Dans son dernier livre, Le Moment est venu de dire ce que j’ai vu, Philippe de Villiers explique les causes de la crise que nous traversons et dévoile les dessous des cartes, décrivant comment fonctionne le système oligarchique qui régit nos sociétés occidentales depuis le commencement des années 1970.
Il montre comment le pouvoir s’est déplacé, comment le système représentatif est devenu une coquille vide, comment les instituts de sondage guident le choix des électeurs. Il décrit l’influence prépondérante exercée par les multinationales, « sans scrupules » (J. Goldsmith) dont le but est d’accroître sans cesse, et par tous les moyens, leurs profits.
Dénonciation des dérives
Derrière chaque directive européenne se cache un lobby qui a réussi à imposer comme norme ses propres critères de production. Il décrit les étapes de la destruction de notre agriculture. Il épingle la puissance des multinationales agro-alimentaires et chimiques qui empoisonnent nos sols, nos eaux, notre alimentation, nos abeilles, faisant courir à la population de graves dangers sanitaires. Il montre comment furent détruits les « murs porteurs » de notre société, comment furent méthodiquement sacrifiées sur l’autel du profit la nation, la famille et la vie. Il rappelle à cet égard, citant le professeur Jérôme Lejeune auquel il rend hommage, que « la question de la vie commande toutes les autres ».
La dimension spirituelle de la crise actuelle et du combat qu’il faut mener pour la surmonter est mise en valeur avec beaucoup de pertinence. Le retour de l’« espérance française » passe par le retour à la transcendance. Villiers montre la connivence profonde existant entre des multinationales et les associations subversives qui s’attaquent à la famille, au mariage et au respect de la vie. Ainsi, apprend-on que l’International Lesbian and Gay Association a reçu en 2014 une subvention de 1,4 million de la part de la Commission européenne, auxquels s’ajoutent des aides de l’administration américaine et du financier George Soros. Le but poursuivi : dessiner une société nouvelle constituée d’individus isolés, sans racines et sans liens de famille, « tournant sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs » (Tocqueville), procurés par la consommation. À l’heure où l’Europe est directement menacée d’invasion, Villiers raconte aussi, s’appuyant sur le témoignage de l’ancien ministre Raymond Marcellin, que le grand patronat est venu en 1972 « exiger » du président Pompidou d’ouvrir les vannes de l’immigration afin d’exercer une pression sur les salaires. Deux ans plus tard était institué le regroupement familial…
Aujourd’hui le pouvoir n’est plus exercé par la présidence de la République et par le Parlement mais par des instances supranationales, comme le groupe Bilderberg ou la Commission Trilatérale, fondée en 1973 par Rockefeller et Kissinger, véritable parlement oligarchique, composé d’hommes politiques, de grands patrons, de financiers de haut vol, cooptés, qui, deux fois l’an, se réunit pour déterminer les grandes axes de la « gouvernance mondiale ».
Les vrais gouvernants
Le président du Conseil européen dut ainsi subir de la part de cette commission un véritable entretien d’embauche avant d’être nommé. « Ce sont eux qui nous gouvernent », confia un jour à Villiers le Premier ministre François Fillon. Et Villiers d’ajouter : « En 2015, Alain Juppé a été agréé au Bilderberg qui s’est réuni en Autriche ». Le scénario de l’élection de 2017 est écrit. Les urnes sont pleines, il n’y a plus qu’à les jeter à la mer.
Face à ce système verrouillé, Philippe de Villiers invoque les mânes de son ami Alexandre Soljenitsyne et invite à constituer des réseaux de « dissidents » déterminés à résister, quel que soit le prix à payer, pour défendre la liberté, la santé et la vie de leur famille, pour travailler à la renaissance de la France. Nul doute que ceux qui croient encore, de bonne foi, pouvoir recourir à la stratégie de l’entrisme chercheront, après avoir lu ce livre, à mieux user de leur talent et de leur énergie, en travaillant activement à la destruction de ce Mur invisible que le système a bâti autour de nous. Ce livre est un ordre de mobilisation générale pour la restauration de l’« espérance française ». À lire absolument.
Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Albin Michel, 352 p., 21,50 €.