« Nous, enfants », des jeunes pour défendre la famille devant l’Onu

Publié le 05 Août 2020
"Nous, enfants", des jeunes pour défendre la famille devant l'Onu L'Homme Nouveau

C’est au printemps 2020 que le mouvement « Nous, enfants » voit le jour. Émanation de l’association « Juristes pour l’enfance » créée à l’initiative de l’avocate et écrivain Aude Mirkovic. Cette nouvelle initiative a pour objectif de porter devant l’ONU la voix des jeunes de moins de 18 ans, désireux de s’exprimer et d’échanger sur les questions de société telles que l’Éducation nationale, la bioéthique, la famille, l’éducation à la sexualité et à l’affectivité. 

Élan courageux d’une jeunesse parfois en manque d’écho, le mouvement « Nous, enfants » se veut dans la même énergie que sa grande sœur « Juristes pour l’enfance », et s’inscrit dans une pensée philosophique critique à l’égard des droits de l’homme, qui deviennent droit-de-l’hommisme quand ils tendent à vouloir « organiser le monde humain indépendamment de toute référence à un ordre naturel, ou à la nature de l’homme », pour reprendre les mots du philosophe Pierre Manent[1]

Afin de donner un plus large écho à son action, l’association a réalisé pendant le confinement un questionnaire intitulé : « Toi, enfant, exprime-toi ! », permettant d’opérer de façon anonyme un sondage auprès d’un échantillon de 1500 jeunes de tous horizons âgés de 10 à 18 ans, à travers les réseaux sociaux et sur l’ensemble du territoire.  Le rapport que l’association a rendu public ce mois-ci à l’attention de l’ONU s’articule autour de 35 articles sur une quarantaine de pages. Il faut noter l’ampleur du travail fourni par une équipe dynamique de 14 enfants de tous milieux sociaux, supervisés entre autres, par deux jeunes étudiantes en droit de 22 ans, Jeanne et Aurélie. Cette dernière d’expliquer : « Ce projet m’a permis d’apprécier le cotés concret du droit, travailler sur un véritable contenu qui fait sens motive mon choix d’orienter mes études vers le droit de la santé ».

L’intérêt qu’ont montré les jeunes qui ont participé à cet entretien montre les carences en communication des institutions étatiques en matière de droit des enfants. Beaucoup des jeunes ayant collaboré à ce questionnaire ont découvert la Convention internationale des Droits de l’Enfant, mettant parfois, par ce fait même, leurs parents au courant de l’existence de ce traité fondamental, adopté à l’unanimité par les Nations Unies en 1989.    

Ce rapport révèle une autre facette de ces jeunes, qui se confient à propos de la méfiance qu’ont certains de leurs professeurs à leur égard à cause de leurs idées, voire à propos de la discrimination dont ils font l’objet auprès d’une partie du corps professoral. Nourris par une certaine philosophie moderne et pensée dominante, les professeurs voient dans ces enfants qui ont une certaine attitude, savoir-vivre et savoir-être et façon de dire la vie, une forme d’archaïsme idéologique. L’association invite l’État à « sensibiliser les professeurs à traiter de manière égale les enfants malgré les positions de ces derniers concernant des sujets religieux sociaux ou politiques ».

Autre point clef abordé dans le questionnaire de l’association « Nous, enfants », l’intérêt supérieur de celui-ci qui n’est pas suffisamment pris en compte, à en croire les réponses au quextions relatives au handicap et du regard que l’on pose sur celui-ci. Arrêtons-nous au handicap et à la gêne que cela peut causer ? Ou prenons-nous le temps de considérer cet être bien comme une personne et non comme étant juste une maladie ou un handicap ? Se pose alors forcément la question de la transcendance, mais également de la survie de cette humanité.  

Nous notons également que la PMA ainsi que la GPA inquiètent près de 90 % des participants à ce sondage. Pour nombre d’entre eux, ces processus scientifiques ne respectent pas les droits des enfants à connaître leurs parents, leurs filiations, leurs origines réelles. La GPA est perçue quant à elle comme l’industrialisation du corps de la femme. Beaucoup déplorent que ces mesures ne servent que les intérêts des adultes.

L’interruption volontaire de grossesse est aussi victime de son malheureux succès et triste réalité auprès de ces  jeunes, près de 88 % des enfants sont affectés par cette pratique qu’ils jugent criminelle. Certains expriment dans leurs messages un malaise profond quant à cette issue qui leur semble, dans notre société, être la seule solution envisageable. Nous pouvons dès lors comprendre l’idée sous-jacente de ce trouble, liée à une coercition sociale devenue de plus en plus opérante au sein de nos institutions et médias. Mais, comme le dit Aude Mirkovic, « Je suis ravie d’initier des jeunes de moins de 18 ans à la “politique”, de leur donner un moyen de s’engager. C’est très bien, car nous n’avons pas 10 ans pour former la relève. Ils ont réalisé qu’il leur était possible d’être acteurs de la vie en société et de défendre des positions jusqu’à l’ONU. Les jeunes se sont emparés de ce projet d’une manière qui fait plaisir à voir, c’est une très bonne expérience pour eux et un investissement pour l’avenir. Leurs discussions les ont obligés à aller au bout de leurs positions sans maltraiter les autres. Leur questionnaire a été très largement relayé via Facebook, instagram et autres réseaux : les jeunes n’ont pas tous répondu dans le même sens, loin de là, mais pour tous cela a été l’occasion de se poser quelques bonnes questions, et c’est déjà un grand pas. » 

Bien d’autres thèmes sont abordés dans cet examen soigné, comme l’exposition à la pornographie, la liberté d’expression, ou encore la prise en compte de l’intérêt des enfants dans des décisions le concernant. Enfin, saluons cette initiative qui nous réconcilie avec cette jeunesse qui n’attend que d’être bien gouvernée et cherche des reprères que seule la famille, entendue dans son sens le plus traditionnel, peut donner.     

Les adultes ne peuvent être sourds à l’appel des générations suivantes, comme l’explique e sociologue et ethnologue François-Robert Zacot  : « L’important est aussi de ne pas laisser croire que nos façons de faire sont autorisées parce que nous les pratiquons ; l’important est de se rendre compte que l’enfant nous renvoie aux bonnes questions ».

Ce rapport sera présenté ce mois au Comité des droits de l’enfant de l’ONU — qui a elle-même encouragé cette pratique — dans le cadre du sixième examen périodique de la France concernant son respect des droits de l’enfant.   

 

[1]  La loi naturelle et les droits de l’homme, Pierre Manent, PUF 

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