PMA : un appel aux médecins

Publié le 19 Juil 2017
PMA : un appel aux médecins L'Homme Nouveau

Le Docteur Raphaël Nogier est le Président de l’association Cosette et Gavroche. Il vient de lancer un appel aux médecins pour s’opposer à la PMA pour femmes seules. Il explique les raisons de cette démarche.
 

Vous lancez un appel aux médecins au sujet de la PMA pour femmes seules. Quel est l’enjeu ?

Cet appel  a un enjeu double.
Le premier concerne la Médecine en général. Nous, médecins, voulons rappeler les fondements de notre métier. Nous sommes là pour servir et soigner les malades. Nous ne sommes pas là pour servir une idéologie, ou un État. Les techniques de PMA qui consistent à inséminer des femmes seules ou des femmes en couple lesbien n’appartiennent pas à la médecine, puisqu’elles ne traitent pas des maladies. On pourrait appeler cela de la pseudomédecine. Les médecins doivent avoir le courage de dénoncer ce genre de pratique et rappeler quel est leur véritable rôle.
Le deuxième concerne la protection des enfants. Comment, en France, pays des Droits de l’Homme, peut-on imaginer une loi qui permettrait de « fabriquer des orphelins » ? Ouvrir la PMA pour femmes seules, c’est oublier délibérément qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour se construire. C’est admettre que le droit à l’enfant passe avant le droit des enfants.

Mais pourquoi s’adresser spécifiquement aux médecins ?

Les médecins sont ceux qui sont responsables des actes médicaux. Ce sont aux médecins à qui l’on demande de pratiquer l’avortement, l’ euthanasie, la PMA etc… Ce sont eux qui peuvent et qui doivent dire non. Les infirmières, le personnel para-médical exécute, le médecin ordonne.Tous les médecins doivent réfléchir sur leur métier. Veulent-ils devenir des techniciens de santé au service de l’État ou veulent-ils rester des hommes libres au service de leurs patients ? En matière de PMA, il serait souhaitable que l’Ordre des Médecins prenne une position courageuse.

Avez-vous déjà reçu le soutien de médecins ? Le monde médical est-il inquiet par les perspectives concernant la PMA ?

Oui les médecins sont inquiets sur la direction que prend la Médecine. Ils ne comprennent pas pourquoi on veut les utiliser dans un but économique ou idéologique. Je suis président d’une association qui compte environ 300 médecins. La majorité d’entre eux est contre la PMA pour toutes. Le manifeste que j’ai lancé il y a quelques semaines a été signé par 230 confrères. Il a été publié il y a deux mois dans le Quotidien du Médecin mais n’a suscité aucune réaction de la part de la presse. Je continue de récolter des signatures et me fixe l’objectif d’ en recueillir au moins mille pour être en mesure d’alerter les médias, le moment venu.

De son côté, le Comité consultatif national d’éthique s’est prononcé en faveur de la pratique de l’insémination artificielle médicalisée avec sperme de donneur anonyme. Quel est le poids de cet avis ?

Le Comité Consultatif est un organisme orienté. Ses membres, pour la plupart, ont été nommés par le pouvoir socialiste. Les avis qu’il rend me font penser aux procès staliniens. C’est purement du théâtre, tout est joué d’avance. Un simulacre d’éthique…Pourquoi n’a-t-on pas demandé l’avis de l’Académie Nationale de Médecine et du Conseil de l’Ordre des Médecins ?

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, argue du fait que les Français seraient prêts à l’extension de la PMA…

Agnès Buzyn ne peut pas dire le contraire puisque son rôle est de faire passer un texte légalisant la PMA pour toutes les femmes sans tenir compte de leur situations familiale. Le problème est qu’on n’a jamais discuté de manière approfondie sur cette question ni demandé réellement aux Français ce qu’ils en pensaient.

Comment signer votre appel et soutenir votre action ?

Les médecins qui veulent signer ce manifeste peuvent se rendre sur notre site. Au bas de la page « accueil », ils pourront trouver le texte et le formulaire à remplir pour signer. Ce manifeste est important pour tirer la sonnette d’alarme. Les Français se sont massivement manifestés contre le mariage pour tous. Ne croyons pas qu’ils vont de nouveau descendre dans la rue contre la PMA pour toutes. Ils sont fatigués. C’est à nous, médecins, de les réveiller et de leur dire qu’il serait parfaitement malhonnête de prendre en otage des enfants  pour assouvir des désirs illégitimes d’adultes.

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte
SociétéBioéthique

Fraternité et euthanasie : un débat sciemment faussé

Faisant droit aux revendications anciennes et répétées de certaines associations, le président Macron vient d’annoncer une loi sur l’euthanasie. Mais en usant d’un registre lexical détourné qui évoque l'« aide à mourir », l’autonomie de l’individu, les « conditions strictes » et la « fraternité »... Toutes expressions trahissent le sophisme, l’influence des officines francs-maçonnes, la solution miraculeuse aux déficits et surtout la crainte d’un vrai débat.

+

fraternité euthanasie