Notre quinzaine : France, royaume de la Vierge Marie

Publié le 03 Mai 2023
Vierge Marie de Botticelli

 

Dans une société un peu différente, ce pourrait être une question pour un concours grand public ou un jeu télévisé :

« Quel est le pape qui a consacré plus d’une dizaine d’encycliques au rosaire et à la Vierge Marie ? Donnez le chiffre exact ainsi que les titres (en latin) de chacune de ces lettres papales. »

Le pape au douze encycliques sur la Vierge Marie

Quand il est encore connu, Léon XIII l’est surtout pour l’encyclique Rerum Novarum, censée avoir donné naissance à la doctrine sociale de l’Église comme si cette dernière ne s’était jamais intéressée auparavant à la marche du monde, aux répercussions de l’organisation de la société sur la foi ou aux conditions de vie des plus pauvres.

Dans certains milieux, Léon XIII reste le pape du ralliement à la République, une politique mise en place par l’encyclique Au milieu des sollicitudes de 1892. Chez quelques spécialistes, on sait aussi qu’il fut l’acteur décisif du renouveau thomiste et qu’après la perte des États pontificaux, il fut le pape qui œuvra pour remettre l’Église dans le concert des nations.

Il y a bien longtemps aussi que ses grandes encycliques doctrinales (Immortale Dei, Libertas Praestantissimum, Æterni Patris, etc.) sont (hélas) oubliées et que l’image qui surnage de lui est celle d’un vieillard qui, élu à 67 ans, restera vingt-cinq ans sur le siège de Pierre.

Ce pape, que l’on a dépeint à la fois comme un intellectuel et comme un diplomate, fut pourtant un homme d’une grande piété mariale. C’est lui le pape aux douze encycliques consacrées à la Vierge Marie dont onze au seul rosaire, entre 1883 et 1898. Il donna ainsi une forte impulsion au catholicisme mondial pour qu’il développe le recours à la Mère de Dieu. C’est dans ce sens d’ailleurs qu’il consacra le mois d’octobre au rosaire.

Le mois de la Vierge Marie

Le mois de Marie, que nous allons vivre pendant tout ce mois de mai, est pour sa part une dévotion beaucoup plus ancienne qui prend sa source dans la substitution d’une fête païenne. Il se développa au Moyen Âge, notamment en Castille, avant que les jésuites le répandent depuis Rome dans toutes leurs missions.

Il semble que la France ne le découvrit vraiment que peu avant la Révolution et que, dans notre pays, cette dévotion se répandit surtout à partir de la Restauration, dans le cadre de la reconquête catholique du pays, traumatisé par la secousse révolutionnaire.

Mais c’est le pape Pie VII qui, en 1815, donna une impulsion décisive, non seulement en encourageant publiquement la dévotion du mois de Marie mais en accordant 300 jours d’indulgence à ceux qui honorent en public et en privé la Vierge Marie pendant ce temps qui lui est spécialement consacré.

Dans la foulée, d’autres mois reçurent aussi une orientation particulière : juin fut dédié au Sacré Cœur (Pie IX) et octobre au rosaire (Léon XIII). En 1965, Paul VI consacra, pour sa part, une encyclique au mois de Marie pour inviter les chrétiens du monde entier à prier aux intentions du Concile et pour la paix dans le monde.

Surtout, comment oublier que la Vierge Marie apparut à Fatima un 13 mai (et un 13 octobre, mois du rosaire) pendant ce mois qui lui est spécialement consacré !

Un abrégé de la théologie chrétienne

De tout temps, le recours à la Vierge Marie fut moqué, soit comme un ensemble d’actes naïfs renvoyant à l’enfance, soit comme une sorte d’idolâtrie, péché contre Dieu condamné par les Saintes Écritures.

Depuis longtemps, l’Église, par la voix de son magistère et par ses saints, a répondu à ces accusations ou à ces moqueries. Le sensus fidei ne s’est d’ailleurs pas laissé prendre à ce piège grossier.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort a parfaitement résumé ce qu’était la prière à Marie :

« La Salutation angélique résume, dans l’abrégé le plus concis, toute la théologie chrétienne sur la Sainte Vierge. On y trouve une louange et une invocation. La louange renferme tout ce qui fait la véritable grandeur de Marie ; l’invocation renferme tout ce que nous devons lui demander, et ce que nous pouvons attendre de sa bonté pour nous » (Le Secret du Rosaire).

Associé à la méditation de la vie du Christ, cet « abrégé » de la théologie chrétienne est aussi une arme spirituelle à laquelle nous n’hésiterons pas à recourir.

Le pape Léon XIII, pour en revenir à lui, soulignait dans l’une de ses encycliques portant sur le rosaire (Laetitiae Sanctae du 8 septembre 1893) que cette arme spirituelle n’avait pas seulement une portée individuelle mais aussi politique. Elle ne remplace certes pas l’action politique, mais la soutient et l’oriente vers le vrai bien. En ce mois de mai, nous prierons donc spécialement pour la France, Regnum Mariae !

 

Philippe Maxence

Philippe Maxence

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