La rentrée scolaire a été marquée par une querelle de vêtements, on n’ose pas dire une bataille de chiffons. D’un côté, la question soulevée par le port de l’abaya et de l’autre, celle d’un retour possible de l’uniforme à l’école.
Comme il se doit dans notre système démocratique, ces sujets ont été traités à l’aune des approches idéologiques. Face aux islamistes qui tentent par le biais de l’abaya une offensive visant, par l’application de la théorie du cliquet, à rendre irréversible la visibilité d’un islam conquérant, les partisans de la laïcité se sont épuisés à faire appel aux valeurs de la République. Prise dans ses contradictions, celle-ci n’arrive pourtant pas à sortir du piège dans lequel elle s’est elle-même placée au nom de l’égalité entre toutes les opinions. Face à la tentative de réponse laïque, présentant l’abaya comme un vêtement religieux, la réplique a surgi : il ne s’agit pas d’une robe confessionnelle.
L’importance sociale du vêtement
Vrai ou non, la question n’est en fait pas là. La France est un pays de culture européenne. Ses mœurs, jusqu’à l’habillement, ont été façonnées par une vision de l’homme et de la femme qui implique notamment la différenciation de genre, le respect de la pudeur, une certaine aisance et une liberté de choix dans le respect de l’usage social du vêtement. On ne s’habille normalement pas de la même façon pour aller à la messe que pour participer à une rencontre de sport.
Nous l’avons certes oublié et l’abaya constitue aussi (pas seulement) une réaction au laisser-aller occidental. C’est une réaction déséquilibrée, insérée dans une offensive qui vise, en utilisant le pluralisme républicain, à transformer visiblement les mœurs européennes.
Il fallait bien sûr réagir à cette offensive, mais une simple réaction reste inefficace si elle ne s’appuie pas sur une vision claire de ce qui fonde le vêtement européen et l’habillement que l’on porte en société, notamment à l’école. Les jeans troués, les vêtements indécents, ceux qui servent de support à des marques commerciales ou qui exaltent des figures criminelles (Che Guevara) révèlent aussi une partie du problème.
L’uniforme, le vêtement d’une solution ?
L’uniforme à l’école peut-il le résoudre ? En partie, peut-être ! Encore ne faut-il pas attendre d’un moyen qu’il apporte à lui seul la solution à un problème plus profond qui se situe au niveau des principes régissant la société.
On le perçoit avec l’idée d’Emmanuel Macron d’utiliser le jean comme élément d’uniforme. Outre le fait que l’on ne voit pas pourquoi le chef de l’État imposerait dans une vision jacobine un vêtement à toutes les écoles, sans laisser à celles-ci le choix de constituer leur propre tenue, le jean est en fait déjà un uniforme pour une grande partie de la population. Il n’apporterait donc aucune différenciation entre la vie dans l’enceinte scolaire et en dehors de celle-ci.
Il est par ailleurs le symbole d’une culture qui s’est imposée, elle aussi, à l’Europe après la Seconde Guerre mondiale et qui implique une certaine soumission à une culture anglo-saxonne.
Là encore, un ordre politique qui s’appuie sur l’égalité entre toutes les opinions en dehors de tout rapport avec la vérité et le réel ne peut régler de tels problèmes, lesquels impliquent de changer radicalement les principes qui nous gouvernent. Si l’urgence exige de répondre à certains problèmes, il conviendrait aussi de travailler à revenir à des principes plus en phase avec la loi naturelle.
Du nouveau à L’Homme Nouveau
Je ne voudrais pas terminer cet éditorial de rentrée sans tenir nos lecteurs au courant d’une nouvelle étape dans la vie de leur bimensuel. Il me revient en effet de vous annoncer que Maitena Urbistondoy a été nommée rédactrice en chef de L’Homme Nouveau. Après des études à l’ICES et à l’Angelicum à Rome, Maitena s’est d’abord consacrée à l’enseignement, habitée par la soif de transmettre. Avec cette même volonté, elle a rejoint la rédaction de L’Homme Nouveau au sein de laquelle elle a su déployer ses talents d’organisatrice et mener à bien conjointement le travail de rédacteur et de responsable de rubrique.
Dans la foulée, il était normal qu’elle accède au poste de rédactrice en chef, avec la mission de renouveler notre magazine dans la fidélité à notre ligne éditoriale. Elle assume également la rédaction en chef de notre site Internet, renforçant ainsi la cohérence entre ces deux supports.
Pour ma part, comme directeur de la rédaction, je reste évidemment en appui de notre jeune rédactrice en chef et je m’occuperai par ailleurs de développer nos autres produits (hors-série, livres, vidéos, etc.). Comme vous le voyez, avec le soutien de nos fidèles lecteurs, L’Homme Nouveau n’a pas dit son dernier mot…