôtistes. En comparaison, la République démocratique du Congo compte près de 50 % de catholiques et l’Afrique du Sud ou le Maghreb moins de 10 %. L’ONG protestante « Portes ouvertes », qui étudie la persécution des chrétiens dans le monde et produit annuellement un rapport, indique que sur 10 chrétiens tués dans le monde, 8 le sont au Nigéria seulement. Par ailleurs les enlèvements sont extrêmement nombreux : pour 3 906 chrétiens kidnappés entre septembre 2022 et septembre 2023, 3 300 étaient nigérians, dont une trentaine de prêtres. On se rappelle le sinistre jour de Noël 2023, quand plus de 300 chrétiens ont été massacrés, brûlés ou blessés. Évêque de Makurdi, Mgr Anagbe avoue en 2023 à ACI Afrique que sa charge est difficile. « En l’espace de trois ans, j’ai perdu 18 prêtres, dont certains ont été enlevés puis libérés, et d’autres sont morts. » De plus, l’insécurité l’empêche souvent de rendre visite à ses ouailles. Et d’ajouter : « J’ai perdu environ 13 paroisses. » On compte en effet 10 % de déplacés, « réfugiés dans leur propre pays » et contraints de vivre dans des camps. Le nord se vide de sa population chrétienne. Quotidiennement, les femmes, les enfants, les vieillards, les hommes sont insultés, intimidés, contraints à l’humiliation. Et les raids islamistes ou peuls surgissent à tous moments dans les villages, les fermes et les églises pour s’en prendre violemment aux populations catholiques, pour assassiner les hommes devant leurs femmes et leurs enfants, pour détruire les infrastructures et brûler les bâtiments,…