Nous sommes en guerre

Publié le 14 Nov 2015
Nous sommes en guerre L'Homme Nouveau

Nous reproduisons ci-dessous un extrait de notre éditorial du 17 janvier dernier, aux lendemains de l’attentat contre Charlie Hebdo et l’Hypercasher de Vincennes. Alors que nous lisons – stupéfaits – ce matin que cette fois la France  est vraiment en guerre, nous constatons que c’est malheureusement ce que nous annoncions déjà dans nos colonnes le 17 janvier dernier.

Reprendre l’initiative

La guerre fait des victimes; elle est douloureuse, violente et terrible. Mais elle s’impose à nous. Dès lors, il faut la mener, et la mener jusqu’au bout, avec les sacrifices nécessaires, dans le respect de la justice et en vue du bien commun. Notre pensée aujourd’hui va vers les victimes de l’attentat de ce vendredi 13 novembre, vers les familles frappées par le deuil et l’inquiétude. Nous prions pour elles, pour notre pays, pour la paix. Nous prions également pour que le courage, la détermination, le sens de la véritable justice et le souci du bien commun habitent les dirigeants occidentaux et, singulièrement, ceux de notre pays.

Notre paralysie

Mais si nous souhaitons que les véritables leçons soient tirées de cet événement tragique, il est urgent également de prendre conscience de l’incapacité du système moderne, tel qu’il est incarné aujourd’hui en France, à permettre la réalisation du bien commun dont la sécurité intérieure est l’un des éléments constitutifs. Dans L’Humanisme politique de saint Thomas d’Aquin, le père dominicain Louis Lachance écrivait très justement :

« Si le régime est mauvais, il faut le réformer, et s’il est irréformable, il faut voir à le remplacer par un meilleur. Si cela est immédiatement impossible, c’est une raison de plus de s’empresser de créer les conditions qui puissent rendre le changement possible ».

Nous devons retrouver de toute urgence les principes sains qui permettent une vie politique ordonnée au bien commun et nous comptons, à L’Homme Nouveau, y travailler, à notre place. Dans un monde globalisé, aux interactions nombreuses, il nous faut comprendre que non seulement une guerre nous est menée, mais que ce n’est pas nous qui choisissons l’ennemi. Les fautes de l’Occident au Proche-Orient sont nombreuses et sont à l’origine de la situation cahotique et mortelle d’aujourd’hui. Mais désormais c’est l’adversaire qui désigne l’ennemi. Il faut donc une réaction qui prenne acte de ce fait. 

Extrait de l’éditorial du 17 janvier 2015

Il aura fallu l’odieuse attaque contre Charlie Hebdo pour que la France prenne conscience que nous étions en guerre. Et que la guerre fait mal ! Qu’elle n’est pas indolore et qu’elle est même sanglante. Mortellement sanglante ! Terrible dérision, c’est le jour de l’ouverture des soldes, moment cultuel de notre société du confort marchand, que des hommes ont tué douze personnes. Le rapprochement paraîtra scandaleux. Et, pourtant ! Aux yeux de beaucoup, l’Occident n’est devenu qu’un vaste supermarché d’où le sacré a été évacué quand il n’a pas été mis en vente entre Miss France et les préservatifs.

Que les assassins aient été Français ne changent rien à la tragédie. Ils ont agi au nom d’Allah afin de venger la figure principale de l’islam. Même s’il a parfois dégagé une sagesse, celui-ci s’est toujours imposé par les armes. Cet attentat démontre ainsi que la laïcité et la dérision sont incapables de lui ré- pondre. À une soif de divin, même déréglée, on ne réagit pas par l’évacuation de Dieu.

À ce titre, le catholicisme français porte une terrible responsabilité. À force de déserter l’évangélisation, de battre notre coulpe sur la poitrine de nos ancêtres, de diluer le message du Christ dans des slogans débiles ou dans des liturgies à l’horizontalité navrante, nous avons laissé s’installer un islam qui, quelle que soit la bonté des individus, est appelé à développer son dynamisme propre. Nous avons laissé défigurer le christianisme en laissant croire que toutes les religions se valent. Mais croyons-nous encore vraiment dans le Credo que nous proclamons chaque dimanche ? Avons-nous prêché le Christ à ceux qui peuplent aujourd’hui nos banlieues ? Seul le christianisme affirme que Dieu est amour. On meurt aujourd’hui de l’oublier.

(…) La tragédie de notre époque appelle un retour à la foi qui doit également s’incarner dans des institutions, garantes d’une vraie justice et du bien commun. 

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéFin de vie

Euthanasie : Vers l’accélération du processus de liquidation

L'Essentiel de Joël Hautebert | L’Assemblée nationale a voté le 27 mai en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, franchissant un pas décisif vers la légalisation de la mise à mort des plus fragiles. Cette loi entérine la résurgence d’une culture de mort où la dignité humaine cède devant l’idéologie du « libre choix ». Un parallèle saisissant avec les dérives eugénistes du siècle dernier. 

+

euthanasie
SociétéFin de vie

Fin de vie : vers un basculement éthique et anthropologique

Le 27 mai dernier, l’Assemblée nationale a franchi un cap inédit en adoptant en première lecture la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Derrière le vernis d’un prétendu « droit à l’aide à mourir », ce texte consacre un basculement anthropologique majeur, où le soin cède la place à la mort médicalement provoquée.  

+

euthanasie député loi fin de vie
Société

Émeutes, vandalisme et fracture sociale : un climat explosif en France

À la suite des émeutes du 31 mai, au soir de la victoire du Paris Saint-germain (PSG), la comparution des premiers émeutiers ce lundi 2 juin a surpris par la légèreté des peines prononcées. Alors que le pays panse ses plaies (deux morts, un policier dans le coma, et le patrimoine touché), un climat de violence s’installe.

+

émeutes
SociétéLectures

La quête de l’âme

La Carte blanche de Judith Cabaud | Dans son livre De l’âme, bref recueil épistolaire, l’académicien François Cheng y qualifie la vie de Simone Weil d’un « cheminement vers l’âme ». Dans des manuscrits confiés à Gustave Thibon au moment de s’enfuir devant l’avancée du IIIe Reich, Simone Weil passe du substantif « esprit » à celui d’« âme » qui semble devenir sa préoccupation centrale, selon François Cheng.

+

âme Simone Weil