Discours du Pape aux consacrés de Corse : « Ce n’est pas moi qui suis au centre, c’est Dieu »

Publié le 23 Déc 2024
pape corse
En visite en Corse pour le Congrès sur la religiosité populaire, le pape François a pris un temps pour prier l’Angélus avec les évêques, les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les séminaristes.

 

Dimanche dernier, le Pape se rendait à Ajaccio pour clôturer le Congrès sur la religiosité populaire en Méditerranée. Il a célébré la messe en la cathédrale de l’Assomption, patronne de la Corse, puisque Napoléon était né un 15 août. Le Pape commence, pendant l’Angélus du 15 décembre, par remercier.

On sait l’importance pour lui du petit mot « merci » qu’il ajoute volontiers à ceux de « s’il vous plaît » et de « pardon ». Eux trois forment une belle trilogie pour la vie spirituelle et nous aident dans notre chemin vers la sainteté qui est la volonté de Dieu sur nous, comme l’affirme saint Paul. Et du « merci », le Pape passe directement à la grâce de Dieu, fondement de la foi chrétienne et de toute consécration dans l’Église.

La transmission de la foi est obligatoire : « Allez de toutes les nations faites des disciples. » Par nature, l’Église est missionnaire. De nos jours pourtant, cette transmission de la foi se heurte à de nombreux obstacles, surtout dans notre vieille Europe. Chaque chrétien qui se veut fidèle s’en rend compte chaque jour, d’autant plus qu’à côté de la persécution rouge largement diffusée aujourd’hui, existe la « persécution en gants blancs », pour reprendre une expression du Pape souvent employée.

Cette persécution sévit dans notre pays au nom de la laïcité et nous le savons bien. Le nonce y a fait allusion il y a quelques jours. Le Pape se souvient alors d’un film : La musique oui, mais le musicien non. On disait déjà cela de Jean-Paul II : on veut bien du chanteur mais pas de la chanson. Il faut transmettre la foi. Aujourd’hui, les moyens pour le faire sont très pauvres, mais cette pauvreté est en réalité une richesse, car cela nous prouve que sans le Christ, nous ne pouvons rien faire (cf. Jn, 15, 5).

Pour transmettre la foi, nous devons mettre le Christ au centre et pas nous. Nous devons demander cette grâce chaque jour dans notre prière : Seigneur, mettez-vous au centre et pas moi. Le danger de la vanité qui découle de la mondanité nous guette tous et toujours. Ne faisons jamais le paon. Ne nous regardons jamais nous-mêmes, mais regardons toujours Jésus et regardons Jésus par sa Mère.

Mais attention ! Si le primat de la grâce est absolument nécessaire, cela ne signifie pas que nous devons nous croiser les bras et nous reposer tranquillement sans assumer nos responsabilités, c’est-à-dire sans faire fructifier les talents que nous avons reçus. Comme le dit saint Augustin : « Celui qui nous créés sans nous ne nous sauve pas sans nous. »

Nous ne devons jamais oublier le Seigneur. Le Pape insiste particulièrement sur la prière du soir et une visite à la chapelle (il s’adresse aux prêtres). De même qu’il faut savoir dire merci à Dieu, il faut savoir aussi lui dire au revoir. Nous ne devons jamais mésestimer le regard intérieur, pour ne jamais être broyés par l’activité mondaine et extérieure. Nous devons certes prendre soin de nous, mais des autres aussi et la réciproque est vraie. Un prêtre qui négligerait son âme et le travail de sa propre conversion, sous prétexte qu’il y a tant à faire pour secourir les pauvres, aurait tort et il ne tarderait pas à s’en apercevoir.

Le Pape insiste alors sur la nécessité de prendre soin de soi. En effet, la vie d’un prêtre ou d’un religieux s’exprime par l’offrande totale de soi à Dieu pour les autres, mais plus un prêtre, un religieux ou une religieuse se donne et se dépense pour le Royaume de Dieu, plus il est nécessaire qu’il prenne aussi soin de lui spirituellement.

C’est pour cela que la fidélité à la Règle de vie demeure absolument capitale. C’est pour cela aussi que tout chrétien a besoin dans la journée d’un vrai moment de solitude où il est seul avec Dieu, dans un colloque intime, né d’une véritable amitié avec lui. Cela évitera les guerres et les rivalités qui peuvent naître même dans les maisons religieuses, les paroisses ou entre chrétiens.

Demandons à la Reine de la paix de prendre soin de notre âme pour pouvoir prendre soin des autres.

 

>> à lire également : Avent, Noël : des termes déchristianisés

 

Un moine de Triors

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