Après l’Ukraine et l’Arménie, c’est au tour du Proche-Orient, de la Terre Sainte, de s’enflammer à nouveau. L’attaque ignoble du Hamas contre Israël a suscité l’émotion de la communauté internationale et entraîné son cortège de condamnations. L’assassinat de civils et la prise en otage de survivants sont scandaleux et inacceptables. Comme l’a déclaré le patriarche de Jérusalem : « Nous condamnons sans équivoque tout acte qui vise des civils, quelle que soit leur nationalité, ethnie ou foi. »
Terre Sainte : retour à l’Histoire
On ne peut cependant rien comprendre aux événements dans cette partie du monde sans recourir à l’Histoire. Il ne s’agit pas ici d’entrer dans la recherche vaine de « qui a commencé » mais plutôt de tenter d’en saisir le contexte sur un temps plus long que celui de l’immédiateté.
Dès la fin du XIXe siècle, des émigrés juifs, fuyant principalement la Russie, s’installèrent en Palestine. À la même époque, un courant politique, de tendance nationaliste, le sionisme, émergea au sein de la population juive.
Son but ? Le retour en Palestine et la création d’un État d’Israël. La déclaration du ministre britannique Balfour en 1917, annonçant « l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif », lui apporta un soutien décisif, validé en 1922 par la Société des Nations. Dans le même temps, les Britanniques promettaient également un État indépendant aux Arabes.
La suite ? La folie nazie accentua l’immigration juive vers la Palestine. Fin 1947, l’Onu mit fin au mandat britannique sur ce territoire et se prononça pour la création d’un État juif et d’un État palestinien, Jérusalem devant rester sous contrôle international. Alors que les troupes britanniques venaient de quitter le sol palestinien, l’État hébreu fut proclamé le 14 mai 1948. Le lendemain, la guerre israélo-arabe éclatait. Malgré des temps d’accalmie et la création de l’Autorité palestinienne, elle n’a pas vraiment cessé depuis.
La responsabilité de l’Occident
La responsabilité de l’Occident dans cette situation est grande. Nous avons lavé notre mauvaise conscience dans le sang répandu en Palestine.
Spécialiste du terrorisme, Jacques Baud rappelle
« qu’en 1946, la population en Palestine comptait environ 1 846 000 âmes, dont 1 203 000 Arabes (65 %) et 608 000 Juifs (33 %) ; avec une population arabe essentiellement autochtone et une population juive en majorité issue de l’immigration (…). Par ailleurs, la population arabe possédait alors 85 % des terres et la population juive moins de 7 %. Mais la Commission spéciale des Nations unies sur la Palestine (UNSCOP) proposa néanmoins une répartition du territoire à raison de 55,5 % pour la population juive et 45,5 % pour la population arabe. » (Jacques Baud, Terrorisme, mensonges politiques et stratégies fatales de l’Occident, pp. 31-32, éditions du Rocher, 424 p., 21 €)
Dans Le Figaro (10 octobre 2023), Ami Ayalon, ancien responsable du service de renseignement intérieur israélien, souligne la permanence de cette situation :
« Aujourd’hui encore, Israël refuse d’admettre que les Palestiniens sont un peuple. Le développement économique ne leur suffira pas. Ils veulent la liberté, ils veulent voir la fin de l’occupation. »
Une offense à Dieu et à la justice
Nous sommes face aujourd’hui à un Occident qui dénonce les effets d’une situation qu’il a créée sans vouloir remonter aux causes profondes de cette tragédie. Il est vrai qu’à vue humaine il est difficile d’entrevoir une porte de sortie.
Comme l’a écrit le 8 octobre dernier, dans le grand quotidien espagnol ABC, l’écrivain Juan Manuel de Prada : « La situation des Palestiniens – parmi lesquels se trouvent de nombreux chrétiens – est une offense à Dieu et à la justice d’une ampleur cosmique. »
De son côté, Jacques Baud l’indique d’une autre manière, par l’exemple de toute une unité du service de renseignement israélien qui a refusé « d’aller servir dans les territoires occupés, arguant que les activités de renseignement contre la population palestinienne enfreignent les règles de l’éthique » (Jacques Baud, Terrorisme, mensonges politiques et stratégies fatales de l’Occident, p. 36)
Demain en Terre Sainte ?
À l’heure où nous écrivons, les populations civiles palestiniennes et juives sont les véritables victimes d’une escalade violente et désespérée née de l’injustice.
Celle-ci, d’où qu’elle vienne, ne peut être réparée par une autre injustice. L’inhumain par l’inhumain.
Ce que sera demain nous est inconnu, même si les ingrédients se mettent en place pour un embrasement de cette région du monde, et peut-être même au-delà. Les esprits sont souvent plus lents à évoluer que les événements.
Comme l’Église le crie, il faut prier pour le retour de la paix et l’instauration de la justice en Terre sainte. Il faudra aussi que s’instaure un ordre politique, conforme aux principes traditionnels et fondé sur la justice, capable de conduire à la vraie paix. Il est plus que temps, en effet, de revenir à la sagesse de saint Augustin proclamant que « les royaumes sans la justice ne sont que des entreprises de brigandage » (La Cité de Dieu).