Napoléon avait cru à tort pouvoir diriger à sa guise un pontife envahi, privé de ses États puis prisonnier. Il ne connaissait pas la personnalité de Pie VII, esprit brillant et pieux, formé par la règle bénédictine, soucieux des hommes et de la liberté de l’Église. En 2007, le pape Benoît XVI approuvait l’ouverture, par le diocèse de Savone, du procès en vue de la béatification de son lointain prédécesseur, Pie VII, désormais pourvu du titre de « serviteur de Dieu ». Mais quelles étaient les vertus du grand adversaire de Napoléon ? Une note en français retrouvée dans les archives du cardinal Herzan, composée à la veille du conclave de 1799-1800, brossait un portrait laudateur du prélat romagnol : « Il passe généralement pour un homme d’une grande prudence et remplit les devoirs épiscopaux avec édification. » (1) L’expérience pastorale de Chiaramonti, durant son épiscopat à Imola, fut particulièrement révélatrice des vertus d’un évêque conscient de ses devoirs et du salut des âmes. Ce constat ne pouvait que rassurer les cardinaux soucieux du bien de l’Église universelle après le chaos révolutionnaire : « Sa piété édifiante, charité, doctrine et prudence l’ont fait vénérer et aimer dans son diocèse, et font espérer que ce sera un chef de l’Église tel que les besoins pressants le demandent » (2), écrivait l’archevêque de Prague à l’empereur François II. Le cardinal Maury donnait un portrait plus nuancé, parlant de Chiaramonti comme d’un « homme doux, honnête, très fin, et d’une capacité commune » (3). Un fils de saint Benoît De par son éducation familiale, Barnaba Chiaramonti reçut l’exemple de grande piété de sa mère, qui s’était retirée, après la mort de son époux, au carmel de Fano, où elle mourut en odeur de sainteté. Le futur Pape conserva pour elle un tendre et pieux attachement (4). À l’âge de 14 ans, il entra au monastère bénédictin de Santa Maria del Monte à Cesena, où il prit le nom de Grégoire. En 1775, le pape Pie VI, son concitoyen, le nomma prieur de l’abbaye de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome (5). Sa longue expérience monastique lui inculqua sans nul doute l’exercice des vertus bénédictines, qui fit de lui un prélat pacifique, humble et intègre. Sa nomination au siège de Tivoli, en 1782, fut justifiée « comme une récompense due à un prélat sans ambition et environné d’une estime universelle » (6). Comme évêque, « sa prudence, sa charité et sa vigilance dans le gouvernement du troupeau qui lui était…
Bibliothèque politique et sociale : La Somme contre les gentils
La Bibliothèque politique et sociale | Après le De Regno de saint Thomas d’Aquin, la Bibliothèque politique et sociale de la Lettre Reconstruire propose de s'intéresser à la Somme contre les gentils, aux éditions du Cerfs ou Flammarion.