Entretien | Prêtre et docteur en philosophie, l’abbé Renaud de Sainte Marie s’interroge dans La Supercherie du Genre sur la pensée du « métagénisme » qui sous-tend la tentative d’imposer sans débat l’ « identité de Genre » à la société.
| La question du Genre est désormais très présente dans notre société. Comment percevez-vous le débat actuel, et pourquoi avoir voulu apporter votre pierre à l’édifice ?
Le mot débat me semble hors de propos dans le contexte actuel. La sortie du livre Transmania et ce qui se passe depuis le démontre. Ce livre à grand tirage et forte exposition médiatique a valu à ses auteurs (Dora Moutot et Marguerite Stern) un lynchage médiatique et, encore la semaine dernière, le bâtiment de l’ISSEP qui devait recevoir une conférence de Marguerite Stern a été purement et simplement vandalisé. Et ce n’est pas un cas isolé. Mais si l’on veut dépasser et le terrain de la rue où les arguments en restent à l’invective et à la violence physique, et l’espace médiatique recouvert par les aboiements des petits propagandistes, il faut prendre du recul. Et c’est exactement dans cette perspective que j’ai envisagé d’écrire mon livre il y a deux ans. Cela fait quelques années que j’observe et la diffusion de ces idées délétères et les réponses qui y sont apportées. Or une dimension capitale n’apparaît jamais dans ce dialogue à distance alors qu’elle est essentielle : la philosophie qui inspire cette pensée. On peut certes aussi tenter de réfuter les délires les plus grossiers avec le simple bon sens. Mais devant la puissante machine médiatique, il me paraît essentiel de montrer aux gens la pensée qui a conduit au chaos qui s’installe, car c’est bien là le risque que nous courons.
| Pour dénoncer la supercherie du Genre et donner un nom au courant de pensée qui se cache derrière, vous avez inventé le néologisme « métagénisme ». Comment le définissez-vous ?
Il aurait été plus simple de prendre les mots usuels, Genre, gender ou encore wokisme. Deux raisons m’ont poussé à ne pas me contenter de ces mots. La plus profonde est qu’ils rendent mal compte des idées qui gouvernent ce courant au sein duquel des débats existent depuis des décennies. Qui plus est, ils entretiennent une certaine imprécision ; si en effet on parle du mot « genre », il signifie bien d’autres choses,…