Poisseux

Publié le 25 Avr 2013
Poisseux L'Homme Nouveau

Cela se répand comme une brume, sur un marais, un soir de grisaille et de novembre, poisseuse, angoissante et nauséabonde sur le pays. Comme une nuit polaire qui n’en finit pas et pèse sur l’âme et oppresse le cœur. Ce ne sont pas seulement ces quelques cartouches de gaz lacrymogène, dont le ministre de l’Intérieur a dû découvrir un stock dans les surplus d’un dictateur parti à la retraite, tant, nonobstant les réductions budgétaires, il les utilise pour un oui, pour un mais, avec la générosité d’une nourrice normande. Non, ce qui écœure, ce sont les mensonges, cet épais brouillard qui s’insinue par tous les pores de la société, obscurcissant le ciel de l’intelligence jusqu’à la nausée.

Tout un chacun, quel que soit son camp, prend des libertés, que dis-je des libertés, chacun se livre pieds et poings liés au mensonge, en échange d’une couarde facilité pour dissimuler de petits ou de grands travers, par paresse car il est toujours plus facile de céder que de résister.

Chaque fois que la vérité semble trop pâlotte, trop terne ou alors au contraire, trop brillante, trop lumineuse, chacun d’une façon ou d’une autre prend la liberté de réécrire le réel pour essayer de plier celui-ci à ses caprices. Alors bien sûr, lorsque l’on est à la manœuvre, on a toujours d’excellentes raisons de rebroder, de dissimuler, de travestir la vérité. Et chacun alors, avec souvent beaucoup plus d’éloquence que lorsqu’il faut défendre ce réel, qui se dresse comme un rempart contre nos chemins de traverse et autres élucubrations fruits de la perversion de nos âmes, chacun fait preuve de beaucoup d’ingéniosité pour défendre l’indéfendable, et s’offusque de voir que ses amphigouris ne soient pas repris en chœur par tous et que même, certains, par esprit, forcément de contradiction (en langage médiatique : par fascisme et traîtrise réactionnaire), s’opposent à ce travestissement du réel en chimères aussi vaines que nuisibles.

Manif poupee

Et on le voit fort bien dans l’actualité de ces derniers mois, jamais l’orphéon des pleureuses, nostalgiques du grand soir et de la révolution prolétarienne, jamais les comités Théodule de salut public, le club des bobos à l’encéphale spongiforme, jamais l’on ne les avait vus dans un tel état dedelirium tremens, confondant allègrement des poussettes et autres landaus, avec des escadrons de chars d’assaut, essayant de faire passer des mères de famille avec, accrochées à leurs basques, des nuées de petites têtes blondes, pour de dangereuses harpies porte-drapeaux des ligues fascistes. Les médias participant à l’unisson à cette hallucination collective, de la presse d’extrêmement gauche assumée, à celle dite de droite et fort mal assumée, nous décrivent des chasses à l’homo, organisées sur tout le territoire. Si un partisan de la dénaturation du mariage se casse un ongle, l’info passe en boucle avec, désignés à une vindicte, de moins en moins populaire, ceux qui, n’ayant pas l’intention d’appeler un chat un chien et deux homos, un couple, seraient responsables de cette ambiance délétère et par là même de tous les maux de la terre.

Lors de leur première prise de pouvoir après la guerre, les approximatifs du congrès d’Épinay et de la rue de Solférino, donnèrent par la voix du député Laignel, dont l’ouverture d’esprit aurait pu servir de définition au concept architectural de meurtrière, le résumé de leur conception de la vérité et du bien commun : « Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaire ». Ce qui veut dire que la vérité n’est pas dépendante du réel mais de la volonté d’une majorité élue et non nécessairement représentante. Comme dans le cas présent, où Ali Baba et ses quarante bredins n’ont été élus que par un quart du collège électoral. Mais même si la totalité de la population décidait dans une unanimité quasi extatique et improbable, que les vaches sont des poissons, le réel, sans aucune considération pour cette expression ô combien démocratique, continuerait à leur refuser la capacité à vivre sous l’eau plus de quelques minutes, et nonobstant les simagrées d’un Mélenchon, d’un Pierre Bergé, ou d’une Vallaud-Belkacem, les pauvres bovins finiraient leur éphémère carrière aquatique comme noyés.

Et c’est toujours la même chose, dès que l’on refuse la vérité, le réel, un jour ou l’autre, que le mensonge soit d’État, comme toutes les dictatures qui sont mortes étouffées sous le poids de leurs crimes ou le mensonge individuel, un jour ou l’autre, et monsieur Cahuzac peut en témoigner, le tricheur, individuel ou collectif, paye toujours ses petites ou grande bassesses, d’un prix le plus souvent exorbitant.

Il faudrait beaucoup plus d’humilité face à la vérité et au réel. Il est en effet étrange de voir que les mêmes individus, qui se font les apôtres du respect de la nature lorsqu’il s’agit des végétaux et des animaux, se montrent aussi décidés à violer toutes les lois naturelles dès que cela concerne l’homme.

Et cette loi, qui consacre des unions qu’il faut bien appeler contre-nature, même si cela doit donner de l’eczéma aux abonnés du café de Flore et au club des néo-sartriens désespérés, qui noient leur ennui et leur égocentrisme obèse dans des cocktails Prozac-viagra, estampillés bio, cette loi n’est ni vraie au regard du réel, ni vraie quant aux principes même de notre démocratie.

Par rapport au réel, elle tente de légaliser et donc de justifier, c’est-à-dire de rendre juste, l’union en vue de la procréation et de l’éducation : le mariage, de deux entités, pour le moment appartenant toutes deux à l’espèce humaine, qui étant de même sexe, sont, et vous pouvez jouer avec les mots mais pas avec le réel, incapables de se reproduire. Vous pouvez tourner le problème dans tous les sens, taper du poing, trépigner, en appeler aux mânes de quelque mort que ce soit, tous les enfants, sans aucune exception possible sont le fruit d’une union hétérosexuelle. Et ce même si vous vous mêlez de faire se rencontrer le spermatozoïde et l’ovule dans un verre à pied ou quelque tube à essai. Il y a donc là un mensonge, et qui plus est, un mensonge d’État.

Quant à la vérité démocratique, dont nos élites se gargarisent, du matin au soir et qui leur permet au nom d’un idéal dit démocratique, de nier le droit à une bonne partie du pays de s’exprimer, ils n’en ont gardé que la définition la plus riante, c’est dire celle qui avait cours aux plus belles heures du soviétisme triomphant, et qui permettait à tout un chacun de voir sur la mappemonde où se situaient les pays soumis à une dictature : il suffisait que le mot « démocratique » soit associé au nom du pays. Il va donc falloir que le camarade Hollandovitch, chef suprême des bolchéviques français (bolchevique signifie minoritaire, et avec plus de 75% du pays qui le voue aux gémonies, le terme est fort opportun), après avoir supprimé le mot « race » de la Constitution, fasse ajouter le terme « démocratique » à la dénomination du pays.

Mes chers camarades, et non plus compatriotes, bienvenue en République démocratique de France. 

Karol Magne

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