Notre quinzaine : Arius toujours vivant !

Publié le 22 Jan 2025
Arius concile
> Éditorial de Philippe Maxence

 

Bien que le temps des vœux soit désormais passé, il n’est pas trop tard pour s’attarder sur quelques perspectives pour cette année 2025. Certes, le climat n’est pas au beau et l’inquiétude devant les événements habite nombre d’entre nous. Beaucoup de faits nous bousculent et nous laissent même parfois interloqués. Raison de plus pour essayer de nous placer dans la bonne optique.

Par un effet de la Providence, nous célébrerons cette année à la fois une année jubilaire, l’anniversaire du concile de Nicée et le centenaire de l’encyclique Quas Primas sur la royauté du Christ. Autant d’événements qui ne peuvent laisser indifférent un chrétien conséquent. Autant d’événements, surtout, qui soulignent l’importance décisive de la foi.

Profondément ancré dans les Saintes Écritures et la Tradition de l’Église, un jubilé constitue une invitation forte à la conversion. Je n’insiste pas ici sur l’encyclique Quas Primas autour de laquelle L’Homme Nouveau organise une année d’enquête. Je voudrais juste souligner que l’Année jubilaire 2025 et cette encyclique de Pie XI ne peuvent être déconnectées de ce préalable décisif qu’est la foi.

Et c’est ici que nous retrouvons l’anniversaire du concile de Nicée qui sera célébré en mai prochain mais qui mérite, par son importance et son actualité, que nous nous en emparions dès maintenant.

Parlons de Nicée

Ce concile (325), nous le savons, a donné ce qui devait devenir le Symbole de Nicée-Constantinople. Pour répondre à Arius, Nicée a introduit le terme « consubstantiel » pour affirmer que le Christ est bien de la même essence que le Père et qu’il est vraiment Dieu. C’est ici qu’il faut se souvenir de la phrase forte de saint Paul, si peu audible pour nos oreilles relativistes : « il faut qu’il y ait des hérésies ».

Heureuse erreur théologique d’Arius ! Elle a conduit l’Église à préciser sa doctrine, en définissant que les personnes divines sont de même essence. Mais malheureuse opiniâtreté du même Arius qui l’a mené à s’enfermer dans son erreur au point de se couper de la communion ecclésiale.

arius concile de nicée

Le premier concile de Nicée, par Michael Damaskinos (1591).

Quel rapport avec nous, en 2025 ? Arius et Nicée ne feront pas la Une des journaux. On ne se bat plus, aujourd’hui, pour des questions religieuses, sinon pour tenter de définir la juste place de l’islam dans nos pays occidentaux. La vérité n’a plus aucune importance, sinon celle du consensus démocratique. Au contraire, on se complaît à se déclarer hérétique, non plus sous ce terme religieux sans portée pour nos oreilles contemporaines, mais sous des vocables différents comme ceux d’anticonformiste, de rebelle ou de provocateur.

Ceux qui à la télévision ou à la radio donnent le ton du moment sont dans l’attitude précise que Chesterton décrivait déjà en 1905 :

« Non seulement le mot “hérésie” ne signifie plus être dans l’erreur, il signifie, en fait, être clairvoyant et courageux. Non seulement le mot “orthodoxie” ne signifie plus qu’on est dans le vrai ; il signifie qu’on est dans l’erreur. Tout cela ne peut vouloir dire qu’une chose, une seule : c’est que l’on ne s’inquiète plus autant de savoir si l’on est philosophiquement dans la vérité. »

« Qui ne gueule pas la vérité… »

La vérité ? Pilate s’en est lavé les mains tant son regard lui était insoutenable. Elle nous dérange nous aussi, tant elle est exigeante. Elle reste pourtant notre horizon et le moteur de nos vies. Dans son langage militaire, Péguy a eu une parole éloquente à son sujet : « Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires. » 

Il ne s’agit nullement de jouer les bravaches ou de se donner l’illusion d’être un redresseur de torts. Mais, puisque nous sommes dans l’année anniversaire du concile de Nicée, comment taire qu’Arius n’est pas mort et qu’il campe dans nos esprits et dans nos mentalités de catholiques ? La divinité du Christ n’est certes pas explicitement niée, mais elle est réduite à n’être qu’un mythe, une fable pour enfants, une donnée sans consistance.

L’horizontalisme s’est abattu sur le catholicisme et, partant, sur Jésus-Christ, réduit à la figure d’un grand modèle en humanité. Décisions synodales, déclarations épiscopales, homélies presbytérales sont tellement imprégnées de cet humanitarisme réducteur que l’on se met (presque) à rêver qu’un nouveau Maurice Clavel ait le courage de crier : « Dieu est Dieu, nom de D… »

Si nous devons garder un trésor à l’esprit tout au long de cette année 2025, c’est bien que le Christ est Dieu. Notre foi y est engagée et elle ne permet aucune abdication, aucune compromission, aucune capitulation.

 

>> à lire également : Bras de fer entre Donald Trump et le pape François ?

 

Philippe Maxence

Philippe Maxence

Ce contenu pourrait vous intéresser

Éditorial

Votre mission, si vous l’acceptez

Éditorial du Père Danziec | Dans son encyclique Redemptoris Missio, publiée en 1990, Jean-Paul II réaffirmait la valeur permanente du précepte missionnaire. En octobre 2025, le commandement vaut toujours. Un baptisé qui ne serait pas missionnaire ne pourrait se considérer comme un chrétien authentique.

+

mission
Éditorial

Notre quinzaine : cap sur notre 80e anniversaire !

Éditorial de Philippe Maxence | Cette fois la rentrée est bien faite, avec son lot de crises politiques, de manifestations et de blocages de la vie sociale. Pour L’Homme Nouveau, cette rentrée s’insère dans une perspective un peu particulière. Dans un peu plus d’un an, en effet, en décembre 2026 pour être précis, votre magazine célébrera son 80e anniversaire. C’est, en effet, en décembre 1946 que l’équipe des militants du mouvement « Pour l’unité », réunis autour du père Fillère et de l’abbé Richard, a lancé L’Homme Nouveau dans le but de servir la « seule cause de Dieu ».

+

anniversaire
Éditorial

Dieu donnera la victoire !

L’Éditorial du Père Danziec | « Dieu donnera la victoire » ? La belle affaire me répondrez-vous ! Mon Père, voyons, vivons-nous donc dans le même monde ?! Que faites-vous de la litanie de nos défaites depuis plus de deux siècles ? Et pourtant, il faut l’affirmer tout net et clairement : Dieu donnera la victoire ! Cette conviction intime qu’un jour les bons seront récompensés et les mauvais condamnés, n’est pas seulement une question de foi et de justice, elle constitue le socle même de l’espérance chrétienne.

+

dieu donnera la victoire
Éditorial

La paix du Christ, combat permanent

Éditorial de Maitena Urbistondoy du n° 1837 | Partout, sous des formes diverses, les chrétiens sont frappés. Mais quelle paix cherchons-nous réellement ? Certainement pas celle de la vengeance, ni celle de la complaisance. Les persécutions, les injustices, les insultes n'appellent pas la haine en retour. Elles sont l'occasion de manifester une autre force : celle de la charité, de la persévérance, de la fidélité.

+

paix du christ jubilé des jeunes
Éditorial

Ne pas se résigner !  

Éditorial de Philippe Maxence | À l’heure où nous nous apprêtons à reprendre des forces après l’épuisement de l’année, il nous faut non seulement prier pour le Pape et l’Église, mais également prendre la résolution ferme et constante de ne jamais nous résigner à la diminution de la foi, à la perte de l’espérance et au refroidissement de la charité.

+

enfant tablette NadineDoerle résigner