> Éditorial de Philippe Maxence
Bien que le temps des vœux soit désormais passé, il n’est pas trop tard pour s’attarder sur quelques perspectives pour cette année 2025. Certes, le climat n’est pas au beau et l’inquiétude devant les événements habite nombre d’entre nous. Beaucoup de faits nous bousculent et nous laissent même parfois interloqués. Raison de plus pour essayer de nous placer dans la bonne optique.
Par un effet de la Providence, nous célébrerons cette année à la fois une année jubilaire, l’anniversaire du concile de Nicée et le centenaire de l’encyclique Quas Primas sur la royauté du Christ. Autant d’événements qui ne peuvent laisser indifférent un chrétien conséquent. Autant d’événements, surtout, qui soulignent l’importance décisive de la foi.
Profondément ancré dans les Saintes Écritures et la Tradition de l’Église, un jubilé constitue une invitation forte à la conversion. Je n’insiste pas ici sur l’encyclique Quas Primas autour de laquelle L’Homme Nouveau organise une année d’enquête. Je voudrais juste souligner que l’Année jubilaire 2025 et cette encyclique de Pie XI ne peuvent être déconnectées de ce préalable décisif qu’est la foi.
Et c’est ici que nous retrouvons l’anniversaire du concile de Nicée qui sera célébré en mai prochain mais qui mérite, par son importance et son actualité, que nous nous en emparions dès maintenant.
Parlons de Nicée
Ce concile (325), nous le savons, a donné ce qui devait devenir le Symbole de Nicée-Constantinople. Pour répondre à Arius, Nicée a introduit le terme « consubstantiel » pour affirmer que le Christ est bien de la même essence que le Père et qu’il est vraiment Dieu. C’est ici qu’il faut se souvenir de la phrase forte de saint Paul, si peu audible pour nos oreilles relativistes : « il faut qu’il y ait des hérésies ».
Heureuse erreur théologique d’Arius ! Elle a conduit l’Église à préciser sa doctrine, en définissant que les personnes divines sont de même essence. Mais malheureuse opiniâtreté du même Arius qui l’a mené à s’enfermer dans son erreur au point de se couper de la communion ecclésiale.
Quel rapport avec nous, en 2025 ? Arius et Nicée ne feront pas la Une des journaux. On ne se bat plus, aujourd’hui, pour des questions religieuses, sinon pour tenter de définir la juste place de l’islam dans nos pays occidentaux. La vérité n’a plus aucune importance, sinon celle du consensus démocratique. Au contraire, on se complaît à se déclarer hérétique, non plus sous ce terme religieux sans portée pour nos oreilles contemporaines, mais sous des vocables différents comme ceux d’anticonformiste, de rebelle ou de provocateur.
Ceux qui à la télévision ou à la radio donnent le ton du moment sont dans l’attitude précise que Chesterton décrivait déjà en 1905 :
« Non seulement le mot “hérésie” ne signifie plus être dans l’erreur, il signifie, en fait, être clairvoyant et courageux. Non seulement le mot “orthodoxie” ne signifie plus qu’on est dans le vrai ; il signifie qu’on est dans l’erreur. Tout cela ne peut vouloir dire qu’une chose, une seule : c’est que l’on ne s’inquiète plus autant de savoir si l’on est philosophiquement dans la vérité. »
« Qui ne gueule pas la vérité… »
La vérité ? Pilate s’en est lavé les mains tant son regard lui était insoutenable. Elle nous dérange nous aussi, tant elle est exigeante. Elle reste pourtant notre horizon et le moteur de nos vies. Dans son langage militaire, Péguy a eu une parole éloquente à son sujet : « Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires. »
Il ne s’agit nullement de jouer les bravaches ou de se donner l’illusion d’être un redresseur de torts. Mais, puisque nous sommes dans l’année anniversaire du concile de Nicée, comment taire qu’Arius n’est pas mort et qu’il campe dans nos esprits et dans nos mentalités de catholiques ? La divinité du Christ n’est certes pas explicitement niée, mais elle est réduite à n’être qu’un mythe, une fable pour enfants, une donnée sans consistance.
L’horizontalisme s’est abattu sur le catholicisme et, partant, sur Jésus-Christ, réduit à la figure d’un grand modèle en humanité. Décisions synodales, déclarations épiscopales, homélies presbytérales sont tellement imprégnées de cet humanitarisme réducteur que l’on se met (presque) à rêver qu’un nouveau Maurice Clavel ait le courage de crier : « Dieu est Dieu, nom de D… »
Si nous devons garder un trésor à l’esprit tout au long de cette année 2025, c’est bien que le Christ est Dieu. Notre foi y est engagée et elle ne permet aucune abdication, aucune compromission, aucune capitulation.
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