Notre quinzaine : Dieu sauve le Roi !

Publié le 17 Mai 2023
Roi

Le refrain appuyé de la chanson du 31 du mois d’août le rappelle sans ambages : le Français ne souhaite habituellement pas le meilleur au Royaume-Uni et à sa couronne. Depuis qu’ils ont brûlé Jeanne d’Arc, triomphé à Trafalgar, bombardé lâchement notre flotte à Mers el-Kébir, comment pourrait-il en être autrement ? « L’Angleterre, cette colonie française qui a mal tourné », raillait Clémenceau.

Adversaires historiques : on les appelle Rosbifs, Angliches ou Godons. Ennemis jurés : ils forment la « Perfide Albion ». Notre rivalité dépasse le millénaire : sur terre comme sur mer, dans les airs comme dans les stades, de Guillaume le Conquérant et la bataille d’Hastings au tournoi des Six Nations et le fameux Crunch  (nom donné au match phare de la compétition entre le XV de France et le XV de la Rose), nos voisins d’outre-Manche n’ont traditionnellement pas nos faveurs. Et réciproquement.

Certes, la splendeur de leurs parcs, la noblesse des villas victoriennes, leur art de servir le thé, l’élégance so british plaident en faveur du peuple britannique. Agatha Christi dépasse de loin Frédéric Dard et les Peaky Blinders ont quand même plus d’allure que les monte-en-l’air des Batignolles. Oui, même leurs voyous ont du style !

Mais la dimension insulaire, implacablement, les rattrape. La culture britannique revêt bien trop de particularismes pour que nous puissions nous sentir absolument complices ou spontanément en communion d’esprit. La cuisine anglaise, la conduite à l’envers, la rupture avec Rome depuis Henri VIII, décidément, ces anglais ne sont pas nôtres et nous ne sommes pas eux.

Ils « filent à l’anglaise » et nous cultivons le « panache à la française ». Ils entretiennent la perfection de leur James Bond et nous nous réjouissons du caractère désinvolte d’Hubert Bonisseur de la Bath. Avouons-le : plus qu’une mer, un monde nous sépare.

Pourtant, le récent couronnement du Roi Charles III a manifesté au monde combien les anglais nous dépassent infiniment dans la conservation de leurs traditions et le maintien de leur fierté nationale. Le sacre d’un roi, en 2023, voilà déjà une réalité à elle-seule atomique dans l’univers techniciste et horizontal auquel la société postmoderne nous soumet chaque jour.

Pour ce qui est de l’Hexagone, lorsque l’on constate, impuissant et désolé, combien une simple crèche dans une mairie « pose question » et secoue le landerneau médiatique, on imagine dans les salles de rédaction l’apoplexie générale que susciterait l’annonce d’une cérémonie royale à Reims.

La couronne britannique, n’en déplaise à ses détracteurs, se maintient au-delà des modes et des courants. Les plus grincheux diront que tout cet appareil ne relève plus que du carton-pâte, de l’attrape-touriste, que la famille royale ne représente qu’un vivier de sujets pour la presse à scandales. N’y aurait-il pas intérêt à poser un regard plus large sur cet événement qui dépasse de loin les concernés et les spectateurs que nous sommes ?

Mélenchon peut bien se moquer du « sirop dégoulinant de la monarchie », à n’en pas douter les millions de français qui ont vibré à la liturgie royale du couronnement devant leurs écrans semblent davantage fascinés par tant d’Histoire, de déploiements rituels, d’efflorescence de symboles que par le débraillé suffisant des députés de la NUPES.

Sur BFM TV, l’ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, distribuait quant à elle ses « windsors du ridicule », comme on remet des césars ou des molières. Sarcastique, elle fustigeait, sans nuance et méchamment, les ors du sacre royal de Charles III : vêtements de carnaval, oreilles décollées du Roi, cérémonie grotesque du balcon…

On n’a pas souvenir l’avoir entendue, lorsqu’elle était en fonction, s’indigner des mœurs du showbiz où l’indigence se dispute à la vulgarité, où l’outrance rivalise avec la provocation. A tout prendre, en matière d’élégance et de ridicule, heureusement pour Roselyne Bachelot que les français n’ont pas un choix à effectuer entre elle et Kate Middleton, la démocratie serait sans appel…

« Les rois sont des monstres », affirmait Robespierre. La Révolution, toute violente qu’elle fut, n’a pas réussi à supprimé l’esprit de cour. Dans l’univers républicain, des roitelets sans couronne continuent de gouverner sans partage et il arrive que des « barons » s’accaparent circonscription ou responsabilités locales au mépris du bien commun.

Mais le rejet du roi en cache un autre plus subtil, plus profond et, dramatiquement, plus grave : le rejet du Christ qui est le Roi des Nations et dont le règne n’est pas seulement spirituel. Si le sacre de Charles III donnait à chaque catholique français l’occasion de réfléchir sur le rôle qu’il a à jouer pour contribuer au règne social de Notre-Seigneur, alors – que mes ancêtres bretons me le pardonnent – c’est bien volontiers que je tonne à mon tour : « God save the King ! »

 

A lire également : Notre quinzaine : France, royaume de la Vierge Marie

Père Danziec +

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉditorial

Noël, l’inexplicable au risque de nos familles

L'Éditorial du Père Danziec | Les liens de famille, étroitement attachés à la célébration de Noël, doivent s’appuyer sur des repères solides, des sentiments nobles, des attitudes vraies où toujours l’emporte, dans les paroles et les actes, l’incarnation vivante d’un amour intact pour son prochain le plus proche. L’avenir des familles passe par la spiritualité de Bethléem.

+

famille Noël
ÉditorialSpiritualité

Jerzy Popiełuszko, un prêtre pour la patrie

Édito du Père Danziec | Éveilleur de consciences, le père Jerzy Popiełuszko aura jeté à la face du communisme et l’intrépidité de sa jeunesse et son amour du Christ. Lors de ses funérailles, un immense panneau sera suspendu au-dessus de son cercueil portant l’inscription: « Bóg – Honor – Ojczyzna / Dieu – Honneur – Patrie ».

+

Popiełuszko
ÉditorialChrétiens dans le monde

Jerzy Popiełuszko (1/3) : Prêtre jusqu’à la croix

Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité » | Jerzy Popieluzsko (1947-1984) est resté dans les mémoires à l’Ouest comme victime et martyr des dernières heures du communisme en Pologne. Simple prêtre, et malgré une santé fragile, il montra dès sa jeunesse et son service militaire un esprit de résistance aux persécutions du régime. Refusant de céder aux intimidations et poursuites, il persévéra dans la foi et le service de ses ouailles et compatriotes ce qui lui vaudra la haine finalement mortelle des communistes.

+

Popieluszko celebration Europeana 07 Popiełuszko
ÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Le Christ-Roi : pierre angulaire de la doctrine sociale de l’Église

Lettre Reconstruire n° 41 | Éditorial | Le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait Quas primas, une encyclique consacrée au Christ-Roi. Il y précisait la doctrine de l’Église à ce sujet et instituait une fête liturgique, fixée le dernier dimanche d’octobre. Importante liturgiquement, la royauté du Christ constitue aussi la pierre angulaire de l’enseignement social de l’Église.

+

Christ roi de l'univers christ-roi
Éditorial

Retrouver l’esprit chrétien 

Éditorial de Maitena Urbistondoy l Pie XII rappelle que l’Église, en tant que Corps mystique du Christ, est un repère stable, qui ne se laisse pas entraîner par les modes. Cette stabilité, ancrée dans la fidélité à sa mission divine, protège l’Église de l’inconstance des tendances passagères. Et c’est cet équilibre qui manque aujourd’hui : la fidélité aux vérités éternelles, qui ne se mesure ni au succès ni à l’acceptation du moment.

+

pie xii Edith stein église chrétiens
Éditorial

Notre quinzaine : La mort comme principe de vie

Éditorial du Père Danziec | Vivre vraiment, quel formidable privilège que de respirer à larges poumons, de parcourir l’existence à pleines enjambées et de croquer à ras bord le quotidien qui s’ouvre à nous sans relâche ! Vivre vraiment, non comme un épicurien mais comme un débiteur qui reçoit dans l’action de grâce le temps qui s’échappe et qui fuit. L’homme de foi sait qu’il tient la vie de son Créateur. Tout baptisé est appelé à voir dans chaque jour que Dieu fait une bénédiction.

+

vie

Vous souhaitez que L’Homme Nouveau poursuive sa mission ?